Volkswagen détaille sa feuille de route pour l'électromobilité

Il y a quelques années, les dirigeants de Volkswagen n'étaient pas les plus confiants sur un rapide déploiement du marché des véhicules électriques. S'ils restent prudents encore aujourd'hui, ils ont cependant clairement décidé de passer à la vitesse supérieure. Pour Olaf Dübel, responsable du groupe Projets et Business-modèles au département E-Traction du groupe Volkswagen, "l'intérêt de l'électromobilité s'articule autour de trois enjeux majeurs : le changement climatique et le nécessaire contrôle des émissions, le caractère limité des énergies fossiles et la lutte contre le smog et le bruit dans les mégapoles", surtout que le nombre de ces dernières va croître significativement dans les années à venir.

Une offre VE de masse dès 2013

Le groupe adapte donc son vaste plan "produits" à cette nouvelle donne. A court terme, c'est-à-dire au-delà des recherches menées sur la pile à combustible, l'électrification des véhicules suit deux grands axes : l'hybridation et le 100 % électrique. Quatre modèles du groupe sont déjà disponibles en version hybride et cette offre s'enrichira de 3 nouveaux modèles cette année (Volkswagen Jetta, Audi A6 et A8). Dans les trois années suivantes, 5 autres modèles viendront encore étoffer l'offre. On pense notamment à la Volkswagen XL1, aussi appelée "one liter car", très attendue dans la mesure où il s'agira d'un véritable laboratoire sur la route. Simultanément, le groupe lancera des véhicules 100 % électriques. Il ouvrira le bal cette année via la marque Audi et le haut de gamme avec la sportive R8 e-tron. Dès 2013, les modèles de masse suivront avec la mini-citadine up!, le best-seller Golf et l'utilitaire Caddy. Les autres marques du groupe, Seat et Skoda notamment, proposeront aussi des modèles électriques.

Des VE testés à l'échelle mondiale

"Avant l'introduction de nos produits sur le marché, nous sommes dans une phase d'intense préparation", indique Olaf Dübel. C'est la raison d'être des flottes-tests. En Allemagne, elles concernent d'ores et déjà 5 villes : 21 véhicules (E-Golf et E-Caddy) à Hanovre, 41 véhicules (E-Golf et TwinDrive) à Wolfsburg, 55 véhicules (E-Golf, E-Caddy et TwinDrive) à Berlin, 20 véhicules (Audi A1 e-tron) à Munich, et 3 véhicules (Porsche E-Boxster) à Stuttgart. Le dispositif est international et comprend aussi des phases-pilotes en Belgique, en Espagne, en Autriche, en République Tchèque, aux Etats-Unis, en Chine et en…France !

Le test vient de débuter en France

Dans l'Hexagone, l'expérience vient de débuter avec une flotte de 15 Golf Blue-e-Motion. "Les véhicules ont été confiés à plusieurs grandes entreprises, dont Allianz, JCDecaux, Sanofi, Aventis, mais aussi à la mairie de Bagneux et à l'Avere, dont la vocation est de favoriser et promouvoir l'acquisition et l'utilisation de véhicules électriques et hybrides", indiquent les dirigeants de la marque.  Ce test va permettre de récolter de nombreuses informations dans différents domaines et d'adapter le produit final qui sera vendu au client aux retours des utilisateurs en configuration réelle. C'est notamment en fonction de ces résultats que Volkswagen statuera sur la vente ou la location des batteries au client final. Olaf Dübel précise toutefois que l'électromobilité ne se limite pas au seul véhicule. Par ailleurs, on peut aussi noter que Volkswagen a décidé de fabriquer ses batteries et sa wallbox, sans parler du bouquet de services associés.

De l'importance de la façon dont l'électricité est produite !

Pour Olaf Dübel, le déploiement du marché du véhicule électrique n'est pas pertinent de façon homogène autour du globe et le contexte de la méthode de production de l'électricité est déterminant. Et d'avancer les chiffres suivants, émanant du département R&D du groupe : les émissions de CO2 d'une Golf électrique BEV du "puits" à la roue s'établissent à 215 g lorsque l'électricité est produite à partir de lignite, 196 g dans le cas du charbon, 167 g pour le fioul, 113 g avec du gaz naturel, 7 g via le nucléaire et 1 g quand c'est à partir d'électricité verte (énergie éolienne par exemple). Pour rester vertueux au niveau environnemental, les bons arbitrages doivent donc être faits. En revanche, il confirme que l'essor du parc de véhicules électriques ne posera pas de problème par rapport à la consommation en électricité des pays : "Par exemple, prenons 1 million de VE en Allemagne, roulant 15 000 km par an : cela représenterait 0,5 % de la consommation électrique actuelle  du pays".

Le nouvel atout maître de Volkswagen

Notons enfin que le groupe Volkswagen dispose désormais d'un atout maître pour s'adapter au développement du marché du véhicule électrique. Avec la nouvelle plate-forme industrielle du groupe, baptisée MQB, un très grand nombre de modèles, et notamment le cœur de gamme (Polo à Passat), pourront être électrifiés sans ajustement significatif. Cet avantage de Volkswagen par rapport à la concurrence pourrait aussi rapidement devenir un avantage non négligeable pour les acheteurs de véhicules électriques, car il y a dès lors un surcoût bien moindre à leur répercuter.

Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile