S'abonner
Industrie

Un gisement de lithium va être exploité en France

Publié le 24 octobre 2022

Par Jean-Baptiste Kapela
4 min de lecture
Le groupe français de minéraux industriels, Imerys, a annoncé l’exploitation d’un gisement de lithium, à l’horizon 2027, dans l’Allier (03). Une mine qui pourrait permettre de produire 700 000 batteries par an et ainsi réduire la dépendance de l'Europe à l'égard de la Chine.
La mine pourrait produire 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an, à partir de 2028, pour une durée d'au moins 25 ans.

"Emili", il s’agit du nom donné au projet d’envergure du groupe français de minéraux industriels Imerys. Annoncé lundi 24 octobre 2022, il doit permettre d’aider l’Europe à se défaire de sa dépendance quasi complète à l'égard de la Chine pour le lithium nécessaire aux batteries des voitures électriques. En effet, ce projet prévoit de mettre en place une mine de lithium dans le Massif central d’ici à 2027.

 

Il a fallu 18 mois de sondages et d'études menés par des spécialistes de l'extraction minière dans le sous-sol d'une carrière de kaolin détenue depuis 2005 par le groupe à Beauvoir, dans l'Allier (62), pour confirmer l'intérêt économique de la mine. Avec l'exploitation de ce gisement, "nous allons aider l'Europe à se décarboner", a déclaré à la presse Alessandro Dazza, directeur général d'Imerys, qui devait recevoir des élus locaux sur place.

 

A lire aussi : Une usine de raffinage de lithium va sortir de terre en France

 

"Ce projet, exemplaire sur le plan environnemental et climatique, réduira radicalement nos besoins d'importation de lithium", a salué le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, dans le communiqué. Il ajoute qu'il sera soutenu par le gouvernement français.

 

Une mine qui permettrait d’équiper 700 000 VE par an

 

Sur la dizaine de projets européens d'exploitation de lithium, celui d'Imerys est le deuxième plus important, depuis l'abandon du projet de Rio Tinto en Serbie en janvier, et derrière celui de la start-up Vulcan en Allemagne, basé sur l'exploitation de saumures de la vallée rhénane. Les "concentrations et quantités" de lithium ont été jugées "très attractives" à Beauvoir, qui accueille depuis 1850 une carrière produisant 30 000 tonnes de kaolin par an destiné à la porcelaine ou au carrelage.

 

Depuis les années 1960, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) avait bien identifié la présence de lithium dans ce sous-sol. Mais Imerys ignorait jusqu'à récemment la teneur et donc si le site pouvait être rentable. "Nous estimons le gisement autour d'un million de tonnes d'oxyde de lithium", a indiqué Alessandro Dazza. Soit "beaucoup plus que ce que pensait le BRGM" initialement (320 000 tonnes). De quoi produire "34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an à partir de 2028 pour une durée d'au moins 25 ans", et "équiper l'équivalent de 700 000 véhicules électriques en batteries lithium-ion" par an, selon Imerys.

 

A lire aussi : Philippe Varin : "Avec le véhicule électrique, la question des matériaux ne peut pas être évitée

 

Ce qui est loin d'être négligeable : la production mondiale actuelle de carbonate ou hydroxyde de lithium, les deux éléments utilisés dans les batteries, ne dépasse pas les 450 000 tonnes dans le monde, selon Imerys. Et d'ici à 2040, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit qu'elle soit multipliée par 40. A Beauvoir, "il pourrait y avoir plus que ce que nous avons estimé, nous allons continuer les études pour voir si on pourrait avoir 30 ou 35 ans d'exploitation", a ajouté Alessandro Dazza.

 

La concentration est de l'ordre de 0,9 à 1 %, c'est-à-dire qu'il faut extraire près de 100 tonnes de roche pour extraire une tonne de lithium. Le groupe estime ses coûts de production "entre 7 et 9 euros le kilo hors investissement initial", ce qui garantirait "un retour sur investissement intéressant". Le groupe promet, à terme, 1 000 emplois directs et indirects en Auvergne-Rhône-Alpes, sur deux sites : la mine d'extraction souterraine du mica contenant le lithium, entre 75 et 350 mètres de profondeur , et une usine de purification des minéraux et de transformation en hydroxyde de lithium, à moins de 100 km de la mine.

 

Un respect de l’environnement ?

 

Restent les probables critiques environnementales contre ce nouveau projet minier au cœur de la France. Imerys a annoncé que la mine adopterait un standard international en cours d'élaboration, "IRMA", qui vise à réduire les rejets toxiques et à minimiser la consommation d'eau.

 

L'exploitation se fera en souterrain, ce qui minimisera les poussières, et le transport des roches se fera par canalisation et voie ferrée pour éviter les camions entre la mine et le site industriel. Quant aux émissions générées par l'exploitation, le groupe les estime à 8 kg de CO2 par tonne de lithium, contre 16 à 20 kg en Australie et Chine, selon lui. (avec AFP)

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle