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Constructeurs

Denis Le Vot/Maxime Picat : deux prétendants à la direction de Renault aux destins parallèles

Publié le 26 juin 2025

Par Jean-Baptiste Kapela
6 min de lecture
Après la démission surprise de Luca de Meo, deux noms ressortent pour prendre la direction générale de Renault : Denis Le Vot et Maxime Picat. Deux personnalités aux parcours professionnels qui se répondent au sein de groupes concurrents, sans jamais se croiser… Jusqu'à aujourd’hui. 
Denis Le Vot Maxime Picat
Denis Le Vot et Maxime Picat sont tous les deux pressentis pour remplacer Luca de Meo à la direction générale de Renault. ©Le Journal de l'Automobile

Après le choc, la réflexion. À peine remis de la nomination d’Antonio Filosa à la tête de Stellantis, les spéculations repartent de plus belle… Mais pour Renault cette fois-ci. En effet, depuis le départ surprise de Luca de Meo pour Kering le 15 juin 2025, plusieurs noms commencent à émerger pour le remplacer, mais deux personnalités sortent du lot.

 

D’un côté, le favori, un prétendant interne dont l'expérience est marquée par le groupe Renault : Denis Le Vot, directeur général de Dacia. De l’autre, Maxime Picat, le candidat dont la carrière est marquée par les marques du groupe Stellantis, Citroën et surtout Peugeot.

 

Ce dernier, doublé dans la short list pour prendre la tête du groupe franco-italo-américain, a étonnamment quitté son poste de directeur des achats "d’un commun accord" le 24 juin 2025. Deux grands noms de l’automobile dont les carrières se font écho. Si l’on en croit les dires du président du groupe au losange, Jean-Dominique Senard, le futur patron devrait être connu assez rapidement.  

 

Une fidélité pour leur constructeur 

 

En attendant, en comparant le parcours des deux candidats potentiels, des similitudes ressortent. À commencer par les études, puisque les prétendants partent du même point de départ, avec un diplôme d’ingénieur de l’École des Mines dans leurs bagages. Néanmoins, c’est en sortie d’études, en 1990 pour Denis Le Vot et en 1998 pour Maxime Picat, que les parcours divergent en intégrant deux entreprises concurrentes pour lesquelles ils feront allégeance. 

 

 

Denis Le Vot intègre ainsi la direction commerciale de Renault en 1990 pour ensuite prendre le poste de directeur de l’après-vente quatre ans plus tard, avant de devenir chef du service développement produits deuxième monte. Depuis plus de 30 ans, il n’a plus quitté le groupe Renault, traversant toutes les marques de l’Alliance, du losange à Nissan puis, depuis 2021, Dacia, au poste de directeur général de la marque.

 

 

Quant à Maxime Picat, l’ex-directeur des achats de Stellantis, il est perçu par l’univers automobile comme "un pur produit" PSA Peugeot-Citroën. C’est avec la marque au lion que l’Alsacien entame sa carrière en 1998, à l'âge de 24 ans, dans l’usine de Mulhouse (68).

 

Tous les trois ans, l’ingénieur progresse jusqu'à être nommé en 2004 responsable du projet d’industrialisation de la Citroën C4 à l’usine de Sochaux (25) et poursuivra sa carrière au sein du groupe PSA puis Stellantis, en passant par la direction générale de la marque Peugeot et de l’Europe élargie au niveau groupe. 

 

Deux parcours à l’international

 

L’expérience internationale figure au tableau des particularités des CV de ces deux ingénieurs de formation. Au cœur de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Denis Le Vot passe de la Russie à la Turquie en passant par la Belgique. Il a notamment été nommé en 2016 à la direction des opérations de la région Eurasie en intégrant en parallèle le conseil d’administration d’Avtovaz, premier constructeur automobile de Russie. Renault-Nissan y détenait une participation de 67,69 %, avant de céder cette part en 2022. En janvier 2018, Denis Le Vot traverse l’Atlantique pour prendre le comité de direction de Nissan en Amérique du Nord.

 

Maxime Picat, quant à lui, partira en Chine en 2007 pour prendre le poste de directeur du site de production de Wuhan, fruit de la collaboration entre PSA et le constructeur Dongfeng. Quatre ans plus tard, les modèles endémiques de Peugeot et Citroën dans l’empire du Milieu connaissent le succès en Asie… Mais de courte durée. Il occupe en 2012 pendant un an la fonction de directeur général de la coentreprise Dongfeng Peugeot Citroën Automobile (DPCA), juste avant de prendre la direction de Peugeot en 2013.  

 

Ils ont récolté les lauriers de leur groupe 

 

Pour être pris au sérieux pour un poste comme celui de directeur général de Renault, il n’y a pas que la carrière à prendre en compte, mais aussi les réussites. Sur ce point, les personnalités en ont eu leur lot. Deux parcours couronnés d’un prix de l’Homme de l'année en 2021 pour Maxime Picat et en 2024 pour Denis Le Vot. 

 

 

Ce dernier, en étant nommé directeur général de Dacia en 2021, a su redorer l’image de la marque roumaine considérée comme low cost en une marque rajeunie, tant en termes de marketing que de gamme. Une stratégie qui lui a permis de rehausser le pricing power.

 

Très apprécié en interne, Denis Le Vot dispose d'une très forte popularité qui s'appuie sur une grande force de travail et un humour à toute épreuve. Lors d'un dîner avec des journalistes la semaine dernière, ce dernier avait même préparé un post-it "No comment" lorsque l'on évoquait la succession de Luca de Meo. 

 

 

Quant à Maxime Picat, il a permis de réviser la gamme de Peugeot en renouvelant le 3008, le modèle phare de la marque au lion. De main de maître à la direction générale de l’Europe élargie, il a permis au groupe de renouer avec la rentabilité grâce à d’excellents résultats.

 

Les spéculations pour le trône en losange

 

Alors, qui sera l'heureux élu ? Selon l'une de nos sources, Denis Le Vot se présente comme "quelqu'un qui a clairement la préférence des réseaux, des collaborateurs du groupe, que l'on connaît déjà en interne. Il est apprécié par tous, y compris par les syndicats".

 

Selon cette même source, concernant Maxime Picat : "Il est un pur produit Stellantis et c'est plus compliqué, même si la personne est brillante", ce qui reflète potentiellement les motivations de recrutement au sein du groupe Renault. 

 

Denis Le Vot serait ainsi présenté comme une "forme de continuité" de Luca de Meo. "Son parcours est un symbole de la méritocratie française. Il coche beaucoup de cases, mais il n'a peut-être pas cette touche produit qu'avait de Meo. Mais au regard du travail déjà effectué chez Renault, c'est peut-être moins nécessaire", sourit une personne du groupe au losange. 

 

Maxime Picat, malgré son profil certain de dirigeant de constructeur, souffre plus d'une "culture Stellantis" applicable moins facilement chez Renault. En tout cas, dans un délai aussi rapide. Quel que soit le choix de Renault, l'Alsacien pourrait reprendre à son compte la phrase glissée par Carlos Tavares en août 2013 lorsqu'il était directeur général délégué de Renault : "Tout passionné d'industrie automobile arrive à la conclusion qu'à un moment donné, il a l'appétit pour devenir numéro un."

 

Visiblement, la date de départ de Luca de Meo, fixée au 15 juillet 2025, devrait être concomitante avec celle de l'annonce de son successeur.

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