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Constructeurs

Enfin vers un Airbus de la batterie ?

Publié le 10 octobre 2018

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
L'Europe semble enfin vouloir agir pour contrer l'ultra domination de l'Asie sur le marché des batteries. Même si ce vœu est encore loin d'être une réalité, cette convergence de paroles est déjà une avancée.
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et Luc Chatel, président de la PFA, le 9 octobre 2018 durant une visite au Mondial de l'Automobile.

 

Il semble finalement que Carlos Tavares ne prêche pas dans le desert. Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne chargé de l'Energie, non plus, avec sa volonté déjà affichée il y a plus d'un an de faire un "Airbus des batteries". En effet, à force de répéter depuis des mois que la direction prise vers le tout électrique allait faire naître une dépendance vis-à-vis de la Chine et ses fabricants de batteries, il semblerait que la sphère politique ait pris réellement conscience des enjeux.

 

Ainsi, mardi 10 octobre 2018, Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie, a appelé les industriels européens à faire "converger" leurs efforts en matière de batteries automobiles, jugeant nécessaire de défendre la "souveraineté technologique" de l'Union européenne face à la concurrence de la Chine.

 

"L'idée de faire une filière de l'industrie automobile électrique avec des composants uniquement asiatiques, ça n'a aucun sens", a déclaré le ministre lors d'une rencontre avec des responsables de PME du secteur automobile, au Mondial de l'Auto de Paris. "On doit être indépendants du point de vue technologique" et "bâtir notre propre filière" de batteries électriques, a ajouté Bruno Le Maire, en regrettant le manque de coordination des politiques industrielles européennes sur ce point.

 

"L'Allemagne s'engage dans un grand projet sur les batteries électriques, ils vont investir environ six milliards là-dessus (...) Moi, j'aimerais qu'on n'ait pas l'Allemagne d'un côté, la France de l'autre, chacune en train de développer des programmes de batteries électriques sans que l'on soit capables à un moment donné de converger", a insisté Bruno Le Maire. "Il faut que l'Allemagne puisse travailler main dans la main avec nous là-dessus, parce que, sinon, on risque fort d'être obligés de se fournir en batteries chinoises sur étagère", a poursuivi le locataire de Bercy.

 

Le retard des pays européens dans le secteur des batteries est régulièrement relevé par les acteurs du secteur automobile. Fin septembre, le président de la Plateforme automobile (PFA) Luc Chatel avait ainsi évoqué "le risque d'un déplacement d'une partie très significative de la chaîne de valeur vers l'Asie" en l'absence d'efforts européens pour "travailler sur une nouvelle génération de batteries".

 

Les batteries représentent 40 % du coût d'une voiture électrique et "sont aujourd'hui un monopole asiatique des Coréens, des Chinois et des Japonais", avait reconnu de son côté Carlos Tavares. En effet, 80 % des batteries sont proposées par les Japonais Panasonic et NEC, les Coréens LG et Samsung, et enfin les Chinois BYD et CATL. Il faut "créer un champion européen de la batterie", avait insisté le président du constructeur français.

 

Interrogé par des journalistes sur le retard pris par l'Europe en la matière, Bruno Le Maire a estimé qu'il n'était "absolument pas trop tard pour réussir cette transformation". "Sur le lithium ion liquide, de toute façon, la partie est perdue, ce sont les Chinois qui maîtrisent" la technologie. "Mais sur le lithium ion solide (une autre technologie, NDLR), on garde encore des perspectives", a-t-il insisté. (avec AFP)

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