Antonio Filosa place des hommes issus de FCA aux postes clés de Stellantis

Virage stratégique dans l'organigramme de Stellantis. En Europe, la surprise est de taille. Jean-Philippe Imparato, qui avait été nommé à la tête de la région en octobre 2024, se voit rétrogradé. Il garde Maserati (dont il avait déjà la direction) et reprend le pilotage de Stellantis & You, la filiale de distribution. De fait, ce dernier se retrouve sous la direction de son successeur, Emanuele Cappellano.
En interne, cette réorganisation a fait l’effet d’un choc. Une conclusion s’impose : Antonio Filosa concentre désormais le pouvoir et place ses hommes aux postes stratégiques, en particulier des profils issus de l’ex-FCA. Emanuele Cappellano a en effet commencé sa carrière chez Fiat Chrysler Automobiles. Il a également participé activement à la fusion entre FCA et PSA. Depuis deux ans, il était directeur général de la région Amérique du Sud après avoir officié en Amérique du Nord en tant que directeur de la stratégie et du développement du groupe.
Pourtant, Jean-Philippe Imparato avait été confirmé en juin 2025 par le nouveau patron de Stellantis, lors de sa prise de fonction officielle. À cette époque, le dirigeant expliquait que la Stellantis leadership team "rassemblait le meilleur du constructeur".
Stellantis & You et Maserati : deux nouvelles missions pour Jean-Philippe Imparato
Trois mois plus tard, la vision semble avoir changé. Pourtant, Jean-Philippe Imparato a pour le moins "mouillé la chemise". Il a notamment permis de renouer le dialogue avec le réseau de distribution du groupe, dont la rupture était presque consommée avec le constructeur. Au bord de l'asphyxie financière, à cause de buy back démesurés, et plus que désavoués par Carlos Tavares qui résumait le rôle des concessionnaires à un poste de coût, les groupes de distribution avaient été rassurés par la nomination d'un homme qui les respecte et qui a su remettre de l'huile dans les rouages.
Sa nomination à la direction de Stellantis & You le ramène près de dix ans en arrière, quand il dirigeait PSA Retail en 2013 avant de remplacer Maxime Picat à la tête de la marque Peugeot. À cette date, la filiale de distribution engrangeait les pertes financières. Carlos Tavares voulait stopper l'hémorragie. Mais Jean-Philippe Imparato avait réussi à redresser la santé financière des filiales, leur permettant d'échapper au couperet.
L'ancien patron de l'Europe a également repris le chemin du lobbying à Bruxelles. Entre les normes d'émissions de CO2 impossibles à respecter sur les véhicules utilitaires et un marché européen en berne, Jean-Philippe Imparato était monté au créneau pour promouvoir une flexibilité dans le zéro émission prévu en 2035.
Lobbying et normes CO2 désormais confiés à Emanuele Cappellano
Ce sera donc à son successeur désormais de reprendre le flambeau des discussions européennes alors que la Commission travaille à une révision des normes de CO2 pour les voitures particulières et utilitaires, mais aussi sur une réglementation différente permettant une homologation plus simple pour les petites voitures européennes.
"Je laisse la région entre les mains de la meilleure personne pour continuer ce voyage : Emanuele Cappellano. Je suis convaincu que, grâce à lui, tout ce que nous avons construit sera capitalisé et encore amélioré. À partir d’aujourd’hui, je vais me concentrer sur mes deux plus grandes passions : le produit – avec l’honneur d’être PDG de Maserati, l’une des plus belles marques du monde automobile – et la vente, en tant que responsable du réseau de distribution Stellantis & You", a déclaré Jean-Philippe Imparato sur son compte LinkedIn.
Quant au maintien de Jean-Philippe Imparato à la tête de Maserati, l'interrogation reste de mise puisqu'Antonio Filosa n'a toujours pas dévoilé sa stratégie sur la marque mythique du groupe dont les ventes et la production se sont effondrées. Avec moins de 4 000 ventes attendues en 2025, la marque est clairement en danger de mort à moins d'un repositionnement radical.
Départ d’Arnaud Deboeuf, héritage de l'ex-PSA
Autre nomination qui montre une plus grande mainmise des anciens FCA au sein du nouveau Stellantis : Francesco Ciancia succède au poste de directeur du manufacturing à Arnaud Deboeuf, qui quitte Stellantis. Si Fransesco Ciancia était précédemment à la tête de la division des véhicules utilitaires chez Mercedes, il est également un ancien cadre dirigeant de FCA où il a occupé les fonctions de responsable de la fabrication pour l'Amérique du Sud.
La vision très "lean" du manufacturing mise en place par Arnaud Deboeuf depuis 2019 au sein du groupe PSA puis Stellantis, semble bel et bien avoir vécu. En tout cas, elle n'est pas partagée par Antonio Filosa. Il est vrai que les problèmes de production des Citroën C3, ë-C3 mais aussi de plusieurs modèles Peugeot, plus récemment, ont sans doute accéléré le départ d'Arnaud Deboeuf. D'autant que ces mêmes soucis ont été vus dans les usines américaines, directement sous la supervision du nouveau dirigeant de Stellantis.
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