GM court à ses pertes

...vif au quartier général de GM. Après les 25 000 suppressions d'emplois annoncées en juin et l'économie de 15 milliards de $ sur les prestations "santé" de ses salariés négociée avec le syndicat UAW, le groupe, par la voix de son président-directeur général Rick Wagoner, vient de se résoudre à réduire sa production en Amérique du Nord. Un plan de rigueur qui vise à se limiter à un volume de 4,2 millions de véhicules à horizon 2008. Ces nouvelles mesures d'urgence prévoient la fermeture de plusieurs sites, mais aussi 5 000 licenciements supplémentaires. Douze sites sont d'ores et déjà concernés par ce plan de restructuration, dont cinq chaînes d'assemblage. Ces fermetures seront elles aussi échelonnées d'ici 2008 (voir encadré). Rick Wagoner n'a cependant pas dévoilé les modalités financières de cette restructuration, se contentant, un brin laconique, voire évasif, de dire qu'il reviendrait sur la question en temps voulu.

Une perte de 3,24 milliards d'euros depuis début 2005 !

En revanche, il s'est efforcé de démentir les rumeurs de mise en faillite du groupe, en affirmant que sa trésorerie reposait sur des bases saines… Une affirmation renvoyant à sa lettre "rassurante" publiée la semaine passée dans le Financial Times à destination des salariés et des analystes, mais qui n'a guère eu l'effet escompté sur les marchés financiers. Il est vrai que GM affiche une perte abyssale de 3,24 milliards d'euros depuis le début de l'année. Il est aussi vrai que des doutes subsistent sur les dommages que peut lui causer l'épineux dossier Delphi et sur ses intentions vis-à-vis de sa puissante division financière GMAC. Il est encore vrai que le groupe perd des parts de marché depuis cinq ans, bousculé par les constructeurs asiatiques, Toyota et Nissan en tête. Bref, l'action GM est en chute libre (- 40 % depuis début 2005) et vient d'atteindre son cours le plus bas depuis 14 ans. Et GM d'être l'entreprise avec la capitalisation boursière la plus faible de toutes les sociétés composant l'indice Dow Jones.

Produire d'autres modèles que des 4x4 de moins en moins prisés

Toutefois, Rick Wagoner rejette tout défaitisme, même s'il reconnaît volontiers que "ces décisions ont un impact regrettable sur de nombreux employés du groupe, leurs familles, et les agglomérations concernées". Coupe franche qu'il tente aussi d'aciduler en affirmant que la plupart des suppressions de postes s'effectueront par le biais de départs à la retraite anticipée. Parmi les perspectives qui s'ouvrent au groupe, Rick Wagoner promet la "production d'autres modèles que les 4x4 qui ne sont plus prisés des consommateurs comme avant". De nouveaux modèles seront ainsi dévoilés au prochain Salon de Detroit. GM confirme aussi son programme "hybrides", avec des applications sur plusieurs véhicules en 2006 (Saturn VUE, Chevrolet Malibu, SUV, pick-up…), et un plan de développement via l'éthanol (E85fuel). En outre, un soin particulier sera porté à la consolidation du réseau de distribution et à son développement dans certains Etats où les différentes marques du groupe n'exploitent pas tout leur potentiel. Enfin, GM valide sa stratégie de rabais (une nouvelle vague de remises vient d'ailleurs d'être lancée), faisant ainsi fi des commentaires peu amènes des analystes financiers qui estiment que ces démarches ne résolvent rien à long terme.

Alexandre Guillet