Qui est Jean-Philippe Imparato, le nouveau patron Europe de Stellantis
Si la méthode Tavares devait être incarnée par un homme, c’est bien Jean-Philippe Imparato. L’imposant patron d’Alfa Romeo, et très remarqué patron de Peugeot entre 2016 et 2021, prend du galon. Il s’empare des opérations du marché européen, succédant à Uwe Hochgeschurtz. Cette nomination en pleine crise chez Stellantis montre que Carlos Tavares est toujours aux manettes…
Du pur produit PSA...
Jean-Philippe Imparato, 58 ans cette année, a fait toute sa carrière chez PSA, devenu Stellantis en 2020 après sa fusion avec Fiat Chrysler. Il a goûté à tous les métiers : de la qualité en usine, à la distribution en dirigeant PSA Retail, puis en reprenant les filiales de marques à l’étranger. Car il a également fait tous les pays: Amérique Latine, Chine, Italie, Allemagne. Il a enfin traversé toutes les époques, des plus glorieuses aux plus tragiques.
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Il reste encore marqué par la crise de 2013 lorsque PSA frôle la faillite et se voit en partie nationalisé, et un autre morceau vendu au chinois Dongfeng. “Plus nous vendions de voitures, plus nous perdions de l’argent”, résume-t-il souvent pour illustrer les bienfaits de la méthode Carlos Tavares.
...au pur produit Tavares
Le grand patron n’a pas besoin de le répéter deux fois, Jean-Philippe Imparato est dans l’efficience opérationnelle. Il nettoie les comptes de la filiale de distribution, qu’il sauve de la revente voulue par Carlos Tavares. Puis, il prend les rênes de Peugeot succédant à Maxime Picat. Il trouve une marque en plein repositionnement et qui vient tout juste de sortir le modèle qui va remplir les caisses du groupe : le 3008. Ce SUV sera vendu à plus de 1,2 million d’exemplaires, souvent avec des mix très haut.
Jean-Philippe Imparato va poursuivre la stratégie de montée en gamme de la marque et appliquer une discipline de fer au réseau sur la gestion des stocks et les abus promotionnels. Lorsqu'en 2017, un opérateur télécom allemand propose de vendre des abonnements téléphoniques accompagné d'une Peugeot 208 en bonus, le patron de la filiale locale est mis à la porte sur le champ.
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Mais l’international n’est pas une réussite. Il échoue à percer en Chine et Peugeot est devenu trop cher pour les pays émergents où il disposait pourtant de parts de marché pas trop mauvaises. Mais en Europe, la marque au lion assoit sa nouvelle image de marque généraliste premium avec le renouvellement réussi des 2008 et 208 et devient une véritable machine à cash. Ce succès remarquable fera oublier quelques loupés comme la 508.
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Ce succès et cette efficacité opérationnelle envoie Jean-Philippe Imparato à la tête d’Alfa Romeo au lendemain de la création de Stellantis. Carlos Tavares fonde d’importants espoirs sur la marque italienne sportive et premium dont l’image est très forte partout dans le monde. Il espère un redressement de la marque aussi fort que celui de Peugeot avec à la clé, un nouveau gisement de rentabilité.
Atavisme italien
Ce descendant d’italien s'installe à Milan et perfectionne l’idiome local déjà appris lorsqu’il a dirigé Citroën Italie, et prend immédiatement les habits de la marque. Il rationalise le réseau, les canaux de distribution mettant fin aux mauvaises pratiques, et dresse un plan stratégique de la marque en promettant sa bascule dans le tout électrique et en misant sur l'expérience client.
L’arrivée du Tonale, puis du Milano rebaptisé en catastrophe Junior sur pression du gouvernement italien, permet à la marque de renouveler une gamme qui avait été trop délaissée ces quinze dernières années. Mais si les ventes frémissent de nouveau à la hausse avec 68 000 ventes en 2023, elles sont encore très loin des records enregistrés dans les années 2000 avec 300 000 immatriculations. “Nous ne sommes pas dans une logique de volumes”, martèle Jean-Philippe Imparato qui se veut dans une méthodologie de long terme.
Les défis du marché européen
En prenant les rênes de l’Europe, le patron charismatique aura fort à faire dans un contexte trouble avec les normes CAFE. Stellantis qui revendique être le mieux positionné face à l’abaissement du seuil de cette réglementation pourrait ne pas échapper aux amendes, si l’on en croit une récente étude AlixPartners.
Jean-Philippe Imparato est donc appelé en renfort pour piloter les ventes, ventiler les gammes entre voitures électriques et thermiques. A cela, il faut ajouter la gestion de la crise des airbags Takata, l’image abîmée des Puretechs, le passage houleux au contrat d'agent... Un travail de Titan qu’il devra conduire tout en gardant le portefeuille stratégique du VU, une branche aux énormes enjeux de rentabilité.
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