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Industrie

Valeo estime que le développement durable est profondément inflationniste

Publié le 4 juillet 2023

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Invité dans le cadre des rencontres de la PFA, présidée par Luc Chatel, le directeur général de Valeo, Christophe Périllat, a réaffirmé la stratégie payante de l'équipementier dans l'électrification du secteur, la voiture autonome et les logiciels. Une course à l'innovation, inflationniste, que Valeo peine parfois à répercuter chez ses clients constructeurs.
Christophe Périllat Valeo
Selon le directeur général de Valeo, Christophe Périllat, l'écart de prix entre un véhicule thermique et son équivalent électrique, qui s'affiche actuellement entre 25 et 35 % plus cher, ne pourra être significativement réduit.

"Accrochez-vous, les dix ans qui viennent vont être extrêmement compliqués, darwiniens si je peux reprendre l'expression de Carlos Tavares car l'automobile va connaître sa plus grande transformation. Tout change sous le capot, dans le cerveau de la voiture... Mais Valeo a décidé de continuer à survivre": Christophe Périllat, directeur général de l'équipementier français.

 

Le message a le mérite d'être clair et direct pour cette première d'une série de rencontres que souhaite organiser la PFA (Plateforme de l'Automobile), avec ses adhérents. Premier déposant français dans le monde et dans le secteur automobile (Stellantis obtient la première place mais le groupe a placé sa holding aux Pays-Bas), Valeo estime que seule l'innovation peut sauver, dans un secteur où la voiture devient électrique, autonome et bardée de logiciels.

 

La voiture autonome conquiert le monde

 

Peu visible pour les conducteurs finaux que nous sommes, la voiture autonome creuse son sillon si l'on en croît Christophe Périllat. "Le chemin vers l'autonomie passe par le véhicule électrique et les milliards de dollars investis dans le monde", estime le nouveau dirigeant de l'équipementier.

 

L'autonomie de la voiture ne sera pas accessible au commun des mortels, car inaccessible financièrement mais d'ores et déjà les robots-taxis (autonomie de niveaux 4 et 5) sont déjà une réalité sur la côte Ouest des États-Unis, à Las Vegas ou encore à San Fransisco. Waymo (filiale de Google), Zoox pour Amazon ou encore Cruise de General Motor en sont la preuve. De l'autre côté du Pacifique, la Chine n'est pas en reste. Que ce soit avec Baidou, Tencent ou encore Didi, des milliards d'euros sont dépensés chaque année, pour l'instant à perte.

 

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"Les robots-taxis conquièrent le monde rue par rue, quartier par quartier", fait remarque Christophe Périllat. Une aubaine pour Valeo qui a investi depuis douze ans dans la technologie LiDAR indispensable à l'autonomie des véhicules.

 

Le développement durable est inflationniste

 

L'autonomie des véhicules aura cependant un impact sur la voiture de monsieur tout le monde, notamment en la rendant plus sûre, grâce à la multiplication des capteurs embarqués et des logiciels pour les gérer. "Nous allons vivre une transformation totale, incroyablement difficile d'un point de vue industriel mais aussi social", poursuit-il.

 

Le véhicule électrique, condition sine qua none pour la décarbonation du parc automobile européen en 2050, s'affiche à un prix, en moyenne entre 25 et 35 % plus cher que son équivalent thermique. Un écart qui selon le dirigeant de Valeo ne pourra être significativement réduit. "Entre un véhicule thermique et son équivalent électrique, un écart de 400 kilos de matières est observé. La tendance est forcément inflationniste", avance-t-il.

 

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Reste à pouvoir valoriser ces innovations auprès des clients constructeurs. Une démarche à laquelle s'est attelé Christophe Périllat dès sa prise de fonction en 2022. Avec plus ou moins de succès : "Nous avons réussi à passer presque toutes les hausses de prix mis à part à quelques clients constructeurs. C'est un combat compliqué. Que d'efforts pour parvenir à répercuter ces hausses. Il faut bien comprendre qu'un équipementier comme Valeo est peu profitable. En 2022, notre résultat net a représenté 1,1 % de notre chiffre d'affaires, ce qui est misérable ! Nous sommes très loin de la profitabilité des sociétés de la Tech", fait remarquer Christophe Périllat, pour qui profitabilité ne veut pas dire charité !

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