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Le marché des lubrifiants automobiles poursuit son érosion naturelle

Publié le 27 mars 2024

Par Marc David
5 min de lecture
Avec un retrait de plus de 2 % par rapport à 2022, le marché des lubrifiants version 2023 confirme un léger recul. Il s'agit d'un moindre mal au vu du contexte économique et de l’encouragement à l’achat de véhicules électriques.
marché des lubrifiants 2023
Contre toute attente, le marché des lubrifiants est revenu à son stade d’érosion naturelle. Les moteurs thermiques ont encore de beaux jours devant eux.

Avec 280 420 tonnes de lubrifiants automobiles commercialisés sur le marché intérieur selon le CPL (Centre professionnels des lubrifiants), l'exercice 2022 s’était bouclé sur un recul "acceptable" de 3,8 %.  Si l’heure n’est pas vraiment à l’inversement de tendance, loin s’en faut, force est de constater que l’exercice 2023 n’a fait que confirmer le retour à un état qualifié "d’érosion naturelle" par la profession.

 

En effet, toujours selon le CPL, et ceci en dépit d’un très net recul en décembre (-10,6 %), mois le moins porteur avec août, cet exercice 2023 s’est bouclé sur un volume de 273 580 tonnes, synonyme d’un retrait de "seulement" 2,5 %.

 

Par comparaison, le secteur de l’industrie enregistre pour sa part un recul de 8,5 % cette même année. Bref, pour ce qui est de l’automobile, un retour en arrière donne une idée du déficit en volume subi par le secteur. Ainsi, l’exercice 2013 s’était bouclé sur un volume de 295 370 tonnes, synonymes à l’époque d’une régression de 4,2 % par rapport à 2012.

 

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Autrement dit, sur une dizaine d’années, la profession enregistre un retrait en volume de 7,9 %. Maintenant, pour ce qui concerne l’exercice 2023, il faut surtout noter qu’avec un volume de 166 170 tonnes, le segment des voitures de tourisme enregistre une progression de 3,5 %, résultat très positif s’il en est.

 

Sur ce volume, si le segment toujours largement majoritaire de "l’essence et mixte" enregistre une croissance de 2,5 % (139 000 tonnes), celui du "Diesel tourisme", en perdition ces trois dernières années, poursuit sa dégringolade en 2023 avec un recul de 24,7 % (21 490 tonnes).

 

Une précision. Sur un total de 58,24 % que pèsent les lubrifiants auto sur le marché intérieur par rapport au marché global (qui comporte l’industrie), la partie essence et mixte représente 29,5 % contre seulement 4,58 % pour le Diesel tourisme.

 

Une corrélation certaine avec le vieillissement du parc

 

Tant pour Eric Candelier, président de Yacco, que pour Eric Lhomer, directeur général de Lubexcel qui distribue les produits Shell, Texaco, Wolf ainsi que ceux de sa marque en propre, ces résultats se révèlent conformes à la réalité du marché. Et de préciser qu’ils ne commercialisent plus d’huiles spécifiques pour moteurs diesel depuis déjà une bonne dizaine d’années.

 

"Nos produits répondent systématiquement à la classification ACEA A et B ou à d’autres normes relatives à l’essence et au diesel, précise Eric Candelier. C’est bien le cas, par exemple, des huiles requises par le groupe Volkswagen et notamment celles qui répondent aux normes VW 50400/50700 dont la majorité du volume est dévolue aux motorisations diesel".

 

Plus globalement, quelle analyse sur le retrait du marché intérieur à -2,5 % ? Comme d’ordinaire, plusieurs éléments sont à prendre en considération, à commencer par les immatriculations. En effet, pour rappel, le premier plein est pris en compte par le CPL. Or, en 2023, le marché VP a augmenté de 16,1 % avec 1 774 729 immatriculations dont près de 300 000 unités pour les véhicules électriques.

 

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Mais il y a surtout l’âge du parc automobile. Certes, les véhicules électriques pèsent désormais 2 % du parc. Seulement, selon le dernier recensement effectué par AAA Data en tout début d’année, l’âge moyen a continué de grandir en 2023 pour atteindre 11,9 ans, contre 11,6 ans fin 2022.

 

Ainsi, sur les 41,6 millions de véhicules roulant en France, 22 millions d’unités ont plus de dix ans, soit une part de 53 %. Et dans ce registre, le diesel se révèle toujours largement majoritaire, avec une part évaluée à plus de 50 %.

 

L’exercice en cours se présente au mieux

 

Partant de là, la notion d’entretien rentre en ligne de compte. Certes, selon le baromètre d’activité Mobilians-Solware, l’activité mécanique, avec un chiffre d’affaires de 767,2 millions d’euros, a enregistré de janvier à décembre 2023 une baisse de 1,2 % au niveau des pièces et une augmentation de 1,7 % au niveau de la main-d'œuvre, ceci par rapport à 2022. Mais pas question de généraliser.

 

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"Plutôt hésitant quant à l’achat de telle ou telle motorisation, en particulier le tout électrique, le consommateur a tendance à retarder son achat avec à la clé la nécessité d’entretenir son véhicule, fait remarquer Eric Lhomer. De fait, à titre d’exemple, Auto Pièces Atlantique-AutoDistribution, l’une des filiales du groupe Dubreuil, le démontre avec des résultats au beau fixe". Dans ce contexte, pour les lubrifiants, certains mois se sont révélés très porteurs, comme le mois de juin avec 25 540 tonnes de lubrifiants commercialisés sur le marché intérieur (+1,2 %).

 

Il faut dire qu’un autre élément entre en ligne de compte, la notion d’espacements de vidange. Contre toute attente, certains peuvent surprendre. "Sur les modèles hybrides non rechargeables de Toyota/Lexus, les full hybrid, la vidange s’effectue à 15 000 km et non pas à 30 000 km, indique Eric Candelier. Un élément en mesure d’engendrer un frein à l’érosion en volume".

 

Sur le plan perspectives, l’exercice en cours semble se présenter au mieux pour les différents acteurs. En tous cas, tant du côté de Yacco que du côté de Lubexcel, on annonce une progression d’environ 5 % sur les deux premiers mois de l’année.

 

Sachant toutefois que les cartes sont quelque peu brouillées aujourd’hui en raison du manque de disponibilité du produit (chez certains acteurs) en mesure de coller aux exigences du groupe Stellantis et de sa fameuse norme FPW9.55535/03. De ce côté, les choses devraient rentrer dans l’ordre dans les mois qui viennent.

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