Renault mise sur l'électrique pour exister en Chine
"Nous ouvrons un nouveau chapitre en Chine", a jugé dans un communiqué François Provost, directeur des opérations de la région pour le constructeur français. "Nous allons nous concentrer sur les véhicules électriques et les véhicules utilitaires légers", a-t-il précisé. Fini donc le thermique, place aux VE et aux VUL : voilà la nouvelle stratégie de Renault pour tenter d'exister en Chine.
Renault a débuté son histoire chinoise en 2013 avec la création d'une coentreprise avec le constructeur local Dongfeng. Le français a indiqué qu'il "transfèrera sa participation dans Dongfeng Renault Automotive Company Ltd (DRAC) à Dongfeng Motor Corporation. DRAC cessera ses activités liées à la marque Renault."
Le groupe et son partenaire chinois possèdent une usine à Wuhan, épicentre de la pandémie de Covid-19, dans l'est de la Chine. Ouvert en 2016, le site emploie 2 000 personnes, qui y fabriquent les Renault Kadjar et Koleos. Leur avenir est entre les mains de leur employeur Dongfeng, précise-t-on côté français. Conçue pour fabriquer 150 000 véhicules par an, l'usine a les capacités de doubler sa production. Mais la demande n'a pas suivi : le groupe Renault a vendu en Chine 179 571 véhicules en 2019 (-17,2 %), contre 216 852 lors de l'exercice précédent, soit moins de 1 % du marché chinois.
Couvrir 45 % du marché électrique chinois
Sur le segment des véhicules électriques (860 000 unités vendues en Chine en 2019) en particulier, Renault a de grandes ambitions. "Les ventes devraient atteindre 25 % du marché chinois d'ici à 2030", espère le français. Dès 2022, le partenaire de la marque au losange, Jiangxi Jiangling Group Electric Vehicle (JMEV) "prévoit de couvrir 45 % du marché chinois des véhicules électriques", avec le soutien de Renault "en qualité et technologies". La production commune n'a toutefois pas encore débuté.
Toujours sur l'électrique, Renault mise sur une autre coentreprise, montée avec son allié Nissan et Dongfeng (eGT New Energy Automotive) en août 2017 autour du modèle K-ZE (2 658 unités vendues en Chine en 2019), fabriqué à Shiyan. Ce produit a vocation à devenir "une voiture mondiale. Un dérivé basé sur le concept Dacia Spring sera commercialisé en Europe à partir de 2021", détaille le communiqué.
En matière de véhicules utilitaires enfin, Renault compte sur sa JV Renault Brilliance Jinbei Automotive, créée en décembre 2017 en rachetant 49 %, pour grandir sur ce marché. D'ici 2023, la marque Jinbei va étendre sa gamme avec le lancement de 5 produits majeurs. Cette marque est "bien établie avec 1,5 million de clients en Chine et près de 162 000 ventes en 2019" (sur 3,3 millions de VU vendus dans le pays), explique le losange dans son communiqué.
7e marché de Renault
Quatrième marché du géant de Boulogne-Billancourt en 2018, la Chine a glissé au 7e rang un an plus tard. Le retrait partiel du constructeur français s'inscrit dans un contexte délicat. En plus d'avoir présenté un bilan financier 2019 dans le rouge, Renault et ses partenaires Nissan et Mitsubishi (10,16 millions de véhicules vendus au total dans le monde en 2019) ont dû céder leur place de premier constructeur mondial à l'allemand Volkswagen (10,97 millions). L'Alliance des trois constructeurs a également été devancée par le japonais Toyota (10,74 millions).
Puis l'épidémie de coronavirus a contraint le groupe à fermer ses usines de Wuhan et de Busan, en Corée du Sud. Si elles ont rapidement rouvert, l'essentiel des usines que possède Renault dans le monde ont entre-temps baissé le rideau. Jeudi 9 avril enfin, la note de la dette à long terme de Renault a été abaissée à BB+, soit le premier rang dans la catégorie investissement spéculatif, par l'agence de notation Standard and Poor's, en raison des conséquences de la pandémie sur les résultats financiers attendus. D'où la nécessité de prendre un nouveau départ, sur un immense marché qui a enregistré environ 25 millions de véhicules vendus en 2019. (avec AFP)