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Le crédit classique automobile menacé par un taux d’usure trop bas

Publié le 8 juillet 2022

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Les sociétés de financement reconnaissent perdre de l'argent sur les crédits classiques automobiles. En cause ? Le calcul du taux d'usure qui empêche de répercuter la hausse des taux de refinancement. Bientôt, elles n'auront plus d'autres choix que de diriger le client vers la LOA ou d'en finir avec la rémunération des crédits.
Le taux d'usure qui ne suit pas la hausse des taux de refinancement menace le crédit classique.

Si les yeux sont actuellement tournés vers le crédit immobilier, le financement automobile et notamment le crédit classique n’échappe pas à la problématique d’un taux d’usure trop bas.

 

Pour mémoire, ce taux, revisité par la loi Lagarde, indique le taux d’intérêt maximal autorisé que les établissements bancaires peuvent pratiquer. Destiné à protéger les consommateurs, le taux d’usure est fixé chaque trimestre et calculé à partir des taux moyens accordés durant le dernier trimestre, augmenté de 33 %.

 

Jusqu’à présent, les taux d’intérêts faibles et les opérations de financement "sponsorisées" notamment par les banques, avec même des opérations à taux 0, ont eu pour conséquence de contraindre encore plus ce taux. Or, dans l’automobile, cette pratique, même si elle a disparu aujourd’hui, a entraîné une baisse encore plus forte du taux d’usure.

 

Inertie du taux d'usure

 

Aujourd’hui, les taux de refinancement progressent. Ils ont même triplé depuis le début de l’année 2022. Mais la mécanique de calcul élaborée par le gouvernement, et toujours pas remise à jour par Bercy, possède une très forte inertie. Résultat le taux d’usure progresse bien plus faiblement que les taux nominaux. Pour l’automobile, celui-ci s’installe à 4,93 % depuis janvier sans changement au 1er juillet 2022, comme espéré. Certains professionnels du financement estiment même qu’il faudrait attendre deux années pour que le taux d’usure s’aligne enfin sur les taux de refinancement !

 

Dans l’immobilier, les conséquences sont déjà visibles puisqu’une partie des potentiels emprunteurs sont déjà exclus de l’accès à la propriété. Et deux banques : la Société Générale et le Crédit du Nord ont décidé de ne plus traiter les prêts issus des courtiers pour préserver ce qu’il leur reste de marges.

 

Dans l’automobile, la situation est similaire. Sauf que les sociétés de financement ont depuis des années déjà remplacé les prêts classiques par de la location avec option d’achat, voire de longue durée. Selon les derniers chiffres communiqués par l’ASF, la LOA pèse 84 % de la production financière automobile sur les quatre premiers mois de l’année et 26 % pour la voiture d’occasion qui est de plus en plus éligible également à cette technique.

 

Trop de risques sur le crédit classique

 

Le crédit classique pourrait-il disparaître purement et simplement des offres de financement automobiles ? Sans aucun doute pour ce professionnel qui reconnait que la profession perd de l’argent à chaque dossier proposé par les groupes de distribution avec qui elle travaille. "Les conditions de marge ne laissent aucune place pour le risque", assure-t-il. Ni pour les rémunérations des courtiers qui dans l’automobile ne sont autres que les groupes de distribution.

 

Interrogée lors que la présentation du plan stratégique du CACF, Valérie Wanquet, directrice générale déléguée, reconnaît que les marchés où sont positionnés les courtiers sont généralement les plus concurrencés. "Mais l’une des solutions est d’orienter le plus largement possible vers la LOA et d’ajouter dans des packages des services moins sensibles aux taux d’intérêts", indique-t-elle Chez CACF, les assurances pèsent jusqu’à 17 % des revenus de la filiale crédit à la consommation.

 

Une des solutions serait d'arrêter de rémunérer les dossiers de crédits classiques pour orienter les clients vers la LOA. A moins que l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (APCR) ne finisse par interdire la distinction de rémunération selon les types de financement.

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