Renault voit son bénéfice reculer de 69 % et reste prudent sur l'avenir

Le groupe Renault a vu son bénéfice ajusté plonger de 69 % au premier semestre 2025, à 461 millions d'euros, notamment à cause d'un marché très compétitif en Europe, bien qu'il ait mieux défendu ses marges que la plupart de ses concurrents. Le chiffre d'affaires du constructeur a atteint 27,6 milliards d'euros, en hausse de 2,5 % par rapport au premier semestre 2024. À taux de change constants, il progresse de 3,6 %.
Le résultat du groupe (6 % de marge opérationnelle contre 8,1 % au premier semestre 2024) est notamment freiné par "une part plus faible de véhicules utilitaires et une part plus élevée de véhicules électriques (moins rentables, NDLR), combiné à la pression commerciale", a indiqué le constructeur.
Comme annoncé début juillet, l'évolution comptable du traitement de Nissan et ses mauvais résultats se sont traduits par une perte nette de 11,2 milliards d'euros dans les comptes de Renault.
Une référence dans l'industrie
Mais même en dehors de cet élément exceptionnel, "nos résultats du premier semestre 2025, dans un contexte de marché difficile, n'étaient pas en ligne avec nos ambitions initiales, a déclaré François Provost, fraichement nommé à la direction générale du groupe. Néanmoins, la rentabilité de Renault Group demeure une référence dans notre industrie, et nous sommes déterminés à maintenir ce standard."
"L'environnement est difficile en Europe, marqué par la baisse du marché à particuliers et par un marché des véhicules utilitaires en fort repli, qui génère une pression commerciale accrue", a expliqué le constructeur.
12,5 % d'électrique
Néanmoins, dans ce contexte, Renault s'est appuyé sur un mix produit positif grâce aux lancements récents (Bigster, Duster, Symbioz, Renault 5, A290, Grand Koleos, Rafale…) et il estime que cet effet positif continuera de s'améliorer au cours du prochain semestre.
Les versions hybrides des Clio, Captur, Symbioz ont fortement progressé et représentent près d'un tiers des ventes en Europe. Mais si les voitures électriques progressent encore plus fort, elles ne représentent toujours que 12,3 % des ventes au premier semestre.
Dans le détail, Renault se positionne en deuxième position VP+VU, porté par la Clio, le modèle le plus vendu de la marque et numéro deux sur le marché des hybrides. Dacia se place dans le top dix des marques les plus vendues et numéro trois en VP vendus à clients particuliers. Enfin, Alpine a vu ses ventes augmenter de 85 % par rapport au premier semestre 2024.
Accélérer le développement produit
Dans ce contexte, François Provost a indiqué en préambule de la conférence de presse ses trois axes de développement pour les semestres à venir. "Le produit restera au cours de notre stratégie de groupe et nous devons réussir notre deuxième cycle de lancement de produits, pour surfer sur le succès de nos modèles actuels", a-t-il indiqué.
"Deuxième point, nous allons accélérer notre transformation. Pour cela, nous allons poursuivre le benchmark avec nos compétiteurs, notamment asiatiques. Cela a été le cas par exemple avec le développement de la Twingo qui a été réalisé en 21 mois, a-t-il poursuivi. Notre stratégie n'est pas de délocaliser notre ingéniérie, mais d'apprendre des nos compétiteurs. Nous devons accélérer notre compétitivité, réduire nos coûts et accélerer notre vitesse d'innovation. Pour autant, nous ne prévoyons pas d'alliance plus profonde avec Geely."
Benchmarker la concurrence asiatique
Le groupe compte en effet multiplier les lancements de nouveaux modèles et encore renforcer son plan de réduction des coûts, du côté des frais administratifs comme des coûts de production et de recherche et développement. "Nos fondamentaux restent inchangés et nous avons l'intention de préserver notre approche, privilégiant la valeur (des ventes, ndlr) plutôt que le volume", a-t-il souligné.
"Dans le contexte actuel, disposer de la gamme de produits la plus attractive constitue la meilleure protection. Alors que certains concurrents agissent de manière désespérée à l'encontre du bon sens", a ajouté le directeur financier de Renault, Duncan Minto.
Le groupe a déjà limité ses coûts au premier semestre (-287 millions d'euros) "grâce à la forte performance achats et dans une moindre mesure, grâce à l'effet positif de la baisse des prix des matières premières".
S'appuyer sur le réseau
"Enfin, nous allons nous appuyer sur le capital humain, a appuyé François Provost. Nous allons renforcer notre partenariat avec les équipementiers et surtout les concessionnaires qui sont au cœur de notre stratégie."
Sur l'international, le groupe prévoit de renforcer son action en Amérique du sud et en Inde, mais "ni la Chine, ni les Etats-Unis sont notre priorité", a indiqué François Provost.
Dans un contexte tendu, le constructeur se veut optimiste, mais prudent. Il vise désormais une marge opérationnelle de 6,5 % du chiffre d'affaires, contre une marge supérieure ou égale à 7 % précédemment.
Résultats Renault (premier semestre 2025)
©Renault
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