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Constructeurs

Un nouveau chapitre s'ouvre à Flins dès 2021

Publié le 25 novembre 2020

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
L'usine de Flins ne produira plus de véhicules neufs à partir de 2024, mais sera dédiée à l'économie circulaire. Baptisé Re-Factory, le site sera constitué autour de quatre pôles de compétences. Les premiers effets seront visibles dès 2021.
Malgré sa transformation en Re-Factory, l'usine de Flins va continuer à produire la Zoé jusqu'en 2024.

 

Depuis sa création en 1952, l'usine Renault de Flins a longtemps été le porte drapeau du losange et prouvé sa capacité d'adaptation avec une vingtaine de modèles différents produits au fil des ans. Moins célèbre que celle de l'île Seguin, elle peut être considérée comme l'usine "à volume" avec, dès 1956, la Dauphine. Puis suivrons d'autres modèles emblématiques qu'ont été les R8, R4, R5, Supercinq, Clio et Twingo. Mais c'est à partir de ces deux derniers modèles que la machine s'enraye.

 

La dernière Twingo y est fabriquée le 28 juin 2007 avant de partir en Slovénie. La Clio y restera quelques années de plus, mais seulement certaines versions "haut de gamme" quand la majorité vient de Bursa en Turquie (304 392 Clio IV et V produites en 2019). Viendront ensuite la Zoé en 2012 puis la Micra en 2016. Pas de quoi "saturer" l'usine. En 2018, Renault avait notamment annoncé le doublement de la capacité annuelle de production de la Zoé pour la porter, d'ici 2022, à 120 000 unités. L'année dernière, en 2019, seulement 64 061 Zoé ont quitté les chaînes, auxquelles il faut ajouter 41 931 Clio IV et 54 118 Micra. Cette année-là, Flins a donc produit 160 110 véhicules.

 

La donne va donc changer. Fini les voitures neuves après 2024. La prochaine génération de Zoé déménagera à Douai et la Micra trouvera sans doute sa place un nouveau site européen de l'Alliance. Renault veut faire de ce site, entre 2021 et 2024, une usine multidisciplinaire baptisée Re-Factory. Le constructeur affirme qu'il s'agit "de la première usine européenne dédiée à l'économie circulaire de la mobilité." Quatre grands pôles constitueront le site des Yvelines : Re-Trofit, Re-Energy, Re-Cycle et Re-Start.

 

Le pôle Re-Trofit, qui pourrait employer rapidement près de 1 000 personnes, est ainsi présenté : "ce pôle regroupera l’ensemble des activités permettant d’allonger la durée de vie des véhicules et de leurs usages, en coordination avec le pôle Re-Cycle afin d’assurer une gestion efficiente des flux de pièces et matières usagés au sein d’un même site. Il intégrera une Factory VO pour le reconditionnement des véhicules d’occasion, une activité de retrofit pour la conversion de véhicules thermiques vers d’autres énergies moins carbonées, des services de réparation des flottes de véhicules et des nouvelles mobilités, ainsi qu’un service de fabrication de pièces rares à partir d’imprimantes 3D. Il s’appuiera aussi sur un centre de test et prototypage sur la durabilité des véhicules et des matières, pour enrichir la conception de futurs véhicules et proposer des améliorations en cours d’usage." Au sujet du reconditionnement VO, Luca de Meo, le directeur général de Renault, a indiqué que cette activité allait démarrer dès l'été 2021, avec le concours des VO du réseau mais aussi de prestataires de mobilité qui ont besoin de ce service.

 

Pour le pôle Re-Energy, Renault "entend faire passer à l’échelle industrielle le potentiel d’applications découlant de la batterie électrique et des nouvelles énergies (optimisation de la première vie des batteries, développement d’applications en seconde de vie comme le stockage stationnaire d’énergie, gestion de la fin de vie des batteries, élaboration de solutions techniques et d’approvisionnement pour les nouvelles énergies comme l’hydrogène)."

 

Avec le pôle Re-Cycle, qui intègre les activités de l'usine de Choisy-le-Roi et les salariés qui veulent poursuivre à Flins, Renault souhaite rassembler "toutes les activités du groupe contribuant à une gestion efficiente de la ressource et de ses flux pour favoriser un approvisionnement de pièces et matières en boucles courtes et intégrer une part croissante de matériaux recyclés ou réemployés (installation d’une ligne de démantèlement de véhicules hors d’usages, extension des activités de remanufacturing, de réemploi et de recyclage des matériaux)." Une activité qui pourrait représenter, assez rapidement, selon Luca de Meo, plus de 1 250 personnes. Enfin, avec le pôle Re-Start, le groupe veut "valoriser et développer les savoir-faire industriels, mais aussi accélérer la recherche et l’innovation en matière d’économie circulaire, ce pôle projette d’héberger un incubateur ainsi qu’un pôle universitaire et de formation."

 

Pour Luca de Meo, "avec la Re-Factory, Flins va devenir une référence européenne en matière d’économie circulaire. Elle va permettre au groupe de répondre aux enjeux qui se posent aujourd’hui, et plus encore demain, aux acteurs de la mobilité et à ceux de l’automobile. Cette usine, avec un objectif de bilan CO2 négatif à 2030, s’inscrit pleinement dans la stratégie globale du groupe en alliant économie circulaire, réduction des émissions, développement des compétences et création de nouvelles activités générant de la valeur."

 

"Cette annonce concrétise un travail remarquable des équipes de Renault et des concertations constructives avec nos parties prenantes dont les collectivités locales. La Re-Factory est un nouveau souffle pour Renault, ses salariés et pour l’ensemble du dynamisme du territoire. Ce projet s’appuie sur notre engagement pionnier dans l’économie circulaire, sur nos valeurs, sur nos savoir-faire et répond pleinement à notre ambition de transformer positivement notre industrie", a déclaré Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault.

 

Pour l'heure, l'emploi n'est pas la question centrale selon Renault car la production de la Zoé va continuer jusqu'en 2024. Cela étant, le constructeur va proposer aux salariés de Flins, dès le premier quadrimestre 2021, des formations pour acquérir les compétences nécessaires à la future vie de l'usine. Renault s'est engagé sur le maintien de 1 700 à 2 100 emplois et espère faire croître ce chiffre à 3 000 unités à l'horizon 2030. Et peut-être même plus, car Flins version Re-Factory sera une plateforme ouverte pouvant attirer d'autres entreprises et donc d'autres emplois.


 

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