Les distributeurs au cœur des nouveaux dispositifs antivol

Pas de répit dans les vols de voitures. Selon le dernier bilan communiqué par les assureurs, 70 649 sinistres ont été enre­gistrés en 2023. Ce qui représente une hausse de 11,1 % par rapport à 2022 et un retour aux années d’avant Covid.

Pourtant, les véhicules équipés d’un système antivol n’ont jamais été aussi nombreux. Et pour cause, les acteurs historiques de la prévention contre le vol de voitures se sont positionnés en amont de la mise en circulation des véhicules neufs en se rapprochant de la distribution automobile. Les conces­sionnaires occupent une place centrale dans l’installation de ces systèmes an­tivol.

"Presque 100 % des adhérents de Roole ont pris connaissance du club par le biais des solutions antivol vendues chez leur concessionnaire. La stratégie de Roole est une stratégie de partenariats. Vous pouvez souscrire par Internet mais la quasi‑totalité de nos adhésions est la conséquence d’un premier contact chez les distributeurs automobiles qui ont vendu nos produits", observe Jonathan Tuchbant, directeur général de Roole.

Pour Roole, dont la protection an­tivol est l’activité historique, travailler avec les groupes de distribution s’est avéré essentiel. "Nous avons déployé nos solutions via les réseaux de distri­bution automobile, car il était impé­ratif d’être là où se vendent les véhi­cules. Nous n’avons pas mis longtemps avant de nous en rendre compte", complète son directeur général.

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Cette collaboration est motivée par le fait que les solutions antivol attirent principalement les automobilistes au moment de l’achat du véhicule. Lors­qu’ils ont déjà l’usage de leur voiture, ils s’en désintéressent.

Pour Olivier David, directeur com­mercial chez Coyote, "c’est la logique du one‑stop‑shop et elle est bien efficace et vertueuse pour tout le monde".

Ces systèmes antivol sont extrême­ment plébiscités et sont présents sur une grande majorité des bons de commande des groupes Vauban et Carwest, par exemple, qui travaillent avec les solutions proposées par Roole. "Le taux de pénétration de ces services périphériques est de 70 % aussi bien sur les VN que sur les VO, ce qui est consé­quent", reconnaît Xavier Trujas, pré­sident du groupe Carwest, distributeur des marques Peugeot, Citroën, DS Au­tomobiles, Opel, Fiat, Suzuki, en région parisienne et partenaire de Roole de­puis treize ans.

Le constat est identique pour Olivier Hossard, dirigeant du groupe Vauban, distributeur de neuf marques dans le nord et l’ouest de la région parisienne, "cela fait des années que nous vendons ces services complémentaires pour 75 % des véhicules neufs et pour 45 % des véhicules d’occasion".

La vente par les distributeurs revêt une importance capitale. Les revendeurs deviennent ainsi des partenaires essen­tiels pour les fournisseurs de systèmes antivol. Bertrand et Vicky Strada, PDG et responsable commerciale de SPA Auto France qui importe dans l’Hexagone le système Starline, réputé en Europe du Nord et en Europe de l’Est, en font leur prochain objectif. "Le seul moyen de nous développer est de nouer des partenariats avec les distri­buteurs."

De fait, dans le secteur, 90 % des mises en place d’un boîtier antivol sont réali­sées juste avant la livraison de la voiture au client, au moment de sa prépara­tion. En plus de cette installation, les concessionnaires restent captifs du ser­vice après‑vente pendant la période du financement ou du contrat d’entretien souscrit. Un autre point positif en faveur de la gestion des clients des four­nisseurs de systèmes antivol. Pour les automobilistes, cette souscription est transparente, offerte pendant la pre­mière année de détention du véhicule.

Une rémunération sur la fidélité

Les boîtiers Coyote sont homologués auprès des constructeurs automobiles, puis acquis par les distributeurs qui se chargent de leur installation lors de la vente des voitures aux clients. La durée de l’abonnement est mise en lien avec la durée de détention du véhicule par le client, 24, 36, 40 ou le maximum, 48 mois, selon Olivier David, "cela correspond souvent à la durée que le véhicule met à revenir en concession".

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Roole travaille sur la base d’un abonne­ment renouvelable par l’automobiliste. Le contrat est directement mis en place avec le distributeur. Ce dernier pro­pose le boîtier Roole pour une durée d’un an au client au moment de l’achat du véhicule. Une souscription qui ne génère aucune rémunération pour la société. "La valeur de la première an­née revient au distributeur car c’est lui qui réalise la vente. La valeur est ensuite générée lorsque l’abonnement est renou­velé auprès de Roole et non plus auprès du concessionnaire", explique le direc­teur général de la société.

Une fois le véhicule volé, c’est une course contre la monte qui démarre avant que le véhicule ne se volatilise. ©Targa Telematics

Des partenariats gagnant‑gagnant

Les acteurs de l’antivol ont besoin des réseaux mais les concession­naires qu’ont‑ils à y gagner ? Pour Olivier Hossard, les choses sont simples, "les marges sont son­nantes et cela se vend comme des petits pains. Les clients ne résistent pas à ce service périphérique".

