Ampere, l'ambitieux projet du groupe Renault, est née
Depuis le 1er novembre 2023, la filiale Ampere du groupe Renault a officiellement vu le jour. Dédiée à l’électrification des gammes du constructeur, les 10 000 salariés concernés par Ampere ont commencé à rejoindre juridiquement cette nouvelle filiale. En 2031, c'est un million de véhicules électriques sous marque Renault qui seront produits sous cette entité.
Nouvelle filiale, nouveaux dirigeants mais un seul patron, Luca de Meo, qui va directement gérer les destinées du futur électrique du constructeur en supplément du costume de directeur général du groupe Renault. Josep Maria Recasens et Vincent Piquet, sont respectivement nommés directeur des opérations et directeur financier d'Ampere.
Entrée en Bourse en 2024
Mais cette naissance arrive dans une période difficile. Et les différents reports d'introduction en Bourse n'augurent pas une entrée fracassante sur les marchés financiers. Prévue à la fin de cette année, le groupe l'a finalement reportée au premier semestre 2024, jugeant la période plus favorable. Cette entrée en Bourse devrait coïncider avec la présentation officielle de la Renault R5 qui doit représenter le renouveau de Renault dans l'électrique. Mais le lancement de la R5 pourrait intervenir dans un an seulement. Et entre les prévisions de valorisation avancées par Renault et celles anticipées par les analystes, le fossé se creuse.
Luca de Meo envisageait au début du mois de septembre 2023 une valorisation comprise entre huit et dix milliards d'euros. Un niveau proche de celui de la capitalisation actuelle de l'ensemble du groupe (10,4 milliards d'euros). Mais cet optimisme est rebattu par certains analystes. Certains tablent plutôt sur une fourchette comprise entre cinq et sept milliards d'euros. Les plus pessimistes parlent même de trois à cinq milliards d'euros.
Le risque existe
Ampere naît dans un environnement pour le moins chahuté que ce soit d'un point de vue boursier ou automobile. Le premier vient de connaître un mensis horribilis avec les géants de la tech et du digital qui ont perdu près de 10 % de leur valeur en octobre 2023 et près de 1 000 milliards de valeur envolée au cumul entre Apple, Amazon, Alphabet, Meta ou encore Tesla. Le second vit dans la fébrilité de l'arrivée des constructeurs chinois sur le sol européen et de la pression sur les prix des véhicules électriques.
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Or, placer Ampere dans les mains des marché financiers, doit permettre de séduire des investisseurs attirés justement par la tech et le digital. Une séduction qui doit se traduire par un soutien financier au constructeur pour ses investissements colossaux nécessaires à la production de véhicules électriques.
Petit soutien de Nissan et Mitsubishi
Une filiale dans laquelle Renault est majoritaire, mais qui associe entre autres des constructeurs comme Nissan et Mitsubishi. Cette association étant d'ailleurs au cœur de la nouvelle Alliance dévoilée en février 2023. Mais alors que Nissan prévoyait de prendre 15 % du capital d'Ampere, le constructeur japonais ne signera que pour une prise de participation allant jusqu'à 650 millions d'euros (100 milliards de yens). Quand à Mitsubishi Motors, l'annonce s'est faite le 24 octobre 2023 avec un investissement de 200 millions d'euros dans Ampere.
Les ambitions sont pourtant élevées. Ampere vise plus de 30 % de croissance annuelle dans les huit prochaines années, et 10 % de marge en 2030, contre 4,7 % pour le groupe Renault au premier semestre 2022. La gamme d’Ampere est pour partie déjà connue. Elle se compose de la Megane e-Tech, sortie en 2022, du nouveau Scenic, de la future R5 dont la sortie a été retardée à l'automne 2024, suivie de la R4 en 2025.
L'activité doit être concentrée en France, principalement autour des trois sites industriels nordistes de Douai (59), Maubeuge (59) et Ruitz (62), qui forment le pôle "Electricity" et l’usine de moteurs électriques de Cléon, en Seine-Maritime.
Réduire les coûts de 40 % par voiture
Avec Ampere, les objectifs sont ambitieux. Il s'agit de réduire les coûts de production de 40 % par voiture pour la prochaine génération de véhicules d'ici 2027 et au-delà. Une partie des leviers nécessaires sera déjà intégrée dans la production de la Renault 5 (2024) et de la Renault 4 (2025). La diversité des pièces doit être abaissée de 30 % et la productivité dans la fabrication doit permettre de réduire à moins de dix heures le temps de production par voiture.
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La recherche et développement en matière de batteries est également à l'ordre du jour, que ce soit dans le développement de la batterie solide ou la création de plateformes de véhicules définis par software.
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