Ivan Segal, Renault : "Notre stratégie d'électrification s'avère payante, y compris pour le réseau"
Une part de marché de 21,3 % sur le mois de juin 2022 pour la marque Renault, une baisse de "seulement" 0,8 % des volumes d'immatriculations alors que le marché s'enfonce de 14,2 %. La performance de la marque au losange peut sans problème être pointée du doigt.
Avec 36 443 immatriculations en juin 2022, Renault s'affiche tout en haut du classement avec un belle longueur d'avance sur son concurrent historique, Peugeot. Plus de 8 000 immatriculations séparent les deux marques sur le mois, alors que l'ensemble du marché reste pénalisé par la crise des semi-conducteurs et les problèmes de production.
"Nous commençons à récolter les fruits de notre stratégie de soutien sur le marché des particuliers", explique Ivan Segal, directeur du commerce France de Renault. "Nous obtenons une part de marché proche de 22 % sur ce canal et de plus de 40 % si l'on ajoute la marque Dacia : c'est énorme !"
D'autant que la marque avance ne pas avoir non plus "jouer" sur les canaux tactiques. "Cette progression est en ligne avec notre stratégie d'optimisation de nos canaux de vente et nous allons continuer à livrer nos clients. Autant vous dire que les préparateurs et les chargés de livraisons ne vont pas partir en vacances" plaisante à peine le directeur du commerce France de Renault
Un point de stockage et des versions spéciales
Mais comment Renault arrive-t-il à livrer des véhicules alors que la pénurie de semi-conducteurs continue d'affecter l'ensemble du marché ? La direction du commerce France a livré une partie de sa stratégie en la matière. Tout d'abord contrairement à d'autres marques, le réseau a continué à prendre des commandes de stock, quand d'autres n'acceptaient que des commandes liées à un bon de commande d'un client. Ensuite, la marque a décidé de centraliser le stock de véhicules produits sur un seul point pour livrer ensuite aux concessionnaires de la France, sans être tributaire de la concurrence entre distributeur pour obtenir des voitures.
Enfin, Renault a mis sur pied, avec l'Arkana la stratégie de ciblage de la production sur une version unique, Fast Track, qui correspond à la version RS Line avec une motorisation hybride et 5 équipements (écran 10,2", toit noir, roue de secours, régulateur de vitesse adaptatif, Easy park assist, chargeur de téléphone par induction). Le tout avec une garantie de livraison sous 30 jours. Le résultat ne s'est pas fait attendre : 50 % des commandes d'Arkana (modèle qui enregistre 3 790 livraisons en juin 2022) se portent sur cette version. "Le choix du client peut juste porter sur la couleur. Nous pouvons étendre ce principe sur d'autres modèles", avance Ivan Segal.
Leader sur l'électrique
Avec trois modèles dédiés 100 % à l'électrique (Zoé, Twingo et Megane e-Tech électrique), la marque voit sa stratégie motorisation être confirmée. "Renault dispose de 20 % de part de marché avec son offre de modèles BEV. Cette motorisation progresse de 28,7 % au bilan du semestre. Et notre poids va continuer à monter au fur et à mesure que les ventes de Megane vont progresser", poursuit le directeur du commerce France de Renault. Sur ce modèle, la marque reconnaît que les prises de commandes sont d'ailleurs supérieures aux objectifs.
La stratégie de créer un écosystème électrique au sein de la concession s'avère également payante. De fait, depuis sa mise en place, le réseau vend en moyenne près de 150 bornes par semaine. Les cartes de recharge, Mobilize Charge Pass, proposées à chaque client d'un véhicule électrique, sont également activées à 54 %.
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L'Austral qui arrivera également en version électrique viendra compléter cette offre. "Nous sommes très confiants sur le fait que nous avons la bonne technologie sur le bon segment. Et nous allons continuer à travailler sur cet écosystème pour être certain que Renault et le réseau gardent les véhicules tout au long de leur vie jusqu'au recyclage de la batterie. Pour travailler cette évolution, Cédric Journel nous rejoint à la DCF et va travailler sur une direction du business électrique et des activités véhicules d'occasion qui y sont associées", avance Ivan Segal.
La rentabilité du réseau sur la bonne voie
Au dernier bilan, à fin mars 2022, la direction du commerce France assure que la rentabilité du réseau est en très nette amélioration par rapport aux dix dernières années, avec un niveau de 0,6 à 0,7 %. Plusieurs raisons à cette amélioration. Tout d'abord le réseau a très bien actionné le levier du véhicule d'occasion. Ensuite, l'inflation actuelle contribue également à cette rentabilité. "Tant que le réseau arrive à s'approvisionner et que les prix restent élevés, le réseau est parti pour gagner beaucoup d'argent", reconnaît-il.
De même, la marque a décidé de traiter au même niveau de priorité les ventes aux flottes de proximité, majoritairement réalisées par le réseau.
Actuellement, la marque propose des délais courts pour les ventes aux particuliers et flottes de proximité. Mais pour les autres canaux, l'attente peut se prolonger jusqu'à la fin de l'année, voire janvier 2023. "Nous n'avons pas de problèmes pour les nouveaux lancements mais les choses sont plus compliquées sur Clio par exemple. La situation s'améliore mais le sujet n'est pas encore derrière nous", affirme Ivan Segal.
Le sujet de l'inflation et de la hausse des prix liée aux nouvelles technologies inquiètent cependant les marques automobiles qui craignent que le marché ne parvienne pas à se tenir au niveau passé, à savoir 2 millions de véhicules neufs.
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