Tesla a enfin le feu vert pour son usine allemande

Les autorités de la région du Brandebourg ont "délivré l'autorisation pour l'usine Tesla de Grünheide", au sud de la capitale, a déclaré le ministère de l'Environnement du Land dans un communiqué. Tesla va enfin pouvoir commencer la production avec un peu plus de 6 mois de retard.

Première "gigafactory" de Tesla sur le continent européen, l'usine, dont le chantier est terminé depuis octobre 2022, s'étend sur 300 hectares, pour une production, à terme de 500 000 véhicules électriques par an.

Annoncée en grande pompe en novembre 2019, son installation, à Grünheide, une bourgade à quelques kilomètres de Berlin, a été accueillie avec enthousiasme dans le pays, fier de l'honneur rendu à l'industrie "Made in Germany". Le géant américain a, à ce titre, bénéficié d'une procédure exceptionnelle d'autorisation préalable, qui lui a permis de débuter les travaux avant même de recevoir un agrément définitif.

Mais ce privilège a suscité la colère de riverains, inquiets de l'impact écologique du projet. Manifestations, recours en justice, lettres ouvertes : des habitants, soutenus par les associations de défense de l'environnement, ont tout fait pour retarder le projet.

De nombreuses procédures contre l'usine

En 2020, la justice a contraint plusieurs fois Tesla à suspendre son chantier, notamment après une plainte d'associations craignant la destruction de l'habitat naturel d'espèces protégées de lézards et de serpents. La consommation d'eau de la future usine est aussi en cause : l'usine est située dans des localités déjà en tension, touchées ces trois dernières années par des sécheresses estivales.

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La justice allemande doit d'ailleurs se pencher vendredi sur une plainte déposée contre l'autorisation, par l'administration locale, d'une augmentation des prélèvements d'eau, afin de répondre aux futurs besoins de l'usine. Ces inquiétudes ont considérablement retardé la délivrance du permis de construire définitif par les autorités, qui ont dû étudier scrupuleusement l'ensemble du dossier.

D'autant que Tesla a modifié plusieurs fois sa demande d'agrément, avec notamment l'ajout au complexe d'une usine géante de batteries. Les critiques ont été balayées par le PDG de Tesla, Elon Musk, qui est venu régulièrement superviser le chantier et a organisé, en octobre, une présentation de l'usine aux allures de fête foraine pour les riverains.

Jusqu'à 12 000 emplois à terme

Après tant de péripéties, cette autorisation va soulager Tesla. Sans elle, le constructeur doit démonter à ses frais l'installation. Dans son usine allemande, Tesla a déjà commencé "la fabrication d'un nombre limité et défini" d'automobiles pour tester ses installations, afin d'être prêt dès le feu vert des autorités, selon un porte-parole du groupe à l'AFP.

Si la concurrence s'exacerbe sur le créneau disputé de la voiture électrique, Tesla continue de dominer ce marché et son système de production incluant la maîtrise du logiciel et du système de batterie fait référence. De quoi donner des sueurs froides aux constructeurs allemands qui tentent de rattraper leur retard sur le pionnier américain.

Le défi de Tesla sera aussi de trouver des employés, dans un pays où le manque de main d'œuvre est de plus en plus criant et accentué par la reprise économique après la pandémie. Le groupe américain devra aussi s'adapter au contexte local : il a déjà dû accepter - à contrecœur - l'instauration d'un comité d'entreprise, acteur central du modèle syndical allemand de "cogestion", qui donne de nombreux pouvoirs de décision aux salariés.

Les élections des représentants, qui se sont tenues fin février, ont toutefois permis à la liste "Gigavoice", proche de la direction, de l'emporter. L'usine emploie actuellement entre 2 500 et 3 000 salariés, selon des sources syndicales. Il s'agit essentiellement de cadres, à ce stade. Elle devrait compter à terme 12 000 personnes, selon la presse allemande, un chiffre non confirmé par Tesla. (avec AFP)