Groupe Genin : l'agilité au cœur du développement
Alors qu’il fête cette année ses 90 ans, le groupe Genin n’a pas pris une ride. Bien au contraire ! Faire preuve d’agilité est d’ailleurs l’une des préoccupations majeures de Christophe Genin, désormais à la tête de l’entreprise avec son frère Thierry. "Rien de tout cela ne serait possible aujourd’hui sans les phases de développement et de consolidation réalisées auparavant par mon grand‑père et mon père, tient cependant à préciser le codirigeant. L’histoire du groupe, c’est avant tout celle de mon arrière‑grand‑père, Auguste Clauzier, passionné d’automobiles, qui décide de s’installer à Valence et d’y ouvrir un garage."
Dans la foulée, il récupère la marque française Delage et commence à vendre des automobiles, avenue Victor Hugo à Valence. Très vite, le succès est au rendez‑vous. Quelques années plus tard, en 1946, Henri Genin, son gendre, le rejoint. Le garage distribue alors Fiat, puis Simca‑Chrysler et continue de prospérer.
Le tournant volkswagen
"Dans les années 1970, c’est mon père, Christian, qui rejoint l’aventure familiale. Quelques années plus tard, mon oncle, Dominique, vient lui prêter main‑forte. Puis, en 1982, le groupe reprend la marque Volkswagen, détaille Christophe. À cette époque, il y avait deux distributeurs à Valence, qui ont généré une plaque Nord et une plaque Sud (la nôtre). Mon père a ensuite racheté la concession de Montélimar (26) en 1992 et celle d’Aubenas (07) en 2000."
Au cours des années 2003‑2004, une nouvelle étape s’opère pour le groupe. Christophe, entré dans l’entreprise quelques années auparavant, est aux manettes depuis deux ans, accompagné de son frère Thierry, lorsque Volkswagen se rapproche d’eux en émettant le souhait de ne conserver qu’un seul distributeur pour les départements Drôme‑Ardèche : "Les standards immobiliers demandés pour les concessions devenaient importants. À l’époque, mon confrère était un peu moins performant, mais surtout, il n’avait pas de filiation. Audi voyait l’avenir dans notre groupe et nous a donc demandé de racheter sa plaque, ce que nous avons fait en 2008."
Le groupe devient ainsi l’unique distributeur des marques Volkswagen en Drôme‑Ardèche et s’attache, entre 2008 et 2016, à déployer et à mettre à jour un maillage capable d’assurer un vrai service de proximité. L’objectif ? Être à moins de 20 min de chacun des clients de la zone de chalandise. Un challenge lorsque l’on s’éloigne de la vallée du Rhône pour s’aventurer sur les routes sinueuses et montagneuses d’Ardèche.
Avec six concessions (Valence (26), qui est aussi le siège du groupe, Aubenas (07), Bourg‑de‑Péage (26), Sablons (38) et deux à Montélimar (26)), le pari est relevé. C’est toutefois une tâche de longue haleine, qui se poursuit d’année en année. "Aujourd’hui, tout notre immobilier est à jour, avec les travaux du site de Sablons qui se sont achevés en mars 2022", annonce fièrement le codirigeant.
La 4e génération aux commandes
Avec une aventure familiale comme celle‑ci, tout laisse à penser que la succession de Christian Genin est évidente. Pourtant, la vocation de Christophe n’a pas été immédiate. "Thierry a fait des études de commerce et, de surcroît, c’est un vrai passionné de voitures, il a vite imaginé prendre la relève. Quant à moi, j’ai fait des études dans le BTP, je ne me destinais donc pas à cette carrière. En 1992, mon père venait de racheter la concession de Montélimar, et moi, je rentrais de l’armée : il m’a demandé si cela m’intéressait d’essayer. J’ai accepté et j’y suis resté." Aujourd’hui, Christophe Genin assure la gestion globale du groupe, tandis que son frère cadet, Thierry, gère le développement de la marque Audi et du segment véhicules d’occasion.
Le temps de la diversification
Après les années de consolidation financière assurées par Christian Genin dans un contexte de stabilité, la 4e génération a les coudées franches pour agir. La volonté du binôme ? Faire grandir le groupe dans une perspective d’agilité maximum, afin de tirer leur épingle du jeu dans des périodes mouvementées.
"Après l’étape d’architecture des points de vente et du maillage, nous avons voulu mettre en place de nouveaux services. Ces deux dernières années, et notamment la période Covid, ont été propices à la réflexion", confie Christophe. Et d’ajouter : "Face à l’électrification des véhicules, nous avons notamment décidé de développer un centre de réparation de batteries. Nous avons fait partie des quatre premiers sites en France chez VW à le proposer."
Mais les frères Genin ne se sont pas arrêtés là. Ils ont poursuivi leur orientation vers l’électrique avec l’ouverture en mai 2022 d’un magasin de bornes de recharge, où ils distribuent la marque Wellborne. L’objectif : proposer aux clients une solution facile pour installer chez eux une borne, avec des artisans de la région, mais également répondre aux besoins des professionnels et des collectivités.
