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Sanef donne le ton sur le véhicule électrique

Publié le 15 juillet 2024

Par Robin Schmidt
7 min de lecture
Dans une récente étude, l’ONG Transport & Environment place le groupe Sanef parmi les 40 % d’entreprises les plus vertueuses en matière d’électrification de flotte. La société, qui exploite 1 807 km d’autoroutes, semble donc en bonne voie dans l’atteinte de ses objectifs, bien que quelques obstacles subsistent encore, notamment sur le véhicule utilitaire.
Flotte automobile groupe Sanef
Sur les 385 véhicules d’exploitation du groupe Sanef, 15 % d’entre eux ont d’ores et déjà été convertis à l’électrique.©Sanef

Six millions de tonnes. C’est la quantité de CO2 émise chaque année par les clients des réseaux autoroutiers du groupe Sanef. Ces derniers sont, par ailleurs, responsables de près de 1,5 % des émissions du territoire français.

 

Si la Société des autoroutes du nord et de l’est de la France n’est pas en mesure de contrôler cette empreinte carbone, elle juge tout de même avoir un rôle à jouer vis‑à‑vis de ses clients.

 

"Si nous voulons que les autoroutes continuent à jouer leur rôle d’aménagement du territoire, il faut que cela soit avec des véhicules électriques. Une grande partie des salariés du groupe Sanef, en raison de leur activité, sont amenés à passer du temps sur l’autoroute", souligne Julien Pointillart, directeur délégué environnement et RSE du groupe Sanef.

 

"Nous ne pouvons pas demander à nos clients de passer à des véhicules décarbonés, si nous ne passons pas nous‑mêmes à l’électrique. Nous jugeons donc important que nos collaborateurs deviennent promoteurs du véhicule électrique, pour que nous soyons crédibles vis‑à‑vis de nos clients", poursuit-il.

 

Un renouvellement 100 % électrique sur le VP

 

La société, qui exploite 1 807 km d’autoroutes, a d’ores et déjà engagé la mutation de son parc automobile et s’est donné pour objectif de convertir l’intégralité de ses véhicules légers (VP et VUL) à l’électrique d’ici à 2030. Le groupe Sanef a cependant fait le choix de ne pas s’équiper en véhicules hybrides ou hybrides rechargeables, qui ont tendance "à surconsommer sur l’autoroute".

 

Depuis début 2022, toutes les voitures renouvelées dans la flotte de l’entreprise sont donc entièrement électriques. Le parc automobile de Sanef se compose de 198 véhicules de fonction, dont 48 % sont électriques, et de 385 véhicules d’exploitation (VL et VUL). "En ce qui concerne les véhicules de fonction, nous les renouvelons tous les quatre ans et nous avons déjà électrifié près de la moitié d’entre eux. Nous devrions les avoir tous convertis dans deux ans. Concernant les véhicules d’exploitation, le renouvellement est un peu plus long, mais nous sommes déjà à 15 % de véhicules entièrement électriques", précise Julien Pointillart.

 

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Quant au financement de ses véhicules électriques, le groupe Sanef passe aussi bien par de la location que par de l’achat. Pour ce qui est de la location, l’entreprise fait appel au gestionnaire de flotte Fleet Gestion, qui réalise l’intermédiaire avec les loueurs Arval et Athlon. La location est, par ailleurs, privilégiée pour les véhicules de fonction, ainsi que pour quelques VUL thermiques, le but étant ici "d’être capables de pouvoir les électrifier rapidement dès qu’il y aura une solution électrique adaptée".

 

Le catalogue de véhicules d’exploitation de Sanef se compose donc essentiellement de Renault Zoe pour les véhicules légers et de Renault Kangoo pour les utilitaires légers. Celui des véhicules de fonction est, quant à lui, beaucoup plus large, avec notamment des marques comme Skoda, Kia, Cupra, Audi, Tesla, Volvo ou encore Volkswagen. Le groupe Sanef a, cependant, fait le choix de ne pas s’équiper de voitures françaises, jugeant leur autonomie sur l’autoroute "trop faible" pour l’instant.

 

Plus de 650 bornes au sein du réseau

 

Afin d’inciter ses clients à se déplacer en véhicule électrique le long de son réseau, le groupe Sanef a donc doté ses autoroutes de stations de recharge électrique.

