Roland Lescure, ministre délégué en charge de l'Industrie : "Nos entreprises doivent pouvoir se battre à armes égales"
Le Journal de l’Automobile : L’usine de batteries d’ACC a été inaugurée il y a quelques jours près de Douvrin (62). Mais où en sont les autres lancements de gigafactories ?
Roland Lescure : C’était un très bel événement européen mais aussi français. Nous avons de grands industriels qui mettent leur poids dans la décarbonation de l’automobile et la construction d’une filière européenne et française de la batterie. La batterie est évidemment une grosse part de la valeur ajoutée d’un véhicule électrique mais aussi de la décarbonation. C’est une usine avec des technologies, des ingénieurs, des techniciens et du recrutement à la clé, mais aussi une superbe cathédrale du 21e siècle. Et le succès appelant le succès, nous aurons bientôt d’autres gigafactories, avec Envision en 2024, Verkor en 2025 et ProLogium en 2027, qui vont suivre. À terme, ce seront 10 000 emplois. Et il faut y ajouter des usines qui vont faire des composants de batterie et l’assemblage de voitures que l’on espère continuer à développer en France. Avec les moyens de France 2030, c’est donc une filière complète que nous sommes en train de reconstituer, de l’extraction des métaux rares au recyclage, en passant par les batteries et l’assemblage. Cette nouvelle révolution permettra la réindustrialisation du pays. C’est extrêmement excitant, qui plus est dans une région qui a longtemps été un emblème industriel de la France.
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J.A. : Qu’en est‑il de la fin du mécanisme de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) pour les industriels, prévue en 2025 et ce changement peut‑il avoir des conséquences sur ces ouvertures ?
Roland Lescure : C’est une question très importante et qui ne concerne pas uniquement l’automobile. Tous les industriels sont prêts à décarboner et veulent le faire. Mais pour cela, il faudra de l’électricité en volume et pas chère. C’est vraiment le nerf de la guerre et c’est vrai que l’Arenh arrivant à échéance d’ici 2025, il faut que nous trouvions son successeur. Ce mécanisme permet d’avoir de la visibilité sur les prix de l’énergie en tout cas pour une partie des livraisons. C’est pourquoi nous travaillons à une révision du mécanisme de fixation des tarifs au niveau européen, qui doit mieux protéger les consommateurs face aux fortes variations de prix comme celles que nous avons connues avec la guerre en Ukraine, ainsi qu’au dispositif, en lien avec EDF, qui prendra la suite de l’Arenh à compter de 2026. Nous y travaillons avec le souci d’offrir les meilleures conditions possibles à nos industriels. J’entends bien qu’ils ont besoin de visibilité. Nous en sommes conscients et nous allons leur en donner.
J.A. : À quel seuil pourrait être fixé ce tarif par rapport à ce qui existe aujourd’hui ?
Roland Lescure : C’est trop tôt pour le dire, mais nous avons conscience des besoins de l’industrie et des tarifs qui permettent de produire ou non. Cela varie fortement selon les sous‑secteurs industriels.
J.A. : À quel niveau de compétitivité se situent les sites français par rapport aux implantations dans d’autres pays européens et notamment dans les pays de l’Est ?
Roland Lescure : Au niveau européen, nous sommes bien sûr en concurrence par rapport à d’autres pays. C’est le sens de tous les efforts d’allègement des charges sociales et de baisse des impôts de production que nous soutenons depuis 2017 et qui portent leurs fruits aujourd’hui. Et même si le coût du travail dans certains pays de l’Europe de l’Est est inférieur à celui de la France, nous avons aussi des avantages compétitifs importants et notamment l’électricité décarbonée en volume et à un prix raisonnable, sans parler des infrastructures, de la qualité de la main‑d’œuvre, du crédit d’impôt recherche qui est particulièrement attractif pour les innovations. Aujourd’hui, contrairement aux années 90 et 2000 où le coût du travail était la critique majeure, ce n’est plus le principal sujet de préoccupation et les investisseurs internationaux regardent l’ensemble de l’œuvre. Beaucoup viennent me voir quand ils envisagent d’investir quelque part dans le monde ou en Europe et je vous assure que nous sommes l’un de leurs premiers appels. Nous avons un environnement favorable au milieu des affaires et nous avons bien amélioré la compétitivité de l’espace France avec la baisse des impôts de production et de l’impôt sur le capital. La transformation du marché du travail nous apporte un avantage important. Donc, nous nous battons avec nos armes. Nous ne sommes pas dans une logique de course vers le bas, de "moins‑disant" social. Nous savons que le modèle français fait aussi partie de ces avantages, même s’il a un coût. Nous le rendons plus efficace. D’ailleurs, vous l’avez vu puisque la France est pour la quatrième année consécutive le pays le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers. Nous avons des centaines de projets d’investissement (plus de 1 200), dont près de la moitié concerne l’industrie. Donc, nous sommes sans conteste extrêmement compétitifs, y compris par rapport aux pays où le coût du travail est plus faible.
Nous avions demandé un rapport à Philippe Varin que nous sommes en train de mettre en œuvre à la lettre
J.A. : Ce qui veut dire que nous avons toutes nos chances si jamais Tesla ou encore BYD décident de s’implanter sur le sol français ?
Roland Lescure : Nous ne commentons pas les dossiers individuels quels qu’ils soient. Mais après les succès de Choose France de cette année, nous continuons à chercher à attirer des projets de toutes sortes et dans tous les domaines. Coca‑Cola vient, par exemple, d’annoncer un nouvel investissement.
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J.A. : Les étapes du raffinage et du recyclage sont aujourd’hui montrées du doigt comme étant essentielles dans le cycle de vie et de production de la batterie. Que faites‑vous pour intégrer complètement cette chaîne de valeur de la batterie, de l’approvisionnement en matières critiques jusqu’au raffinage ?
Roland Lescure : Nous avons une démarche globale et cohérente car il ne faut pas remplacer une dépendance par une autre. Nous sommes aujourd’hui dépendants des hydrocarbures, il ne faudrait pas que demain nous le soyons sur les matériaux de base, y compris dans un cadre géopolitique extrêmement variable. Nous avions demandé un rapport à Philippe Varin que nous sommes en train de mettre en œuvre à la lettre. Nous avons nommé un délégué interministériel aux matériaux critiques, Benjamin Gallezot, dont la responsabilité majeure est de piloter la coordination de l’ensemble des stratégies gouvernementales, tant d’un point de vue de l’identification que de l’extraction des matériaux critiques avec une politique à déployer en France et en Europe.
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J.A. : Ce qui signifie également l’ouverture de mines sur le sol français ?
Roland Lescure : Nous souhaitons que la France et l’Europe reprennent le chemin des mines si je puis dire et refaire de l’extraction. Mais, bien sûr, dans une logique exemplaire de mine responsable. Nous avons du lithium en France (probablement une des plus grandes réserves d’Europe) et d’autres matériaux de base. Nous souhaitons les utiliser dans une logique internationale avec les enjeux géopolitiques, de disponibilité des matières premières et une logique amont‑aval jusqu’à la transformation et le traitement. Nous avons sélectionné un gestionnaire de fonds, InfraVia, dans lequel l’État a placé d’ores et déjà 500 millions d’euros avec France 2030. Le fonds a pour objectif est de collecter 1 milliard d’euros cette année et 2 milliards à terme, de manière à financer cette stratégie de collecte, d’extraction et de raffinage. Ce fonds permettra d’attirer un certain nombre d’investisseurs et notamment les clients et donc les constructeurs automobiles, les fabricants de batteries… Et nous avons déjà leurs marques d’intérêt. Ainsi, l’idée, c’est d’avoir une stratégie globale et de financer au niveau français et européen et s’assurer que l’on maîtrise, sans avoir tout sur notre territoire, l’ensemble de la chaîne du sol au plafond.
La naïveté a vécu et il faut que l’on aille s’assurer que nos entreprises se battent à armes égales
J.A. : Jusqu’au recyclage ?
Roland Lescure : Bien sûr, je ne l’ai pas cité spontanément car pour recycler, il faut avoir de la matière pour le faire. Pour l’instant, nous en sommes à la première génération de voitures électriques, mais c’est un enjeu essentiel à terme. C’est un impératif environnemental, c’est aussi un impératif de souveraineté car l’Europe est en avance sur ce point. Nous avons adopté des contraintes de recyclage dans notre règlement batteries, ce qui permettra de s’assurer que les batteries "made in Europe" sont compétitives. En Europe, à partir de 2031, les véhicules électriques devront incorporer 16 % de cobalt recyclé, ainsi que 6 % de lithium et nickel recyclés.
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J.A. : La différence de taxation des importations et des exportations entre la Chine et l’Europe ou entre les États‑Unis et l’Europe est‑elle un point que vous mettez sur la table de la Commission européenne ?
