Le contrat d’agent de Stellantis pourrait-il être abandonné ?
Le New Retailer Model (NRM) de Stellantis a du plomb dans l’aile ! La mise en place de ce nouveau contrat de distribution, basé sur un modèle d’agence, est sans cesse reportée.
Après son instauration dans les pays pilotes que sont la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Autriche, les concessionnaires espagnols devaient être les prochains sur la liste en Europe à franchir le pas en septembre 2024.
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Cette échéance est une nouvelle fois repoussée. Sans aucune autre précision de la part du constructeur. "Bien qu’il y ait eu des interactions avec les réseaux de concessionnaires, aucune nouvelle date n’a été gravée dans le marbre. 2027 reste la date finale pour tous les pays concernés", explique le constructeur qui cependant ne confirme pas les informations transmises par les médias espagnols. La Tribuna de Automoción avait en effet avancé un démarrage au 1er janvier 2027.
En réalité, il s’agit d’une date butoir pour l’ensemble des pays. Selon nos informations, Stellantis aurait reconduit tous les contrats de concessionnaires (en dehors des quatre pays pilotes) jusqu’au 31 décembre 2026. Plus aucun calendrier d’exécution n’est indiqué. Les concessionnaires seront prévenus six mois à l’avance de la transformation du modèle de distribution. Stellantis confirme qu’il évaluera le calendrier de l’extension du nouveau modèle de détaillant aux prochains pays en étroite collaboration avec son réseau de concessionnaires. "Notre objectif commun est de réduire les coûts de distribution décrits dans notre plan stratégique et d’améliorer la satisfaction et la proximité des clients. Tout au long de ce processus, nos priorités stratégiques demeurent inchangées" précise le constructeur.
Le New Retailer Model, toujours pas stabilisé
Un nouveau report qui en dit long sur les difficultés sur le terrain. Neuf mois après l’entrée en vigueur dans les pays pilotes en Europe, le système n’est toujours pas fluide, même si le réseau reconnaît que le système de commande "fonctionne mieux".
Pour autant, de nombreuses difficultés subsistent. Un agent, par exemple, ne peut toujours pas effectuer des remises pour des clients professionnels selon la taille de la flotte. La politique de prix fixes obligatoires pour les clients particuliers bloque le système et empêche le commerçant d'appliquer la grille tarifaire.
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Autre problème à ce jour irrésolu, le transfert d'informations sur le stock entre sites. Un professionnel nous indique qu'une voiture présente physiquement dans une agence, ne peut être achetée par un client dans une autre agence.
"Au bout de dix mois d'expérience, le système ne fonctionne toujours pas !", s'exclame un membre du réseau. Parfois, un véhicule de démonstration est présent, mais l'immatriculation introuvable ou vice versa.
Des bugs persistants qui empêchent la fluidité du commerce et le fonctionnement du modèle.
L'équation économique ne tient plus
Trois ans après la résiliation de l'ensemble des contrats de concessions en Europe, le constructeur semble se heurter à la réalité du terrain et à des conditions économiques qui ont considérablement changé la donne. Les ventes de véhicules électriques ralentissent, les frais financiers explosent avec des taux d'intérêt compris entre 4 et 5 % et la part de marché s'étiole en Europe, voire même s'écroule dans les pays pilotes.
Pourtant, le discours reste ferme. Interrogé par Le Journal de l'Automobile, Stellantis affirme être "avec les partenaires concessionnaires pleinement engagés et axés sur l’amélioration continue de la phase d’exécution du nouveau modèle de détaillant dans les trois pays pilotes, l’Autriche, Belux et les Pays-Bas. Partageant ainsi l’objectif commun de lancer un solide écosystème phygital pour ses clients à travers l’Europe".
Mais des voix commencent à s'élever sur la pérennité de cette stratégie imposée avec force par Carlos Tavares. "Il se pourrait que le développement futur du modèle n'ait pas lieu", nous glisse un professionnel. Il est vrai que le timing du déploiement questionne. Le mandat du dirigeant à la tête de Stellantis arrive à échéance en décembre 2025. Et ce dernier laisse toujours planer le doute sur un renouvellement ou un départ.
En cas de renouvellement, ce dernier ne reviendrait certainement pas sur sa décision. Mais un nouveau directeur général pourrait aisément abandonner le NRM. D'autant que l'addition de ce nouvel écosystème de distribution s'envole. Pour compenser la perte de parts de marché, le constructeur multiplie les véhicules de démonstration. En Allemagne, le volume devrait même doubler pour atteindre 25 000 unités. De plus, l'instauration de nouveaux standards au sein du réseau reviendrait à la charge du constructeur, mis à part le changement de carrelage, l'éclairage et les faux plafonds.
Vers une nouvelle stratégie de filiale ?
Enfin, le constructeur semble revenir à une stratégie de filiale. Après la vente de nombreux sites Stellantis & You, la filiale de distribution aurait reçu le mot d'ordre de se positionner sur les dossiers de cessions des investisseurs privés. En Belgique, le processus a déjà démarré. Le site de vente à Anvers, la deuxième ville en taille du pays est déjà passé sous pavillon Stellantis & You.
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