Renault, Nissan et Mitsubishi scellent une nouvelle Alliance
Après vingt-cinq ans d'existence, l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi va-t-elle enfin devenir réelle ? En tout cas, c'est la promesse faite ce lundi 6 février 2023, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Londres avec les dirigeants des trois constructeurs. "C'est un jour important. Après vingt ans d'existence et un important travail de compréhension de chacun, le temps est venu de repartir sur de nouvelle bases et un relation équilibrée pour une Alliance unique", a déclaré Jean-Dominique Senard, président de Renault.
Les sourires affichés par Luca de Meo, directeur général du groupe Renault, de Makoto Uchida, patron de Nissan, laissent peu de doute sur le soulagement d'être arrivés à un accord solide, équilibré qui doit laisser la place à une nouvelle phase de collaboration.
Équilibre de participation
Ce nouveau départ de l'Alliance doit avant tout débuter par une nouvelle relation capitalistique, plus équilibrée. Renault, qui détenait 43,4 % du capital de Nissan va réduire sa part à 15 %. Les 28,4 % restant seront être placés dans un trust (une fiducie), où les droit de vote de Renault seront neutralisés.
Le groupe français ne va toutefois pas vendre immédiatement le reste de ses actions, car leur valeur de marché est très inférieure à celle actuellement inscrite dans ses comptes. Renault continuera d'en toucher les dividendes. Quand le contexte sera "commercialement raisonnable", selon Luca de Meo, ces actions pourront être revendues au profit de Renault, et Nissan pourra faire la première offre. Le constructeur japonais a également obtenu du groupe Renault que ce dernier ne cède pas un nombre important de ses parts à un seul investisseur qui pourrait faire de l'ombre à l'Alliance. " Il ne s'agit pas en réalité d'une baisse de notre participation. En réalité, Renault et Nissan montent chacun à 15 % et c'est de cette manière que l'Alliance existera", a-t-il précisé. Pendant quinze ans, aucun de deux partenaires ne pourra bouger leur participation.
Cette nouvelle répartition a obtenu le soutien de l’État français, qui détient toujours 15 % du groupe Renault. "Nous ne serions pas devant vous si nous étions pas certains de l'accord et de la position de l’État français : c'est clair. De la même manière, les anciens esprits de l'Alliance disparaissent", rassure Jean-Dominique Senard, balayant ainsi les craintes japonaises et la méfiance engendrée sous l'ère Carlos Ghosn.
Au-delà de la participation désormais équilibrée, la nouvelle Alliance sera chapeautée par un conseil opérationnel (AOB), signant également la fin de vie de RNBV (Renault-Nissan BV) entachée de soupçons d'abus de biens sociaux de Carlos Ghosn. AOB remplace RNBV et en tant qu'organe de coordination des trois constructeurs : Renault, Nissan et Mitsubishi. Renault et Nissan pourront nommer chacun deux représentants au conseil d'administration.
15 % de participation dans Ampère
Ce nouvel équilibre étant atteint, Nissan peut ainsi lever le suspens de sa participation dans Ampère, le pilier "électrique" de la refonte du groupe Renault. Le constructeur japonais va ainsi prendre 15 % du capital d'Ampère. Lors de la conférence de presse, Takao Kato, président de Mitsubishi a également annoncé que le constructeur avait l'intention d'en prendre parts, mais sans toutefois en préciser à quelle hauteur.
Quant à la filiale Horse, filiale dédiée aux véhicule thermiques, Nissan et Mitsubishi en seront clients. Cette filiale réalisée à 50-50 entre Renault et le groupe chinois Geely rendait réticent Nissan à l'idée d'être partenaire du groupe chinois. Une crainte balayée par Luca de Meo : "Chacun doit faire attention à son propre groupe. Mais l'Alliance entre aujourd'hui dans une logique du pur business. Ce qui est bon pour chacun, est bon pour l'Alliance, mais sans compromis."
Nouveaux projets
Une nouvelle philosophie qui tourne la page aux milliards d'euros de synergies que devait générer l'Alliance. Les dirigeants, devenus prudents sur les annonces, évoquent plutôt des centaines de millions de bénéfices par an pour chaque entreprise, peut-être un milliard d'euros, se risque quand même Luca de Meo0.
Plusieurs nouvelles initiatives industrielles, notamment sur les marchés indien et sud-américains, ont fait l'objet d'annonces. Nissan, qui a une usine en Inde, va y commercialiser "des nouveaux SUV", dont un dérivé de la petite Dacia Spring. En Argentine, Nissan va lancer un pick-up conçu par Renault. Au Mexique, où Nissan se trouve parmi les leaders du marché, le constructeur japonais va relancer Renault en y produisant un de ses modèles. Nissan et Renault envisagent également de lancer sur ces marchés, où leur marge de progression reste énorme, deux petits véhicules électriques communs.
En Europe, Renault partagera avec Nissan son prochain projet d'utilitaire électrique, le FlexEVan. Et au-delà de 2026, Nissan et Renault étudieront des "possibilités de collaboration" sur le segment roi du marché : les voitures de taille moyenne. Nissan ayant confirmé également l'assemblage de sa futur Micra dans le pole Electricity de Renault à Douai (59), dès 2026. En Europe toujours, Renault et Mitsubishi souhaitent développer les véhicules ASX et Colt, deux voitures issues des designs respectivement du Captur et de la Clio.
Par ailleurs, les trois nouveaux alliés ont annoncé la volonté de créer un réseau d'infrastructure de recharge en Europe à partir de leurs réseaux de distribution respectifs. Renault et Nissan, qui ont chacun confirmé le maintien d'un contrat de distribution, ont également déclaré vouloir travailler sur des opportunités communes au sein de leurs réseaux afin d'en accroître la rentabilité et baisser leurs coûts.
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