Pour Carlos Tavares, l'hybride garde toute sa place dans la stratégie de décarbonation
"En mettant côte à côte l'atelier des transmissions à double embrayage électrifié et celui des anciennes boîtes de vitesse mécanique, ça fait un choc ! Mais je suis très heureux de voir que nous sommes passés de l'ancien monde au nouveau monde", souligne Carlos Tavares, directeur général de Stellantis. En effet, le site de Metz (57) du groupe qui a plus de 50 ans d’expertise dans la fabrication de boîte de vitesses manuelle, entre dans une nouvelle ère.
Pour s’en rendre compte, il faut traverser l’atelier historique, dont les robots paraissent usés et où une brume emplit l’atmosphère. Arrivé au bout, un espace plus clair, avec une machinerie plus moderne. Il s’agit de l’emplacement d’e-Transmissions, la coentreprise entre Stellantis et Punch Powertrain, créée en 2020. Cette dernière a lancé la production en 2021 de l’eDCT, boîte de vitesses électrifiée à double embrayage.
eDCT au cœur d'une stratégie portée sur le véhicule hybride
Pour répondre aux ambitions électriques de Stellantis, la joint-venture va intensifier sa capacité de production à 600 000 unités par an en France dès 2024, soit 2 100 transmissions en capacités journalières. Ces dernières, couplées aux moteurs produits dans l’usine de Trémery (57), à 20 km du site messin, est au cœur de la stratégie hybride 48V et hybride rechargeable de Stellantis.
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Ainsi, les boîtes de vitesse équiperont, dans les semaines à venir, les futures Peugeot 3008 et 5008 électrifiées, produites en France, puis, progressivement, d’autres modèles du groupe en Europe. S'il est régulièrement soumis aux débats, pour le directeur général de Stellantis, le véhicule hybride a encore toute sa place dans la décarbonation de la mobilité.
"Aujourd'hui, nous avons une incertitude énorme dans le marché européen. Devons-nous passer sur du 100 % électrique ? Je n’ai pas la réponse, ce sont les politiques qui l’ont. En revanche, nous avons une réponse pour diviser par trois les émissions de CO2, préserver des prix abordables pour les classes moyennes et avoir un impact positif sur l’environnement, assure Carlos Tavares. Cela consiste à remplacer les voitures de plus de 12 ans d'âge sur le parc actuel, qui émettent plus de 300g de CO2/km, par des véhicules qui en émettent moins de 100g. Ces derniers, ce sont des véhicules hybrides légers (MHEV P2) avec un moteur Turbo 3 cylindres de 1,2 litre, associé à la transmission eDCT produite ici."
Une méfiance à l’égard du tout électrique
Le groupe Stellantis a dépensé pour le moment près de 180 millions d’euros dans la mutation du thermique à l’électrique pour les sites de Metz et de Trémery, "mais nous n’avons pas fini", précise Carlos Tavares. Cette transformation fait partie du Plan Dare Forward 2030 du groupe. Lors de sa visite, le directeur général de Stellantis a par ailleurs réitéré sa méfiance à l’égard du tout électrique.
"Vous avez 1,4 milliard de voitures qui sont en circulation actuellement dans le monde, elles sont toutes thermiques. Ce n’est pas en vendant plus de véhicules électriques que vous allez résoudre le problème des émissions de CO2, souligne-t-il. Si vous proposez un véhicule à 100g d’émission de CO2 abordable pour les classes moyennes, par effet de volume, ce ne peut que être bon pour la planète"
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"Cette offre doit éventuellement compléter celle de VE. Simplement, il faut accepter de sortir du dogme et se préoccuper de la planète. C’est-à-dire qu’il faut sortir du parc roulant les voitures qui sont peu performantes au profit d’autres qui le sont plus, même en étant thermiques", ajoute-t-il
Actuellement, e-Transmission compte 121 salariés en CDI, mais se donne pour objectif, pour soutenir la cadence de ses capacités de production, d’atteindre un effectif de 500 employés pour 2024. À noter que les collaborateurs de la co-entreprise ne sont pas dépaysés puisqu’ils sont recrutés sur la base du volontariat, parmi les 1 000 salariés Stellantis du site de Metz.
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