Seat en forme grâce à Cupra
A Barcelone, pour la présentation ce 22 mars 2023 des résultats financiers 2022 du groupe Seat SA, filiale du groupe Volkswagen, l'ambiance dans le flag ship était clairement "brandée" Cupra. Et pour cause. La jeune marque a vu ses ventes exploser en 2022 de 92,7 %, pour un atteindre un total de 152 900 unités. Elle couvre désormais 40 % des ventes du constructeur. Dans une le même temps, Seat a décroché, plongeant de 40,5 % pour se limiter à 232 700 unités. Au global, Seat SA a vu ses volumes s’éroder de 18,1 %, sous les 400 000 immatriculations, précisément à 385 600.
Ces résultats n'ont pas empêché le constructeur de réaliser en 2022 un chiffre d'affaires "historique" de 10,51 milliards d'euros, en progression de 14 %. Historique, car "il s'agit du deuxième plus important chiffre d'affaires de l'entreprise depuis sa création, il y a soixante-treize ans, le record ayant été réalisé en 2019 avec 11,15 milliards d'euros", a expliqué Wayne Griffith lors de la conférence de presse.
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L'entreprise retrouve également des couleurs avec un bénéfice net après impôt de 68 millions d'euros alors qu'elle était déficitaire de 256 millions d'euros en 2021. Sa marge d'exploitation devient positive, à +1,7 %, alors qu'elle était de -4 % en 2021. "Le revenu global par véhicule a progressé de 18 %", se félicite Wayne Griffith. Principalement donc grâce à Cupra. Ce qui a permis à Wayne Griffith de s'exclamer "Cupra est notre futur !".
Cupra qui rit, Seat qui pleure
Car le grand perdant de cette crise des semi-conducteurs est bien Seat. Début janvier 2023, Wayne Griffith ne s'en cachait pas. "Face aux pénuries persistantes de semi-conducteurs et de pièces, nous avons pris la décision stratégique de donner la priorité aux modèles Cupra à marge plus élevée par rapport aux voitures Seat", expliquait-il. Aujourd'hui, la crise des semi-conducteurs étant moins problématique pour le constructeur, Seat semble retrouver - un peu - des couleurs. Mais sans réels projets.
Sur les deux premiers mois de l'année 2023, Seat SA a enregistré 71 500 commandes, en progression de 27 %. Mais dans le détail, Seat voit ses commandes augmenter de "seulement" 12 % alors que celles de Cupra explosent à 75 %. Une différence qui soulève beaucoup de questions.
Seat centré sur les thermiques
"Je ne pense pas que Cupra va absorber Seat, a déclaré Wayne Griffith. Le positionnement de Seat est différent de celui de Cupra. Seat est la marque d'entrée du groupe Volkswagen et je dirais que Seat et Cupra sont avant tout complémentaires".
Sans donner plus de précision, il s'est ensuite voulu rassurant sur l'avenir de Seat à moyen terme : "Seat est une marque qui produit des véhicules thermiques. 2022 a été une année compliquée, car nous avons dû faire face à la crise des composants. Mais aujourd'hui, Seat est dynamique, la gamme, notamment la Leon, plait aux consommateurs et nous recommençons à livrer nos clients".
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Pour autant, tous les projets annoncés dans les deux ans à venir sont badgés Cupra. Le premier sera la commercialisation d'un SUV 100 % électrique du segment C, le Tavascan, deuxième modèle électrique de la marque. "Les prises de commandes seront ouvertes fin 2023 pour une commercialisation au premier ou deuxième trimestre 2024", présente Robert Breschkow, directeur de Seat France.
Le deuxième sera le Terramar, un SUV hybride rechargeable, cousin du Volkswagen Tiguan, qui sera également disponible courant 2024. Enfin, le concept-car UrbanRebel, dont le nom du modèle définitif n'a pas encore été fixé, sera commercialisé en 2025.
Cupra : Go west !
Les ambitions pour Cupra ne s'arrêtent pas là. Le groupe réfléchit à une commercialisation de la marque en Amérique du nord. "Mais nous n'irons pas n'importe comment, précise Wayne Griffith. Si nous nous lançons sur ce marché, nous serons présents uniquement avec une gamme électrique. Ensuite, pour mieux répondre aux attentes du marché, nous étudions la possibilité de produire localement les véhicules au sein d'une des usines du groupe Volkswagen."
Car la marque a clairement des visées mondiales. Déjà commercialisée en Europe, en Israël, en Turquie et au Mexique, elle débarque en Colombie, au Chili, ainsi qu'en Australie, avec un concept de vente 100 % digital. A terme, Seat vise 500 000 Cupra dans le monde, soit plus que les immatriculations Seat et Cupra réunies en 2022 et autant que Seat en 2018.
Pour Seat, c'est plus compliqué. Aucun projet de véhicule n'a été présenté lors des résultats et pour l'électrification de la marque, Wayne Griffith se donne du temps : "Nous étudions plusieurs possibilités, fait-il savoir. Y compris celles concernant les nouvelles mobilités, comme un micro-véhicule à quatre roues". Un véhicule type Citroën Ami ou Mobilize Duo, successeur du Renault Twizy, pourrait être commercialisé en 2025.
Un Cupra City Garage à Paris
En France, le réseau Cupra va poursuivre son développement. "Aujourd'hui, il existe 112 sites et 218 points de service, présente Robert Breschkow. Nous souhaitons rapidement passer à 130, voire 140 points de vente." Cette capillarité est à comparer au 162 sites Seat sur le territoire. "Sur les 112 points de vente, nous en avons 35 qui sont sous les normes Cupra Garage. Nous ambitionnons que ce nombre passe à cent d'ici la fin de l'année", poursuit-il.
Autre actualité forte pour Cupra, la création d'un Cupra City Garage à Paris. Ce dernier viendra compléter ceux de Lisbonne, Milan, Munich, Mexico et Sydney. "Il se situera boulevard de la Madeleine à Paris et sera géré par VGRF, indique Robert Breschkow. Son ouverture officielle sera en novembre 2023." Cette année, la marque compte également ouvrir un Cupra City Garage à Berlin, Madrid et Manchester.
Pour 2023, Robert Breschkow se veut rassurant : "Alors que les commandes toutes marques ont baissé de 9 %, nous enregistrons au sein de notre réseau une progression de 40 %".
Une Espagne électrique
Wayne Griffith a profité des résultats financiers pour donner les grandes directions que va suivre le groupe d'ici la fin de la décennie. "Seat SA a également fait un grand pas vers l'électrification en s'engageant, avec le groupe Volkswagen, PowerCo et d'autres partenaires à investir 10 milliards d'euros pour faire de l'Espagne un centre européen du véhicule électrique", a-t-il annoncé. Ces investissements iront aux usines Seat de Martorell, qui fêtera cette année ses 30 ans d'existence, et de Pamplune, ainsi qu'à la gigafactory en cours de construction à Valence.
Ce projet est présenté par le constructeur comme le plus important investissement en Espagne pour une seule entreprise. Car pour le groupe Volkswagen, l'Espagne sera le centre de développement et de production de la plateforme pour les petits modèles électriques.
Le site de Martorell, qui produit aujourd'hui sur trois lignes des Seat Ibiza et Arona, des Seat/Cupra Leon et des Cupra Formentor, ainsi que des Audi A1, bénéficie d'un investissement de 3 milliards d'euros pour produire en 2025 les modèles de série des concept-car Volkswagen ID.2, Cupra Urban Rebel et un modèle Skoda dont le nom n'a pas encore été révélé.
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