Pour accompagner ce succès de l’électrique auprès de leurs clients (le tout électrique représente déjà 12 % des volumes du groupe, NDLR), l’installation d’un superchargeur, ouvert 24/7, est prévue sur le site de la concession de Valence d’ici la fin de l’année. Enfin, le groupe s’est engagé dans le programme « Way to Zero » initié par le constructeur et dont le but est de devenir une entreprise au bilan carbone neutre.
Chez Genin, cela passe par des actions auprès des collaborateurs, avec l’instauration de bonnes pratiques, mais surtout par la construction d’un parc photovoltaïque de 1 250 m2, imaginé pour recouvrir la zone de stockage. Ces ombrières devraient permettre de couvrir 17 % des besoins énergétiques de l’entreprise. D’ici 5 ans, le concessionnaire souhaite réduire de 30 % ses dépenses d’énergie grâce à cet investissement : "L’autre point positif, c’est la protection des véhicules contre les intempéries. Dans un contexte où le coût de l’assurance a flambé, nous devenons nos propres assureurs et un parc couvert représente un réel avantage."
Pour s’adapter à la situation de pénurie de véhicules neufs, les deux frères ont également souhaité donner un nouveau souffle au véhicule d’occasion, en retravaillant la visibilité Web de leur offre, la rotation, la politique tarifaire, mais aussi en développant une structure de vente aux enchères pour optimiser les marges et conquérir les particuliers. C’est ainsi, qu’Aux Enchères a vu le jour en septembre 2020 et propose une vente sous chapiteau avec commissaire‑priseur toutes les trois semaines.
Le groupe est également distributeur et réparateur agréé pour les véhicules utilitaires. Genin a ainsi développé une cellule société, à destination des flottes, avec un seul interlocuteur pour toutes les marques. Enfin, l’après‑vente représente une source de chiffre d’affaires additionnelle, notamment via la vente de pièces aux professionnels.
Genin demain
Quant au contrat d’agent, qui devrait être mis en place d’ici novembre au sein du réseau pour les véhicules électriques, le codirigeant l’appréhende avec curiosité. Même si l’impact sera direct sur le chiffre d’affaires, le chef d’entreprise n’est pas inquiet. "Le constructeur ne sait pas faire notre métier et s’ils veulent conserver des investisseurs, il faudra que la rentabilité soit au rendez‑vous. Pour moi, cette stratégie est logique vis‑à‑vis des clients. En outre, si demain, la donnée appartient au constructeur, cela rétablit une loi d’équilibre qui peut être intéressante pour des groupes comme le mien qui n’ont pas forcément des moyens marketing énormes. Nous devrons partager la connaissance client avec lui et VW sera challengé sur l’aspect commercial."
La seule réserve émise est sur l’efficacité des outils : "Nous sommes dans un monde de transformation rapide et pour que cela fonctionne, il faut des outils efficaces, au bon moment. Le social est une clé de réussite, j’en suis convaincu et on ne pourra pas demander aux équipes de pallier des défauts d’outils", poursuit‑il.
Et l’avenir dans tout ça ? Avec une production mondialisée des véhicules, la distribution est touchée par de nombreuses problématiques : la pénurie de semi‑conducteurs, les faisceaux fabriqués en Ukraine, le coût d’acheminement des matières premières et des difficultés logistiques aussi bien internationales que nationales (pénurie de chauffeurs).
"Nous nous installons dans un monde où ces difficultés vont devenir récurrentes. À nous de nous adapter pour impacter le moins possible la clientèle. Désormais, mon métier est de faire en sorte de créer de la polyvalence avec mes collaborateurs, pour avoir l’entreprise la plus agile possible. L’objectif est d’anticiper au mieux les besoins des clients pour toujours pouvoir y répondre", analyse Christophe Genin.
Avec un délai moyen d’environ une année pour l’obtention d’un véhicule neuf, contre quatre mois auparavant, la tâche n’est pas des plus aisée. "Quand les usines vont reprendre leur cadence, nous allons fonctionner avec un portefeuille protecteur plus long, mais forcément avec plus de délai pour les clients. La clé de la réussite d’un distributeur sera sa qualité d’approvisionnement et son stock pour satisfaire les besoins immédiats."
Visionnaire, le chef d’entreprise n’a plus aujourd’hui de velléités d’expansion, mais cherche avant tout à optimiser son activité pour les années à venir. Le futur sera‑t‑il encore familial ? "Il est trop tôt pour se prononcer car les enfants sont encore jeunes. Et même si, bien entendu, la porte leur est ouverte, l’entreprise a tellement évolué qu’il s’agira surtout d’une question de volonté et d’aptitude pour prendre la suite." Toutefois, la 5e génération vient tout juste d’intégrer la société en la personne d’Élena (fille aînée de Thierry), qui fait ses armes en tant que commerciale.
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