Renault choisit un système individuel pour la gestion des véhicules hors d'usage
Le 1er janvier 2024, la loi Agec (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) va entrer en vigueur en France. À cette date, les constructeurs seront désormais soumis à l'obligation de responsabilité élargie du producteur (REP).
Ces derniers doivent déterminer s'ils choisissent un système individuel pour gérer l'ensemble de leurs véhicules hors d'usage ou s'ils adhèrent à un éco-organisme dans lequel adhèrent plusieurs constructeurs.
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C'est cette première option qu'a choisi le groupe Renault pour traiter l'intégralité des véhicules en fin de vie des marques Renault, Dacia et Alpine. "Le choix d'un système individuel est assez logique", nous précise Xavier Kaufman, chief business officier (CBO) de The futur is Neutral, la filiale dédiée à l'économie circulaire du groupe Renault. "Nous sommes engagés depuis très longtemps dans la filière et nous avons développé beaucoup d'actifs notamment avec Indra et Gaia. Avec The futur is Neutral, nous sommes déjà un acteur de la filière et du recyclage. Il était donc logique que nous ne choisissions pas un éco-organisme. "
Renault est donc le premier constructeur à se positionner officiellement sur un système individuel. Une stratégie qui s'explique facilement par le volume de véhicules du groupe, déclarés annuellement comme étant hors d'usage.
Les enjeux d'un système individuel
En moyenne, la filière des démolisseurs traite 1,5 million de véhicules par an. Si l'on applique la part du groupe sur le marché français, soit 25 %, au volume de véhicules en fin de vie, entre 350 000 et 400 000 VHU des marques Renault, Dacia et Alpine doivent être traités chaque année.
Une logique que devrait suivre également le groupe Stellantis, qui dispose de 28 % de part de marché avec ses marques distribuées en France.
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"L'enjeu sera de ramener le plus de véhicules de nos marques dans notre système individuel. D'ailleurs, le gouvernement donne des objectifs assez clairs de traitement de 65 % des VHU dans la filière légale. Nous avons la responsabilité de cette filière et c'est la raison pour laquelle on parle de responsabilité élargie du producteur. La responsabilité financière nous incombe et nous avons des objectifs de réincorporation. Nous ne pouvons pas financer un système qui ne parviendrait pas à atteindre les objectifs qui nous sont fixés. Nous devons avoir une approche sur nos droits et nos devoirs", avance Xavier Kaufman.
L’objectif de VHU collectés par rapport à la quantité de VN mis sur le marché est fixé à 65 % pour 2024. Ce taux grimpe à 68 % en 2026 et 70 % 2028. Ces objectifs restent toutefois indicatifs. Les éco-organismes et systèmes individuels pourront proposer une méthode de calcul et des objectifs alternatifs.
En parallèle de ces objectifs de collecte, figurent également des taux de recyclage. Le recyclage de la masse totale des VHU traités doit atteindre 85 % en 2024 pour les voitures et les utilitaires. Pour la valorisation des matières, le cap est fixé à 95 %.
Faire grandir le réseau Indra
Le système individuel choisi par le constructeur se base d'ailleurs sur Indra, filiale du constructeur détenue à 50/50 entre Renault et Suez. La société dispose aujourd'hui en France de 340 centres de démolition et a traité près de 360 000 véhicules en fin de vie en 2022. 30 % de ces modèles affichent les logos des trois marques du groupe Renault.
Avec la mise en place du système individuel, une redirection plus stricte des véhicules en fin de vie devrait être instaurée. Ce sont près de 250 000 voitures du groupe qui seront démontées dans les centres référencés par Indra, soit plus du double par rapport au système actuel. Le potentiel total estimé par la marque atteint 320 000 VHU en 2024.
Un volume qui nécessitera de faire grandir ce réseau. L'objectif est donc d’agrandir la couverture de 340 centres à près de 600. "Tout le monde peut postuler pour rejoindre notre écosystème", rappelle le CBO de The futur is Neutral.
La France compte aujourd'hui environ 1 700 centres agréés VHU en France dont une grande partie ne se réjouit pas forcément de la mise en place d'une filière REP pour les VHU. La principale crainte repose sur une captation du business de la pièce. "Aucun texte n'est parfait. La filière actuelle est rentable et il n'est pas question d'abîmer un système qui fonctionne. Mais nous devons faire mieux encore et être vigilant pour que la matière ne parte pas à l'étranger", poursuit Xavier Kaufman.
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Pour autant, l'arrêté publié le 26 novembre 2023 au Journal Officiel accorde aux centres VHU la propriété des pièces démontées destinées à la réutilisation ou à la valorisation. Les éco-organismes et systèmes individuels ne pourront donc pas imposer qu'elles leur soient remises, ni restreindre leur vente par les centres VHU.
De la même manière, le taux de pièces de réemploi fait l'objet de débats. Leur part devra atteindre 8,5 % de la masse des voitures et utilitaires en 2024, 10 % en 2026 et 16 % en 2028.
Les ambitions de The futur is Neutral
"Notre stratégie est d'exploiter au mieux ce gisement de matières issues des véhicules en fin de vie. C'est une mine à ciel ouvert avec énormément de potentiel à venir", poursuit Xavier Kaufman.
Une stratégie désormais intégrée dans la filiale The future is Neutral, dédiée à l'économie circulaire créée en octobre 2022.
En 2030, cette division du groupe doit générer un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d'euros avec le traitement des VHU, la récupération de pièces et de matières, mais aussi le recyclage des batteries.
Pour l'instant, la filière de recyclage des batteries est naissante, avec peu de générateurs à collecter. Le développement du marché avant 2030 va donc reposer sur le traitement des VHU et la vente de pièces de réemploi.
Selon Xavier Kaufman, 14 pièces prêtes à être réemployées dans le cadre d'une réparation sont aujourd’hui extraites d'un VHU. "Or nous pourrions facilement monter jusqu'à 25 pièces, comme c'est le cas par exemple dans les pays nordiques ou aux USA", ajoute-t-il.
Une hausse qui pourrait booster la part des pièces de réemploi dans le total des pièces de rechange. En 2022, le taux ne s'élevait qu'à 4,9 %.
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