Luca de Meo promet la révolution chez Renault
Quatre marques, trois cycles de temps et un objectif de maîtrise des coûts drastique. La Renaulution, le plan de relance du nouveau directeur général du groupe Renault, Luca de Meo, vient d’être présenté avec une ligne de conduite : réorienter la stratégie de volume qui prévalait chez le constructeur vers une stratégie de création de valeur.
Cet objectif de volume, en vigueur sous l’ère Ghosn, est définitivement révolu, n’ayant donné aucun des résultats escomptés, comme l’a expliqué Luca de Meo lors de la présentation du plan : "Nous sommes devenus plus grands mais pas meilleurs". En 2019, le groupe a vendu 3,6 millions de véhicules alors que l’objectif en 2022 était d'atteindre 5 millions. Pire encore, l’année 2020, plombée par la pandémie de coronavirus, a vu plonger les ventes à 2,9 millions de véhicules amenant un taux de rentabilité des capitaux investis en baisse de 50 % entre 2019 et 2015.
Présent dans 130 pays, le groupe concentre cependant les 3/4 de ses revenus en Europe. "C’est une expansion géographique qui entraine souvent la diversité des produits et la complexité des gammes. De plus, nous concentrons les deux-tiers de nos ventes sur le segment B alors que le segment C génère 30 % de marge opérationnelle par véhicule", a poursuivi Luca de Meo, dressant un diagnostic assez cru de la réalité industrielle du groupe.
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Côté positif, ce dernier s’appuie cependant sur de solides atouts issus d’un héritage positif. Tout d’abord, le groupe a été parmi les premiers à s’engager dans un véritable programme de véhicules électriques qui aujourd’hui compte près de 325 000 ventes depuis son lancement. Le premier également à proposer une véritable voiture low cost qui accumule près de 14 millions de véhicules vendus dans le monde tout en étant rentable. Enfin, depuis près d’un siècle, le groupe dispose d’une banque de détail, RCI Banque, qui figure parmi les meilleures pour la profitabilité. Luca de Meo, n’a pas non plus oublié l’Alliance dans l’héritage positif du passé qui constitue selon lui une grande force, non pas pour des questions d’échelle mais plutôt pour le potentiel généré, que ce soit pour les volumes d’achat (100 milliards d‘euros), de bénéfices (70 % des gisements mondiaux).
Résurrection, Rénovation et Révolution
Impossible de transformer en un clin d’œil une stratégie industrielle qui doit suivre les évolutions des produits. Pour autant le calendrier est fixé : de 2020 à 2023, la phase résurrection est entamée, avant la rénovation qui se concentrera entre 2023 et 2025 et enfin la révolution de 2025. Des noms qui évoquent bien la transformation qui doit s'opérer.
L’ambition dévoilée par Clotilde Delbos, directeur général adjoint, à cette échéance, est d’obtenir une marge opérationnelle au moins égale à 5 %, un free cash-flow de 6 milliards d’euros et une rentabilité des capitaux investis supérieure à 15%. Un premier point d’étape, en 2023, devrait permettre d’afficher apporter une marge opérationnelle supérieure à 3 %, un free cash-flow de 3 milliards d’euros et une rentabilité des capitaux investis de 8 ou 9 %.
Pour y parvenir une nouvelle organisation est mise en place autour de 4 business unit : Renault dirigée par Luca de Meo, Dacia-Lada sous la responsabilité de Denis le Vot, Alpine, désormais entre les mains de Laurent Rossi et Mobilize sous l’œil financer de Clotilde Delbos. Le tout en lien avec une division ingénierie, dirigée par Gilles Le Borgne (Homme de l’année du Journal de l’Automobile), responsable du timing, des coûts et de la performance de produits. Ce service a déjà permis de baisser de 20 % les coûts de R&D et devra réduire de moitié le coût des prototypes. De cette manière, le lancement des nouveaux produits pourra s’opérer en moins de trois ans.
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3 plateformes pour 6 millions de véhicules dans l’Alliance
La rénovation passera avant tout par une réduction des familles de produits et des plateformes issues de l’Alliance qui passeront de 6 à 3 (la CMF-B/EV, ma CMF-CD et la CMF-EV). "3 plateformes pour 6 millions de véhicules nous permettent d’être en finale de la ligue des champions automobiles", a déclaré Luca de Meo.
Les familles de moteurs, de leur côté, seront divisées par 2 et passeront de 8 à 4. Un seul diesel resistera, principalement pour les VUL. Une seule motorisation essence est également prévue avec la technologie E-Tech, ce qui, selon le directeur général de Renault, "doit permettre d’atteindre les objectifs CO2 avec peu d’investissements supplémentaires. La technologie E-Tech est l’une des perles cachées de notre maison". Aujourd'hui déjà, le directeur général du groupe affirme générer plus de marge par véhicule électrique vendu que pour un véhicule thermique. Enfin, Renault travaille pour intégrer la technologie hydrogène sur les véhicules utilitaires.
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Cette nouvelle organisation doit permettre le lancement de 24 modèles dans le groupe, dont 14 Renault, d'ici 2025 dont la moitié dans les segements C et D plus rémunérateurs.
Trouver 2,5 milliards d'euros d'économies de coûts fixes
Moins de motorisations, moins de plateformes et moins de familles de produits : cette réduction aura également pour conséquence une baisse des capacités de production qui doit passer de 4 millions de voitures à 3,1 millions en 2025 afin d’obtenir un taux d’utilisation des usines supérieur à 100 % contre près de 70 % à ce jour.
Si Renault affirme que la feuille de route est déjà définie, pour l’instant aucune information n’a filtré sur de possibles fermetures de sites. Mais le constructeur annonce d'ores et déjà qu'un immense Electropole, sans doute basé dans le Nord de la France, devrait voir le jour comprenant l'assemblage de batteries. Ce qui devrait constituer une première étape pour la nouvelle vague industrielle du groupe, qui intègre également la transformation de l'usine de Flins en une Re-factory ou encore la Renault Software Factory qui gérera, outre le partenariat avec Google, l'intégralité des données et la sécurité des Adas et des véhicules autonomes.
L’objectif est de baisser le point mort de 30 % d’ici 2023 avec un effort de 600 euros par voiture sur les coûts variables mais également les coûts fixes qui doivent permettre d’économiser 2,5 milliards d’euros à cette date. Tout sera étudié y compris la distribution dans tous les pays et la stratégie de la filiale RRG. Un objectif qui s'acompagne d'une hausse du panier moyen de 5 000 euros en 2023 et de 7 000 € en 2025.
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