Entre incertitude politique et trous budgétaires, l’automobile replonge dans l’attentisme
À peine rentrés de vacances, les Français sautent à pieds joints dans la dure réalité avec l'annonce faite par le Premier ministre François Bayrou le 25 août après-midi de soumettre son gouvernement au vote de confiance. Il aura lieu le 8 septembre 2025 à l'Assemblée nationale.
Malgré l'appel lancé à ses soutiens politiques et à ses adversaires pour passer à l'offensive, le sort de François Bayrou semble d'ores et déjà scellé. Du Rassemblement national à La France insoumise, en passant Les Écologistes et le Parti socialiste, tous ont annoncé vouloir voter la censure dans 13 jours.
"Cette rentrée risque de démarrer par une sortie, avec des conséquences graves pour le pays et un niveau d'incertitudes en l'avenir qui s'élève à nouveau", fait remarquer Xavier Horent, délégué général de Mobilians.
Un PLF suspendu... bis repetita
Pour l'automobile, cette annonce replonge les professionnels près d'un an en arrière, après la dissolution de l'Assemblée nationale et l'arrivée du gouvernement Barnier en septembre 2024. Puis de la motion de censure en décembre 2024, signant sa démission trois mois plus tard, qui avait réduit à néant toute discussion ou presque des projets de loi de finances et du projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2025.
Une nouvelle fois, le même scénario devrait se produire, avec un glissement du PLF en 2026, dont les arbitrages avaient commencé. Avec ce nouveau calendrier, son dépôt à l'Assemblée nationale, le 7 octobre 2025, est fortement compromis. Qui dit nouveau gouvernement dit nouveaux ministres et la possibilité de modifier les dispositions qui devaient être simplement reconduites, voire l'introduction de nouveaux durcissements.
Le leasing social, qui doit entrer en vigueur le 30 septembre prochain, tout comme la transformation du bonus écologique en Coup de pouce CEE relèvent de décisions réglementaires et non budgétaires. Idem pour le sujet des avantages en nature qui favorisent les salariés qui roulent en véhicules électriques écoscorés avec un abattement de 70 %, qui reste un sujet purement administratif.
Entrée dans "une nouvelle zone de turbulences"
Pour Flavien Neuvy, économiste et directeur de l'Observatoire Cetelem, la France entre à nouveau dans une zone de turbulences avec une incertitude dans sa gouvernance et une autre budgétaire. "Cette annonce intervient en pleine phase de construction budgétaire avec la grande question qui se pose : où trouver les plus de 40 milliards d'économies dont la France a besoin et qui va payer ?", observe-t-il. "Ces deux points génèrent une règle mille fois démontrée : l'attentisme des consommateurs."
Cette règle, qui prévaut pour l'ensemble des biens de consommation durables, ne va donc pas arranger les professionnels du secteur de l'automobile. Car la demande des clients est au plus bas. Les particuliers ne pèsent plus que 43 % des immatriculations, un seuil historiquement bas, si l'on exclut les périodes de confinement lors de la pandémie de Covid-19. Et les commandes ne sont guère plus réjouissantes.
Après un léger sursaut en mai (+2,8 %) et juin (+7,5 %), le mois de juillet 2025 enregistre une nouvelle dégringolade de 18 %. Résultat, le total des commandes atteint 957 373 voitures particulières depuis le début de cette année contre 1 055 910 sur la même période en 2025, soit près de 100 000 unités de moins !
Mauvais timing pour la clause de revoyure européenne
Au-delà du contexte de marché hypersensible, le timing pour l'absence d'un gouvernement français en action n'est pas non plus le meilleur. Fin septembre, la France doit en effet faire valoir sa position à la Commission européenne pour la clause de revoyure. Cette étape tant attendue des constructeurs pour assouplir, ou non, le règlement européen qui prévoit la vente exclusive de véhicules zéro émission en 2035.
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