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Constructeurs

D'après un sondage, les Français ne sont pas encore prêts au tout électrique

Publié le 16 janvier 2025

Par Jean-Baptiste Kapela
5 min de lecture
Dans une étude sur la perception de la voiture et de la filière automobile française commandée par la PFA, 80 % des sondés déclarent être attachés à leur voiture. En revanche, seuls 43 % des répondants pensent que les véhicules électriques sont une bonne solution contre le réchauffement climatique.
Véhicule électrique
73 % des sondés pensent que la fin des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035 est un objectif irréaliste. ©Adobe Stock / teksomolika

Il n'a échappé à personne que les véhicules électriques traversaient actuellement une mauvaise passe. Dans un contexte économique compliqué, la Plateforme automobile (PFA) a conduit avec l'institut CSA une étude sur le rapport des français avec leur voiture, et leur confiance dans la filière industrielle tricolore pour les aider à assurer leur transition énergétique. C'est une déception sur ce dernier point puisque seuls, 43 % des sondés ont déclaré que les voitures 100 % électriques étaient une réponse satisfaisante face au réchauffement climatique. Ce chiffre peut paraître insuffisant au moment où la filière vise la fin du thermique dans dix ans.

 

Ils sont donc majoritaires à exprimer une défiance vis-à-vis de cette technologie. Ils sont encore plus nombreux à qualifier l'échéance de 2035 d'irréaliste. Près de 70 % des Français interrogés estiment que l'arrêt des ventes de véhicules thermique neuf n’est pas une bonne chose pour le consommateur ou pour l’industrie automobile française. Un scepticisme qui n’est pas dû à la méconnaissance de la réglementation puisque 78 % des répondants affirment être au fait de cette dernière. 

 

Une part d’électro-sceptique importante

 

Dans le cadre de son étude, le cabinet d'étude CSA a réalisé une typologie de la population française afin de mieux cerner sa perception des véhicules à batterie. Divisée en cinq groupes, 37% des sondés se retrouvent dans la catégorie des "électro-sceptiques", constituant le plus gros contingent. L’institut de sondage les décrit comme "attachés à leur voiture telle qu’elle est" et faisant "preuve d’une certaine méfiance et méconnaissance envers la voiture électrique", adoptant une posture jugée "conservatrice" par CSA. Les "électro-allergique" qui rejette profondément le VE, sont plutôt minoritaires avec seulement 11 % des suffrages. Notons néanmoins que la défiance générale pour les véhicules électriques s'élève à 48 % de la population. 

 

 

Les "électro-prudent", le deuxième groupe en importance, sont des Français plutôt en faveur des véhicules électriques et faisant confiance à l’industrie hexagonale. Ils hésitent toutefois à passer à l'achat en raison de "la charge mentale qu'impliquent les véhicules électriques", soulève Julie Gaillot, partner CSA Research. Les électro-enthousiastes, quant à eux, ne représentent que 16 % des sondés.  Les 11 % restants se trouvent représentés par les "détachés du volant" pour qui la voiture ne se présente pas comme un élément important. 

 

Convertir les sceptiques 

 

"Ce qui m'inquiète au travers de cette étude, c’est qu’en 2030, nous devrons réaliser plus de 50 % de part de marché en électrique (normes CAFE). Cela veut dire qu’il va falloir absolument convaincre les électro-sceptiques et les électro-prudents, soit plus de 62 % d’attentistes, s'inquiète Gilles Le Borgne, ancien directeur technique et désormais conseiller du président du groupe Renault. L’étude révèle aussi que nous ne sommes vraiment pas bons en matière de pédagogie. À la question "Est-ce que le VE est une bonne solution ?", la réponse est clairement "oui". Sur l’ensemble du cycle de vie de la batterie, le véhicule électrique est écologiquement rentable et il faudra y passer", ajoute-t-il.

 

"Ce qui me frappe, c'est qu’en l’espace de cinq ans, j’ai l’impression que les lignes ont encore bougé. Nous avions fait une étude en 2019 où les résultats étaient plus positifs. L’image de la voiture électrique au cours de ces cinq dernières années a évolué plutôt négativement, s’étonne de son côté Flavien Neuvy, maire de Cebazat (63), économiste et président de l’Observatoire Cetelem. Cela s’explique peut-être par le fait que l’on entend davantage parler de voiture électrique et qu'une musique de fond d'avis négatifs émerge. Par ailleurs, je pense que l’augmentation du prix de l’électricité a aussi eu un impact négatif et beaucoup de Français préfèrent attendre.” 

 

 

Pour parvenir à convertir ces sceptiques, les deux invités de la PFA appellent à la fin de l'instabilité des politiques publiques qui n’a fait "qu'aggraver les doutes vis-à-vis de la voiture électrique", explique Flavien Neuvy, rappelant les incitations pour l’achat de véhicules diesel, désormais banni des grandes métropoles. Côté constructeurs, Gilles Le Borgne place ses espoirs dans l’arrivée de véhicules électriques abordables, en rappelant l'arrivée de la R5 à près de 25 000 euros au cours de l’année 2025. 

 

La voiture reste un totem pour les Français

 

Les véhicules 100 % électriques pourraient ainsi prendre une place importante dans le choix des Français. L’étude montre toutefois que les Français ont une connaissance très insuffisantes des dispositifs d’aide à l’achat auxquels ils sont éligibles (73 %). Plus d'un tiers déclare que les dispositifs d’aides existants (Prime à la conversion et bonus écologique) pourraient les inciter à franchir le cap de l’achat d’un véhicule électrique neuf.

 

 

Dans cette étude, les Français réitèrent cependant leur amour de la voiture puisqu’ils sont 80 % à s'y déclarer attachés et 83 % la considèrent comme indispensable. Seuls 25 % d'entre eux se déclarent prêts à s’en détacher. Au-delà du véhicule, les sondés expriment une certaine confiance à l’égard de l’industrie automobile française, puisque 78 % d'entre eux s’accordent à dire que la filière a une plutôt bonne image. Pour ces sondés, l’industrie a d’ailleurs évolué au cours des dernières années (70 %) dans le “bon sens” (86 %).

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