Ce type de services contribue éga­lement à la fidélisation de la clientèle. En cas de pépin, l’auto­mobiliste revient chez son conces­sionnaire. De plus, Xavier Trujas témoigne : "Concernant la fidéli­sation à l’après‑vente, le partena­riat est très intéressant. Les clients qui ont un contrat Roole ont tout intérêt à se présenter dans nos ate­liers car nos équipes sont déjà en possession d’informations dans nos systèmes informatiques, simplifie le dirigeant avant de poursuivre, ces informations sont disponibles et lisibles. Ainsi, nous pourrons leur faire bénéficier d’un véhicule de prêt conforme à leurs usages, tel que le boîtier et les services Roole auxquels ils ont souscrit l’au­ront détecté. Cela s’applique pour les petits pépins, lors d’un entretien ou bien pour plus grave, en cas de vol de la voiture. L’échange des données entre Roole et nous est une facilité pour proposer ce type de prestations aux clients."

Très rémunérateurs et contributeurs de la marge des réseaux, les distri­buteurs ont bien intégré la vente de ces services. Avec une facilité crois­sante, dans un contexte de hausse des vols de véhicules. Selon Jona­than Tuchbant, "le service est entré dans les habitudes des distributeurs auto­mobiles. Proposer ce type de produits d’assurance contribue à la vente de produits périphériques lors de la signature d’un contrat. En France, le service s’est installé au côté du finan­cement des véhicules, des extensions de garantie et d’autres services régu­lièrement commercialisés et qui amé­liorent le business des distributeurs".

Olivier David pointe un autre avantage de ce type de parte­nariats. Coyote fait bénéficier de la protection et de la sécurisation des véhicules gratuitement aux conces­sionnaires ayant équipé leurs vé­hicules d’un boîtier Coyote. Un concessionnaire disposant de boî­tiers sur les véhicules qui lui appartiennent, comme ceux de location courte durée ou ceux d’exposition, en retire plusieurs bénéfices.

D’une part, ce dernier ne paiera pas le service Coyote puisque l’ac­tivation du boîtier est offerte par l’entreprise. D’autre part, réduire les vols auxquels sont également confrontés les concessionnaires leur permet de contraindre les primes d’assurance. Un moyen de ratio­naliser leurs dépenses, ils peuvent ainsi optimiser leur contrat sur ce volet du vol. "C’est une optimisa­tion qui est gagnante‑gagnante. C’est comme cela que nous construisons des partenariats solides", conclut Olivier David.

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Jad Tabet, directeur France de Targa Telematics

"L’intelligence artificielle et le machine learning améliorent les outils de prévention et de détection des vols"

Quel est votre principal marché ?

Nous surveillons plusieurs flottes internatio­nales et nous nous adressons particulièrement aux flottes des loueurs. Nous équipons, par exemple, les véhicules de plusieurs sociétés majeures de location courte durée, ainsi que des entreprises des secteurs de l’assurance, du lea­sing. Il s’agit donc de parcs de plus de dizaines de milliers de véhicules.

Quel est le service que vous apportez aux gestionnaires ?

La solution de récupération des véhicules volés offre aux gestionnaires de flotte la possibilité de réduire les dommages liés au vol et de préser­ver la valeur de leur parc. Cette solution utilise le machine learning et l’intelligence artificielle, avec des centres de contrôle opérationnels 24 h/24 et 7 j/7 pour surveiller en temps réel les données des véhicules et les zones à risque. En collaboration avec les forces de police à travers l’Europe, elle permet la récupération active des véhicules volés.

Nous avons une approche consultative, en fonction des métiers de nos clients et en analy­sant leurs préoccupations, nous leur proposons une solution adaptée répondant à leurs besoins. Les règles de surveillance et les équipements dé­ployés seront différents pour un grand loueur courte durée qui compte plusieurs dizaines de milliers de véhicules et pour une société locale de livraison ou d’intervention technique disposant d’une dizaine de véhicules.

Avez‑vous des innovations prévues pour améliorer votre solution et le taux de récupération des véhicules volés ?

Notre utilisation de l’intelligence artificielle et du machine learning nous permet justement d’améliorer en permanence les logiciels de pré­vention et de détection des vols. Cela se traduit par un taux de récupération moyen de plus de 85 %, depuis plusieurs années.

Au‑delà de l’innovation au sens strict, c’est sur­tout au niveau de la prévention, puis du signale­ment du vol par le conducteur que tout se joue. Une fois le véhicule volé, c’est une course contre la montre qui démarre avant que le véhicule ne se volatilise. Nous allons poursuivre en 2024 nos partenariats stratégiques avec les construc­teurs automobiles pour exploiter et gérer les flux de données des véhicules. Nous nouons depuis 2017 des partenariats avec les principaux acteurs de l’industrie automobile, tels que Stel­lantis, Mercedes‑Benz Connectivity Services, Ford, BMW, Mini, Renault ou encore Dacia.