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Constructeurs

Niveau de marge record pour Stellantis au premier semestre 2022

Publié le 28 juillet 2022

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Avec une marge opérationnelle de 14,1 % au premier semestre 2022 et un bénéfice net en hausse de 34 %, à 8 milliards d'euros, Stellantis présente un bilan semestriel record. Le groupe doit à nouveau beaucoup aux Etats-Unis où la marge opérationnelle atteint 18,1 % !
Malgré des ventes en baisse de 7 %, Stellantis a dégagé une marge opérationnelle de 14,1 %. © Stephane Sby Balmy

A l'image de son premier trimestre 2022, Stellantis a dévoilé un bilan semestriel record. Le groupe a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 17 %, à 88 milliards d'euros, avec une marge opérationnelle de 14,1 %, soit 12,4 milliards d'euros (+44 %). Le bénéfice net atteint 8 milliards d'euros (+34 %).

 

 

Sur un marché automobile fortement ralenti par les pénuries de puces électroniques, Stellantis a vu ses ventes baisser de 7 % en volume au niveau mondial avec 2,9 millions de véhicules écoulés, contre 3,2 millions au premier semestre 2021. Les ventes ont notamment été touchées par l'effondrement du marché européen, où la guerre en Ukraine est venue s'ajouter à la pénurie de puces.

 

"Le succès de la nouvelle Peugeot 308, du Fiat Scudo et de la DS4 est plus que contrasté par l'impact des pénuries de semi-conducteurs", précise Stellantis. Partout le groupe a privilégié la production des modèles les plus rentables, dont les véhicules 100 % électriques comme la Fiat 500 ou la Peugeot e-208. D'ailleurs ses ventes de voitures électriques ont bondi de 50 %, avec 136 000 unités écoulées au niveau mondial. Du côté du luxe, les ventes de Maserati ont légèrement baissé, à 10 000 exemplaires mais le chiffre d'affaires a progressé, à près d'un milliard d'euros.

 

 

Dans ce contexte, le résultat du premier semestre 2022 est le reflet de prix en hausse, de ventes de véhicules plus haut de gamme et d'effets de change positifs, a précisé le groupe dans un communiqué.

 

A lire aussi : Stellantis porté par les Etats-Unis

 

Stellantis a notamment enregistré une rentabilité "record" en Amérique du Nord où les prix et les ventes de ses Jeep et Chrysler ont fortement progressé, avec une marge opérationnelle courante à 18,1 %. Plus largement, toutes les zones affichent une marge à deux chiffres.

 

 

"Dans un contexte mondial particulièrement difficile, nous continuons nos efforts pour délivrer des résultats exceptionnels et mettre en œuvre notre stratégie audacieuse d’électrification, a commenté Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, dans un communiqué. Grâce à la résilience, à l’agilité et à l’esprit entrepreneurial de nos collaborateurs, et à la contribution de nos partenaires innovants, nous transformons Stellantis en tech company de mobilité durable prête pour le futur."

 

Des ventes en baisse au second semestre

 

Jusqu'où monteront les prix alors que le contexte économique s'assombrit ? L'inflation a déjà coûté 4 milliards d'euros supplémentaires au constructeur au premier semestre, dont 3 milliards d'euros pour les seules matières premières.

 

"Nous passons l'inflation sur nos clients tant que c'est possible", a expliqué le directeur financier du groupe, Richard Palmer, lors d'un appel avec des journalistes. "Notre activité est basée sur les marges, nous nous habituons à des volumes plus faibles. S'il y a une récession drastique, nous partons déjà d'un volume relativement faible de ventes".

 

Stellantis avait déjà enregistré en 2021 d'énormes profits pour sa première année d'existence, avec 13,4 milliards d'euros de bénéfice net. Le groupe entend doubler son chiffre d'affaires (152 milliards d'euros en 2021) d'ici à 2030 en profitant de l'électrification du marché et de gains de productivité. Il promet des marges opérationnelles à deux chiffres "tout au long de la décennie".

 

A lire aussi : Stellantis présente son plan stratégique pour 2030

 

Après la forte chute du marché automobile européen au premier semestre, le groupe a cependant revu fortement à la baisse ses prévisions de ventes pour l'année 2022. "Certains de nos concurrents se sont montrés plutôt optimistes sur la disponibilité de semi-conducteurs au deuxième semestre, (...) nos prévisions sont prudentes", a souligné Richard Palmer. Alors que l'approvisionnement en puces électroniques devrait se "normaliser au courant de l'année 2023", le groupe a désormais parmi ses priorités de "résorber" les coûts de l'inflation.

 

"Quelle que soit la nature de la crise qui va se présenter devant nous, ce qui importe c'est qu'on soit capable d'encaisser la vague. (...) Nous pourrions encaisser une réduction de notre chiffre d'affaires de 60 % et on serait encore rentable", a souligné le directeur général du groupe.

 

Il envisage des volumes en baisse de 12 % en Europe, de 8 % en Amérique du Nord, des ventes stables au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Sud. Ses prévisions restent inchangées pour l'Inde-Asie-Pacifique (+5 %) et pour la Chine (stable), où le groupe a annoncé qu'il allait arrêter la production des Jeep.

 

Dans ce pays, Stellantis est confrontée à une "forme de politisation du modèle d'affaires chinois, qui est allé crescendo depuis 4-5 ans", a expliqué Carlos Tavares. "Il va y avoir des tensions croissantes entre la Chine et le monde occidental", avec "des sanctions croisées", a-t-il prévenu. "Volkswagen et GM sont très présents là-bas et je ne voudrais pas être à leur place. Je préfère me mettre à l'abri, dans la mesure où Stellantis est une entreprise éminemment occidentale".

 

Le groupe maintient ses prévisions de marge pour 2022, et "les carnets de commandes sont remplis", a souligné Richard Palmer. "Nous avons pour l'instant un carnet de commandes extrêmement copieux, trois fois supérieur à un carnet de commandes pre-Covid. L'acceptation des prix est très bonne", a confirmé Carlos Tavares.

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