Bonus automobile : raboté, le budget 2025 est presque épuisé

Adieu le bonus automobile, place aux certificats d'économies d'énergie. L'annonce réalisée par le gouvernement, sous couvert d'une consultation ouverte sur un projet d'arrêté, masque en réalité une urgence budgétaire. Le fameux "coup de pouce" des certificats d'économies d'énergie qui doit prendre le relai dès le 1er juillet 2025 du bonus écologique n'est autre qu'un nouveau tour de passe-passe financier.
L'enveloppe allouée au bonus écologique au titre de 2025 est en effet pratiquement vide. D'autant que celle-ci n'était pas aussi garnie qu'annoncée. En décembre 2024, le gouvernement annonçait un budget de 700 millions d'euros (soit la moitié de l'aide accordée au titre de 2024) pour l'aide à l'achat de voitures électriques. "Mais cette enveloppe n'était pas sanctuarisée", nous rappelle Xavier Horent, délégué général de Mobilians. Nous n'avons pas les chiffres définitifs, mais nous estimons qu'il manquerait environ 200 millions d'euros au global."
Un sauve-qui-peut budgétaire
Une estimation confirmée par nos confrères de Contexte. Ces derniers se sont procurés le détail des crédits de paiements publiés par le gouvernement. Selon ce document, le budget alloué au bonus écologique n'est en réalité que de 496 millions d'euros pour 2025, soit trois fois moins que l'aide accordée en 2024.
Aucune information ne filtre en revanche sur le nombre de dossiers déjà accordés. "Les données ne sont connues de personne et ne remontent pas jusqu'aux professionnels de la filière", regrette Xavier Horent.
Impossible alors de prévoir l'arrêt définitif du bonus écologique tel qu'il existe encore, normalement, jusqu'au 1er juillet 2025. Sans dates précises, le gouvernement peut ainsi stopper la machine aussi rapidement qu'il l'a fait avec le dispositif MaPrimeRenov' dans le secteur du bâtiment. Selon les informations recueillies par nos soins, l'annonce serait d'ailleurs imminente et arriverait bien avant la fin du mois de juin 2025.
Comme pour MaPrimeRenov', le gouvernement pourrait arrêter le bonus avant que le coup de pouce des CEE n'entre en vigueur au 1er juillet prochain. "C'est un signal de sauve qui peut", se désole Xavier Horent. "Avec MaPrimeRenov', le gouvernement a fait deux annonces contradictoires en cinq jours et a introduit l'idée de fraudes dans le système."
Les acheteurs sont perdus…
Autant d'incertitudes qui ne vont pas permettre de rassurer un client automobiliste qui a déjà déserté les concessions.
"On va perdre complètement le client", poursuit Xavier Horent. "Ce ne sont pas les mêmes montants d'aide, pas les mêmes déciles de revenus. Avant d'en voir les premiers bénéfices, les annonces vont d'abord créer de l'attentisme."
Pas de quoi espérer sauver des ventes de voitures 100 % électriques qui s'affichent à 17,8 % du marché global, mais en baisse de 7,1 % avec un volume de 119 475 unités cette année, contre 128 560 sur les cinq premiers de l'année en 2024. L'année dernière, les 50 000 dossiers du leasing social étaient venus doper les immatriculations de modèles à batteries.
En 2025, le gouvernement table sur le même volume mais décalé dans le temps, puisque la nouvelle saison du leasing social devrait arriver dès le 1er septembre 2025, et durer au maximum jusqu'à la fin de l'année. "Mais on ne parle que de 50 000 dossiers. Cela apportera peut-être un peu d'oxygène à un marché essoufflé. Mais pour une vraie relance, c'est autre chose", craint Mobilians.
… et les professionnels inquiets
Le système des certificats d'économies d'énergie ne rend pas non plus sereins les professionnels de l'automobile. Pour l'instant, peu de dossiers ont été finalisés depuis leur introduction au début de cette année. Édouard George, directeur de Citroën en France, confiait récemment au Journal de l'Automobile que l'offre commençait tout juste à s'installer dans le réseau de la marque.
Avec une aide moyenne comprise entre 310 et 400 euros selon les marques, le poids de l'avance sur les trésoreries des groupes de distribution est mince. Mais dès le 1er juillet, le "coup de pouce" passe ainsi à près de 4 000 euros par voiture électrique immatriculée. Et le risque de voir l'histoire se répéter resurgit. Les distributeurs gardent en mémoire l'avance de 326 millions d'euros qu'ils avaient accordée 2024 et qui, faute remboursement de l’État, avait mis en péril leur trésorerie.
Zéro visibilité sur 2026
Autant d'incertitudes et de craintes qui vont resurgir cet été lors des premières discussions du projet de loi de finances 2026. Il reste peu de doutes sur l'absence de budget pour l'achat de voitures électriques l’année prochaine, compte tenu des 40 milliards d'euros d'économies que doit réaliser le gouvernement.
Et le plan pluriannuel du dispositif des CEE arrive également à échéance. Les discussions entre l’État et les fournisseurs d'énergie (les obligés) ont débuté pour établir les niveaux de financement d'économie d'énergie qu'ils devront assurer dans les années à venir.
"Pour les années à venir, seule la trajectoire des malus est certaine. Au moins jusqu'en 2027 ! Mais que fait-on pour aider à la transition des ménages en 2026 ?", s'interroge Xavier Horent.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, avait évoqué sa volonté d'équilibrer les recettes du malus avec les dépenses du bonus. "Aujourd’hui, les recettes que l’État collecte avec le malus sont bien supérieures aux dépenses qu’il consent avec le bonus. Pour moi, le malus ne devrait pas financer le budget général, il devrait revenir aux automobilistes en finançant le bonus. C’est logique tant d’un point de vue industriel que climatique", expliquait-elle en mars 2025, lors d'un entretien au Journal de l'Automobile.
Une réaffectation possible selon les professionnels et qui pourrait faire resurgir une prime à la conversion ? Pour l'instant, aucun arbitrage n'a été réalisé par le gouvernement qui n'est pas certain de résister jusqu'à la fin de l'été.
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