Roland Lescure : Je suis pour une concurrence parfaite et juste. Donc, vous le savez, pendant une vingtaine d’années, la seule politique industrielle qui valait en Europe était la politique commerciale. L’Europe doit rester un espace de concurrence, nos forfaits téléphoniques sont moins chers que dans d’autres zones économiques et nos déplacements sont plus faciles que jamais… Cela fait partie des vertus de l’Europe qu’il faut garder. Mais la naïveté a vécu et il faut que l’on aille s’assurer que nos entreprises se battent à armes égales. Il y a déjà en Europe une clause de compensation des subventions, l’Ipi (Instrument relatif aux marchés publics internationaux). Il y aura aussi le MACF (Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières), qui va permettre de corriger. Et nous allons en France réserver le bonus pour les véhicules électriques aux modèles qui ont l’empreinte carbone la plus faible, pour encourager ceux qui produisent avec des énergies décarbonées.
Nous ne fermons pas la porte aux véhicules carbonés mais ils ne seront plus subventionnés par le contribuable français
J.A. : Quelles assurances des constructeurs avez‑vous pour un retour vers l’assemblage des véhicules sur le territoire ?
Roland Lescure : Les constructeurs français se sont déjà engagés à l’occasion du Mondial de l’automobile à fabriquer 1 million de véhicules électriques, très vite, d’ici 2030. Aujourd’hui, nous en produisons 1,3 million sur notre sol (NDLR toutes motorisations confondues), mais le but est d’atteindre 2 millions de véhicules électriques d’ici 2030. Pour parvenir à cet objectif, nous allons conditionner le bonus écologique, c’est‑à‑dire l’aide publique à l’acquisition de véhicules électriques, à la performance environnementale des modèles. Le message que nous envoyons est clair : la naïveté est terminée et il n’est pas question que le contribuable français finance des productions qui sont faites au bout du monde avec un bilan carbone dégradé. Cela participe de l’attractivité du site France. Nous poursuivons les discussions et nous pensons bien y arriver. Je crois beaucoup à la responsabilité sociale et environnementale des entreprises qui, pendant quelques années, a été cantonnée à des annexes aux rapports annuels. Mais cette responsabilité est de plus en plus susceptible d’être capable de s’inscrire dans un territoire dans lequel l’entreprise est née, dans lequel elle a des responsabilités, à projeter ce territoire dans le monde. Stellantis et Renault sont des entreprises que tous les Français ont en tête. Elles sont emblématiques de la France et ont des responsabilités historiques. Je suis convaincu qu’elles vont jouer ce rôle. Il en est de même pour Toyota, qui dispose d’une usine à Valenciennes (59) : pour moi, c’est aussi un constructeur français, car il crée de la valeur sur ce territoire, il contribue à faire vivre tout un réseau de fournisseurs, il crée des emplois industriels. Peu importe la nationalité des capitaux d’une entreprise, tant qu’elle crée de la richesse dans notre pays.
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J.A. : Le président de la République a annoncé la modification des critères pour l’attribution du bonus écologique en citant la préférence européenne. Quel en sera son mécanisme ?
Roland Lescure : C’est une préférence environnementale qui, de fait, est une préférence européenne. Nous souhaitons que le bonus automobile, qui aujourd’hui nous coûte quelque 1,2 milliard d’euros dont à peu près 400 millions part en dehors des frontières de l’Europe, soit consacré à l’appui de la transition des consommateurs, mais aussi à de la production durable. Soutenir une production réalisée au bout du monde, dans des pays dont le mix énergétique est extrêmement carboné, consiste plutôt à déplacer le problème qu’à le régler. Cela revient à décarboner en France mais au prix de la "carbonation" d’un autre espace, notamment l’Asie. C’est un défi de souveraineté, mais aussi de maturité. Les Chinois financent une partie de leur production électrique. Nous savons aussi, et c’est explicite dans l’IRA (Inflation Reduction Act), que les Américains financent exclusivement une partie de la production sur leur sol. L’Europe serait le dernier à ne pas tenir compte des enjeux de production dans sa subvention au consommateur. Donc ça, c’est terminé. Nous le ferons de manière rigoureuse non pas "cocardière" mais environnementale, car nous sommes convaincus que la transition écologique est une opportunité économique et qu’il faut réconcilier "fin du mois" et "fin du monde". Il faut que cette révolution écologique se traduise par des emplois en Europe et en France. C’est une bonne manière de le faire. Nous ne fermons pas la porte aux véhicules carbonés mais ils ne seront plus subventionnés par le contribuable français.
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J.A. : La Dacia Spring ne sera donc plus éligible au bonus?
Roland Lescure : Nous sommes en train de travailler sur les critères et communiquerons prochainement dessus. Mais je préfère subventionner un véhicule électrique fait en France ou en Europe qu’un autre. Les consommateurs feront leur choix et je suis sûr qu’ils continueront à acheter des Dacia Spring.
