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Constructeurs

Pour Renault, le vrai poids de l'électrique en France est de 14 %

Publié le 3 juillet 2024

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Les ventes de véhicules électriques se tassent. Pour l'instant, la tendance est masquée par les livraisons du leasing électrique. Mais selon les estimations de Renault, le poids réel du segment 100 % électrique en France ne serait que de 14 %. Pas de quoi paniquer pour le respect des normes CAFE. Mais les clients s'interrogent sur l'intérêt économique de passer à l'électrique.
renault voiture électrique
Selon les estimations de Renault, le poids réel du segment 100 % électrique en France ne serait que de 14 %. (© Olivier Martin Gambier - Renault)

Sur le papier et dans les immatriculations du premier semestre 2024, le segment du véhicule électrique continue de progresser. À fin juin 2024, cette motorisation pèse 17,3 % du marché pour un volume de 158 398 modèles, en hausse de 14,8 %.

 

Sur le mois de juin isolé, la part de marché n'est déjà plus que de 16,4 %. Un ralentissement que confirme Ivan Segal, qui vient d'être promu au poste de directeur des ventes et des opérations monde de la marque. L'ancien patron du commerce en France, qui vient d'être remplacé par Guillaume Sicard, observe sur le terrain cette baisse de la demande en véhicule électrique.

 

"Ce n'est pas qu'une situation nationale. Beaucoup de pays ont baissé les bonus et les clients qui veulent basculer vers l'électrique se posent clairement des questions", reconnaît-il.

 

Boosté par les 50 000 dossiers du leasing social dont les livraisons vont se dérouler jusqu'au 15 septembre 2024, le poids réel du 100 % électrique serait en réalité plus proche de 14 % que de 17,3 %.

 

Des clients rationnels

 

"Beaucoup de clients retardent l'achat d'une voiture électrique car ils estiment que l'équation économique n'est pas là", poursuit Ivan Segal. Renault, qui offre une gamme complète avec une motorisation full hybrid ne pâtit pas au global de ce phénomène.

 

La marque voit ainsi progresser de 12,5 % ses immatriculations sur ce mix énergétique qui pèse 44,1 % de son volume global sur les six premiers mois de l'année.

 

Mais entre les clients particuliers qui ont vu leur bonus électrique baisser de 1 000 euros et les flottes qui l'ont totalement perdu, la tentation de préserver un thermique (hybridé ou non) est grande.

 

A lire aussi : Privées de bonus, les entreprises boudent l'électrique

 

Une situation sur le terrain des ventes qui vient sérieusement compliquer le respect des normes CAFE pour les constructeurs automobiles. En 2025, les normes d'émission de CO2 pour chaque constructeur en Europe ne devraient pas dépasser les 81 g/km. Contre 95 g/km encore aujourd'hui.

 

Une contrainte très stricte qui oblige une accélération des ventes de voitures électriques pour répondre à ces nouvelles exigences. Début 2024, Luca de Meo, directeur général du groupe Renault, avait matérialisé les conséquences de cet abaissement de seuil. "Dès 2025, il faudra être à 25 % de ventes d'électriques pour remplir ces objectifs d'émissions."

 

A lire aussi : Les normes CAFE restent une contrainte importante selon Luca de Meo

 

"Il ne faut pas paniquer", précise Ivan Segal "car le marché électrique reste un marché naissant et va connaître encore de nombreux bas et hauts. De plus, Renault dispose des modèles nécessaires pour atteindre ces seuils."

 

Le Scenic a débuté sa commercialisation en France, avec un niveau de commandes "plutôt bonnes", selon la marque. Tandis que la R5 arrivera, dès cet automne, avec la plus grosse autonomie de batterie sur une chimie NMC (nickel, manganèse, cobalt).

 

Mais dès 2025, la version avec une plus faible autonomie, sur une technologie LFP (lithium, fer, phosphate), sera proposée. Avec un prix plus abordable de 25 000 euros environ.

 

Un environnement politique défavorable

 

De quoi satisfaire une demande électrique plus faible que prévue ? La marque l'espère. Mais l'environnement politique et le changement de gouvernement que va impliquer la dissolution de l'Assemblée nationale laissent en suspens de nombreuses questions.

 

Que deviendra la loi de verdissement des flottes de Damien Adam avec le nouveau gouvernement ? Le leasing électrique sera-t-il reconduit et même multiplié par deux comme annoncé ?Que va prévoir le projet de loi de finances qui sera discuté à l'automne en terme de malus ? Comment évoluera le bonus automobile ?

 

Le contrat de filière signé en mai 2024 et qui engage État et filière automobile prévoit un accompagnement jusqu'en 2027 de l'aide à l'achat de voitures électriques. Avec un objectif de multiplier par quatre les ventes de véhicules 100 % électriques à cette date. Ce qui correspond à 65 % du marché en électrique… La marche est bien haute.

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