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Constructeurs

États-Unis : l'UAW maintient la pression

Publié le 18 septembre 2023

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Faute d'avancées dans les négociations, le syndicat prévient qu'il peut amplifier la grève qui touche les trois constructeurs américains. Les discussions ont repris, mais les augmentations de salaires proposées sont encore en deçà des objectifs de l'UAW.
Grève Ford, GM et Stellantis
Ford, GM et Stellantis proposent jusqu'ici des augmentations de salaires d'environ 20 %, mais le syndicat UAW vise plutôt 40 %. ©JD Adams/General Motors

"Si nous n'obtenons pas de meilleures offres (...), nous allons procéder à une amplification" de la grève, a déclaré le patron de l'UAW, Shawn Fain, lors d'une interview à la chaîne CBS dimanche 17 septembre 2023. "Ça fait des décennies qu'on est laissés à la traîne", a-t-il ajouté, expliquant que les ouvriers qu'ils représentent "en ont marre".

 

Très offensif depuis le début des négociations, il y a deux mois, Shawn Fain a ainsi fait monter d'un cran la pression alors que les discussions entre le syndicat et General Motors, Ford et Stellantis ont repris.

 

L'UAW a indiqué à l'AFP avoir rencontré dimanche des responsables de GM, sans plus de précision. Samedi, la centrale syndicale avait fait état de "discussions raisonnablement productives avec Ford" pour parvenir à un compromis sur une nouvelle convention collective.

 

"On ne veut même pas en entendre parler"

 

Trois sites sont à l'arrêt depuis vendredi, une usine General Motors à Wentzville (Missouri), une autre de Stellantis à Toledo (Ohio), ainsi qu'une antenne de Ford à Wayne (Michigan). Ils concernent 12 700 des 146 000 membres de l'UAW répertoriés chez les trois constructeurs, qui n'ont jamais connu une grève simultanée. Le syndicat a, jusqu'ici, choisi de limiter la portée des arrêts de travail pour ne pas bloquer toute la production.

 

"Stellantis et l'UAW ont entamé une étape critique des négociations", a indiqué samedi le constructeur. Stellantis a relevé son offre et propose désormais une hausse de "près de 21 %" des salaires sur la durée de la nouvelle convention collective, soit quatre ans, contre 14,5 % il y a encore une semaine.

 

Mais pour Shawn Fain, une offre à 21 % est largement insuffisante alors que l'UAW réclame quelque 40 % d'augmentation. "On ne veut même pas en entendre parler", a-t-il déclaré dimanche sur CBS. GM et Ford offrent, eux, de relever les salaires de 20 % au total.

 

A lire aussi : États-Unis : l'UAW lance la grève

 

Le parti républicain s'est saisi de ce dossier pour fragiliser le président américain Joe Biden, dont le bilan économique est critiqué. Le chef de l'État "a mené une politique qui a occasionné la pire inflation en 40 ans", a déclaré, dimanche, l'ancien vice-président Mike Pence sur la chaîne CNN, au sujet de la grève.

 

Des économistes attribuent effectivement à Joe Biden une partie de la flambée des prix, tout en y associant les mesures de relance prises par Donald Trump au début de la crise du coronavirus, ainsi que les effets de la pandémie elle-même, qui a perturbé les chaînes d'approvisionnement.

 

"Ces employés de l'automobile, qui travaillent dur, vivent la même situation que d'autres Américains, à savoir que les salaires ne suivent pas l'inflation", a martelé Mike Pence, candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle 2024.

 

L'ancien président Donald Trump, également candidat, accuse, lui, le plan de son successeur pour accélérer la transition énergétique de mettre le secteur automobile américain dans une situation difficile et de faire le jeu de la Chine.

 

Un enjeu politique

 

"Avec les démocrates et Joe la crapule, vous n'aurez plus d'emploi et vous serez fauchés dans les quatre ans", a averti dimanche l'ancien chef de l'État, sur son réseau social Truth Social.

 

Lui-même candidat à un second mandat, Joe Biden a envoyé, vendredi, un message de soutien aux membres de l'UAW et appelé les constructeurs à "aller plus loin" dans leurs propositions. "Des syndicats forts font croître l'économie", a écrit, sur X (anciennement Twitter), la vice-présidente Kamala Harris, qui a dit "respecter le droit des employés à faire grève".

 

Plusieurs élus démocrates ou de la gauche indépendante se sont rendus sur des piquets de grève ou à des rassemblements dans la région du nord des États-Unis, où sont situées beaucoup d'usines automobiles des trois grands constructeurs américains.

 

Après le sénateur de gauche Bernie Sanders vendredi, le chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a annoncé dimanche se rendre le jour-même à Detroit pour témoigner de sa "solidarité" avec le syndicat.

 

"Nous espérons tous que cela va se terminer rapidement, mais (...) une manne économique incroyable a été générée par ces entreprises (...) et il me semble juste que ces bénéfices soient partagés entre tous", a estimé l'élu, sur la chaîne ABC. (avec AFP)

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