J.A. : Savez‑vous si le montant du bonus dont les critères vont changer restera identique ?
Roland Lescure : Nous allons regarder tout cela d’ici le projet de loi de finances. Si on libère 400 millions d’euros en ne finançant que des véhicules européens, la question de savoir si on en fait évoluer les paramètres se pose, mais c’est encore un peu tôt.
J.A. : Bruno Le Maire porte une partie de la fronde contre les normes Euro 7. La position de la France est‑elle de refuser complètement ces normes ?
Roland Lescure : Trois dimensions existent dans Euro 7 : les particules à la sortie de l’échappement, celles émises lors du freinage et celles liées aux pneumatiques. La France considère que l’on va continuer à freiner en véhicule électrique et à rouler. Le fait d’avoir des normes d’émission de particules sur les pneus et les freins ne pose aucun problème. Mais c’est au niveau du moteur que nous avons un souci. Aujourd’hui, dire aux constructeurs : "Vous allez devoir modifier en profondeur les spécifications techniques de vos moteurs" alors qu’en 2035, vous ne pourrez plus en vendre en Europe, c’est extrêmement dangereux pour une production dont on souhaite qu’elle continue de s’effectuer sur notre continent au moins un certain temps. Nous allons vendre des véhicules thermiques jusqu’en 2035. Nous avons même des solutions pour les décarboner via le rétrofit. Ce serait dommage de se priver de cette production et des emplois qui vont avec parce que l’on induirait des contraintes trop fortes que nous serions seuls à mettre en œuvre. Donc, Euro 6 pour l’échappement, c’est bien, on complète avec Euro 7 pour les pneus et les freins. Et on s’arrête là.
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J.A. : C’est la position que vous allez tenir auprès de la Commission européenne ?
Roland Lescure : Oui, c’est une position française. Nous ne sommes pas les seuls puisque d’autres pays souhaitent également aller dans ce sens : nous avons constitué une alliance avec d’autres États pour porter cette position vis‑à‑vis de la Commission et du Parlement européens.
J.A. : Vous venez d’évoquer le rétrofit, sujet sur lequel la France est en pointe. Mais le coût reste très important pour faire rétrofiter son véhicule thermique en un véhicule électrique. Comment faire baisser les coûts?
Roland Lescure : Regardons déjà ce qui existe sur le marché. Nous avons une société extraordinaire qui s’appelle GCK qui fait déjà du rétrofit hydrogène pour les VUL, les véhicules de transport en commun et les poids lourds. Je me suis déplacé dans cette entreprise qui présente une solution extrêmement originale et innovante, Twin‑E, qui va permettre de rétrofiter un véhicule thermique en un véhicule hybride rechargeable. Nous ne sommes pas encore dans le passage du thermique à l’électrique. Mais elle coûte environ 7 000 euros hors aide publique et permet de transformer en 5 h un véhicule thermique, disons par exemple une Twingo en une Twingo hybride rechargeable. Twin‑E a vocation à fournir une solution pour les millions de véhicules thermiques qui vont continuer à rouler en France après 2035. Nous parlons de près de 20 millions de voitures, soit la moitié du parc automobile français. Évidemment, tout cela est compatible à plus court terme avec les ZFE et permettra à des automobilistes d’entrer dans ces zones avec un hybride rechargeable, puisque nous sommes sur une autonomie de 70 km en mode électrique pour circuler en ville, et d’utiliser le moteur thermique pour faire de la route.
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J.A. : Comment soutenir le développement ? Peut‑on imaginer une aide spécifique au rétrofit ?
Roland Lescure : Aujourd’hui, il existe déjà une aide pour le rétrofit, mais uniquement pour la conversion en un véhicule 100 % électrique. Le rétrofit n’est pas non plus formellement éligible à la prime à la conversion. Mais cela a beaucoup de sens d’un point de vue environnemental et de l’économie circulaire, puisque l’on rénove un véhicule thermique en l’hybridant, plutôt que de le mettre à la casse et d’en acheter un neuf. Cela veut dire que l’on va diviser les gaz à effet de serre par trois ou quatre. Donc, nous devons apporter une aide. Nous sommes en train de regarder avec mon collège Gabriel Attal, ministre de l’Action et des Comptes publics. Nous sommes dans la même maison, mais pas tout à fait au même étage, donc nous regardons comme nous allons faire. Clairement, nous sommes d’accord sur le principe qu’il faut aider ces solutions innovantes, qui concernent tout le monde, y compris dans les territoires éloignés, et qui en plus sont des solutions françaises avec des entreprises pleines de ressources.
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