Droits de douane : Donald Trump donne de l’air aux constructeurs mais les plonge dans l'incertitude

"Nous voulons simplement les aider pendant cette période de transition. Du court terme", tient à rassurer Donald Trump lors d’un meeting dans le Michigan, à Warren, proche de Detroit. Le président américain se la joue pompier-pyromane en assouplissant les droits de douane pour les constructeurs automobiles fabriquant sur le sol étasunien avec des pièces importées. Ces derniers ne seront pas soumis au cumul des taxes en vigueur depuis avril 2025. Une annonce faite à l’occasion des 100 premiers jours de son mandat. "S'ils ne pouvaient pas avoir de pièces détachées, nous ne voulions pas les pénaliser", a-t-il ajouté sans autre précision.
Le décret présidentiel, signé mardi 29 avril 2025, exempte les constructeurs automobiles de payer d'autres taxes douanières, comme celles sur l'acier ou l'aluminium, pour éviter un cumul. Ils paieront le montant "le plus élevé", a précisé un responsable du ministère du Commerce, affirmant que ces nouvelles dispositions seraient rétroactives au 3 avril 2025. À la fermeture de la Bourse de New York, l'action Ford progressait de 1,30 % et celle de General Motors reculait de 0,64 %.
Pour rappel, depuis le 3 avril 2025, tous les véhicules importés sur le territoire américain sont taxés à hauteur de 25 %. Les constructeurs américains sont particulièrement touchés par les mesures du président, car ils ont implanté des usines au Mexique et au Canada. Ces deux pays ont un accord de libre-échange avec les États-Unis, mais cela n'a pas empêché Donald Trump de les inclure dans sa guerre commerciale mondiale. Leur processus de production implique souvent des allers-retours entre les trois pays. Les pièces détachées sont supposées être touchées au plus tard le 3 mai.
Un "répit" de deux ans
En parallèle, la Maison Blanche a publié sur son site internet une proclamation créant un dispositif de réduction de la facture douanière des constructeurs pendant deux ans. Pour tous les véhicules fabriqués et vendus aux États-Unis avec des pièces détachées importées, les constructeurs américains et étrangers pourront ainsi déduire 15 % du prix de vente recommandé la première année – et 10 % la seconde – des frais de douane de 25 % sur les importations suivantes.
Cela correspondra, détaille la proclamation, à une déduction de 3,75 % du prix recommandé la première année (3 avril 2025 au 30 avril 2026) et de 2,50 % la seconde (1er mai 2026 au 30 avril 2027). Il s'agit "d'une déduction et non d'un remboursement", a précisé le responsable, affirmant que cette période de deux ans avait été jugée suffisante par les industriels pour installer une chaîne d'approvisionnement aux États-Unis. À ce stade, aucune précision concernant les importations de Chine, qui peuvent être taxées jusqu'à 245 % (véhicules électriques par exemple), n'a été fournie.
Les trois constructeurs américains soulagés
"Ford salue et apprécie ces décisions du président Trump, qui vont aider à alléger l'impact des droits de douane sur les constructeurs automobiles, les fournisseurs et les consommateurs", a commenté Jim Farley, patron du constructeur américain, avant l'annonce présidentielle dont la teneur avait transpiré dans les médias depuis lundi soir. Le constructeur "considère les politiques encourageant les exportations et assurant une chaîne d'approvisionnement à coûts abordables pour pouvoir promouvoir davantage de croissance nationale comme essentielles", a-t-il ajouté. De son côté, la patronne de General Motors, Mary Barra, a salué "le soutien du président Trump envers l'industrie automobile et les millions d'Américains qui dépendent de nous".
Stellantis, de son côté, "apprécie les mesures d'allégement tarifaire décidées par le président Trump. Alors que nous évaluons davantage l'impact des politiques tarifaires sur nos activités nord-américaines, nous nous réjouissons à l'idée de poursuivre notre collaboration avec l'administration américaine afin de renforcer la compétitivité de l'industrie automobile américaine et de stimuler les exportations” salue de son côté John Elkhan, président du groupe Franco-italo-américain.
Après l'annonce présidentielle, l'Association des constructeurs américains (AAPC) – qui représente les trois constructeurs historiques Ford, GM et Stellantis (Chrysler, Jeep, Dodge, etc.) – a salué ces décisions. "Appliquer de multiples droits de douane sur le même produit ou la même pièce détachée représentait une inquiétude importante pour les constructeurs américains et nous sommes ravis que cela ait été traité", a commenté Matt Blut, son président, saluant également le dispositif de déduction. Il a précisé que le décret présidentiel allait être "étudié étroitement" pour évaluer son "efficacité" à alléger la facture douanière.
Les constructeurs dans le brouillard
L’assouplissement des droits de douanes enlève un poids au fardeau des constructeurs qui reste malgré tout pesant. En ce sens, Stellantis a décidé de suspendre ses prévisions pour l’année 2025, mettant en avant "l’évolution des tarifs douaniers" et la difficulté à "en prévoir l’impact potentiel sur le marché et le paysage concurrentiel". Le groupe a déjà suspendu la production de certains de ses sites dans l’objectif de s’adapter aux coûts des pièces liés aux droits de douane. Le constructeur assure toutefois qu’il mettra à jour ses objectifs "dès que possible".
Il en est de même pour Mercedes-Benz qui annonce en parallèle le retrait de ses prévisions pour l’année 2025. Le groupe allemand voit ses ventes menacées depuis l’entrée en vigueur des droits de douane. L'incertitude liée aux politiques commerciales et à leurs effets sur la demande "rend toute prévision fiable impossible pour le reste de l'année", a prévenu Mercedes-Benz. Le groupe General Motors a également fait savoir qu’il avait prévu de revoir ses prévisions. (Avec AFP)
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