Garde à vue prolongée de 10 jours pour Carlos Ghosn
En garde à vue depuis le 19 novembre 2018, Carlos Ghosn va encore connaître les affres du système carcéral nippon jusqu'au 10 décembre. En effet, le tribunal de Tokyo vient de prolonger sa carde à vue de dix jours. Face à certaines critiques à l'étranger, en particulier en France, sur la longueur et les conditions de détention, le parquet s'est défendu.
"Chaque pays a sa propre histoire, sa propre tradition, ses propres systèmes judiciaires. Je ne critique pas les règles des autres pays juste parce qu'elles sont différentes, et je trouve cela malvenu de le faire", a déclaré Shin Kukimoto, procureur adjoint de Tokyo, à l'occasion d'une conférence de presse jeudi. "Nous ne gardons pas les suspects en garde en vue prolongée si ce n'est pas nécessaire", a-t-il martelé.
A ce stade, Carlos Ghosn est soupçonné d'avoir minimisé ses revenus chez Nissan d'un milliard de yens par an (7,7 millions d'euros) sur la période d'avril 2010 à mars 2015, dans des documents publics remis par la société aux autorités financières nipponnes. Or, selon une source proche du dossier interrogée par l'Agence France-Presse, l'enquête montre que cette situation a commencé dès 2009 et perdurait encore l'an dernier.
Les investigations pourraient donc théoriquement être étendues à d'autres années, ou bien à d'autres motifs, Nissan reprochant à son ancien patron d'avoir commis des abus de biens sociaux tels que l'usage de résidences de luxe aux frais de la compagnie. Dans ce cas, Carlos Ghosn, qui nie toute malversation, pourrait être de nouveau interpellé et le processus se répéter.
L'Alliance dirigée à trois
Sur le terrain automobile, les conseils d'administration de Nissan et de Mitsubishi Motors n'ont pas attendu les conclusions de l'enquête pour démettre Carlos Ghosn de la présidence, tandis qu'il reste PDG de Renault et de la co-entreprise Renault-Nissan BV sur le papier. Jeudi 29 novembre, les patrons exécutifs des constructeurs se sont entretenus tous trois par visio-conférence pour la première fois depuis l'arrestation. Sans trancher la question de la gouvernance. Le ton se voulait rassurant, les propos sans surprise : ils ont rappelé "leur profond attachement" à cette structure qui domine le marché automobile mondial, avec 10,6 millions de véhicules vendus en 2017.
Interrogé dans la soirée par les médias japonais devant sa résidence tokyoïte, le responsable de Nissan, Hiroto Saikawa, s'est félicité d'un entretien "extrêmement important" avec ses partenaires : le numéro deux de Renault, Thierry Bolloré, et le PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko. En attendant des décisions formelles, "nous avons confirmé que nous dirigerions l'Alliance à trois", a-t-il dit aux journalistes.
Depuis l'arrestation de son ancien mentor, Hiroto Saikawa a dénoncé avec force la concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul homme. Son homologue de Mitsubishi a tenu le même discours : "Jusqu'à présent, une seule personne était aux commandes. Maintenant, nous sommes trois à travailler ensemble. C'est une grosse différence." (avec AFP)
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