 

Depuis le printemps 2023, toutes les aires de services de l’entreprise sont ainsi équipées d’une station de recharge haute puissance, avec entre quatre et seize bornes de plus de 150 kW. Sanef peut se vanter d’avoir aujourd’hui plus de 650 bornes sur l’ensemble de son réseau autoroutier et compte encore agrandir ses stations.

 

julien pointillard sanef

Julien Pointillart, directeur délégué environnement et RSE du groupe Sanef. ©Sanef

 

"Nous avons, par ailleurs, constaté que le nombre de kilomètres parcourus des véhicules électriques commence à augmenter sur notre réseau. Il représente aujourd’hui 3 % des kilomètres parcourus par nos clients sur l’autoroute", se félicite le directeur délégué environnement et RSE du groupe Sanef. Dans le même temps, la société concessionnaire d’autoroutes a commencé à installer des infrastructures de recharge sur tous ses sites, dans le but d’accompagner la mutation de son parc automobile vers l’électrique.

 

L’ensemble des sites de Sanef compte donc entre 5 et 60 bornes de recharge, de 7,22 ou 50 kW, pour un total de près de 300 à 350 bornes. "Le véhicule électrique est devenu quelque chose d’assez naturel pour Sanef. Nous commençons d’ailleurs à constater des retours sur investissement, notamment sur la consommation de carburant. Au niveau du TCO, nous sommes donc vite parvenus à être rentables", avance Julien Pointillart.

 

Des problématiques autour du VU…

 

Si le groupe Sanef n’a pas rencontré de difficultés à convertir sa flotte de véhicules légers à l’électrique, la tâche s’annonce néanmoins bien plus complexe en ce qui concerne le véhicule utilitaire. Ce dernier représente, par ailleurs, un enjeu de taille pour l’entreprise. Certes, moins nombreux au sein de la flotte de Sanef, les véhicules utilitaires réalisent beaucoup plus de kilomètres et consomment donc plus de carburant que ceux de fonction ou d’exploitation.

 

La société d’autoroutes considère même que ses fourgons représentent plus de la moitié de ses consommations de carburant. "Ici, nous avons un vrai souci car les utilitaires qui sont aujourd’hui présents sur le marché en version électrique sont plutôt des fourgons qui sont destinés à la livraison du dernier kilomètre et qui font 100 ou 150 km par jour. Mais nos fourgons tournent toute la journée sur nos autoroutes, notamment pour faire la surveillance du réseau ou le nettoyage du tracé. Certains d’entre eux font même 700 ou 800 km par jour" explique le directeur délégué environnement et RSE du groupe Sanef.

 

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Il ajoute : "D’autant plus qu’ils sont souvent très chargés parce qu’ils embarquent des cônes, des outils, du balisage, des panneaux métalliques… Donc quand l’autonomie affichée est de 200 km, nous allons être en dessous de 100 km sur l’autoroute. Le problème, c’est qu’en dessous d’un certain seuil, nous ne pouvons même pas les sortir pour les faire intervenir, car nous travaillons sur des zones très larges. Pour ceux‑là, nous n’arrivons pas aujourd’hui à trouver une solution technologique pour les électrifier."

 

Actuellement, l’offre de véhicules utilitaires n’est donc pas adaptée à l’utilisation de la société concessionnaire d’autoroutes, celle‑ci se devant d’attendre que des solutions avec plus d’autonomie soient disponibles sur le marché.

 

...et du poids lourd

 

La flotte de véhicules du groupe Sanef se compose également de poids lourds qui interviennent en grande partie pour déneiger les autoroutes. Même problème que pour les utilitaires, la société ne dispose toutefois pour l’heure d’aucune solution alternative. En revanche, elle étudie d’ores et déjà des options qui permettraient à ses clients d’emprunter ses réseaux autoroutiers avec des camions électrifiés.

 

"Sur les six millions de tonnes de CO2 qu’émettent nos clients, la moitié est le fait des poids lourds. Nous essayons donc de réfléchir à des solutions pour pouvoir accueillir des camions électriques sur nos autoroutes. Nous envisageons d’utiliser de la recharge en itinérance, mais aussi éventuellement des changements de circuit logistique avec des camions qui feraient des allers‑retours et qui se passeraient la marchandise" déclare Julien Pointillart.

 

Bien que quelques obstacles subsistent encore, la transition de la flotte automobile du groupe Sanef vers le 100 % électrique semble bel et bien enclenchée. La société apparaît même bien plus avancée que certaines autres grandes entreprises françaises. Elle ne devrait donc pas avoir de mal à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés avant 2030.

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