Monroe centralise sa R&D suspension en Pologne

L'équipementier américain rationalise ses services européens de recherche et développement sur les systèmes de suspension. Auparavant, ses services étaient dispersés entre plusieurs sites de Monroe, dans plusieurs pays. Mais Tenneco a officiellement inauguré son nouveau site de recherche et développement à Gliwice (Pologne), le 24 mai 2023.

Le nouveau centre de R&D de Tenneco est installé à deux kilomètres de l'usine polonaise Monroe. ©Tenneco

À l'intérieur de ces locaux ultramodernes, un vaste couloir dessert différents laboratoires et ateliers. Certains sont dotés d'outils de conception et d'ingénierie assistée par ordinateur (CAO et IAO). Tandis que dans un coin, une imprimante 3D forme des pièces pour fabriquer un prototype en matériaux composites.

Dans une autre salle immaculée, des ingénieurs observent la structure des pièces avec différents microscopes et des endoscopes. Ils y contrôlent notamment la densité et la porosité des matériaux employés pour fabriquer des composants…

240 ingénieurs

En traversant le couloir central, on pénètre dans plusieurs salles spéciales. Des tests destructifs et d'usure y sont pratiqués. Elles sont équipés de nombreux bancs d'essais dédiés à toutes les fonctions des systèmes de suspension. Au total, ceux-ci sont soumis à 88 tests différents…

Ces locaux font partie de l'installation de R&D fraichement sortie de terre. Elle intègre un réseau de cinq sites de pointe comprenant aussi ceux de Monroe (États-Unis), Ermua (Espagne), Sint-Truiden (Belgique) et Beijing (Chine). Elle entre au service des divisions européennes du groupe RC (Ride Control, contrôle de conduite) et AST (Advanced Suspension Technologies, technologies de suspension avancées), au service des principaux constructeurs mondiaux de véhicules de tourisme, utilitaires, bus, semi-remorques, etc.

Les systèmes de suspension conçus à Gliwice y sont soumis à 88 tests d'usure et destructifs. ©Tenneco

"L'objectif était de réunir tous les savoirs-faire de Tenneco sous un même toit… Et c'est une réussite ! Cette impressionnante installation permettra à nos équipes RC et AST de mieux diffuser et valoriser nos nouvelles technologies", affirme Romain Nollet, vice-président du groupe et directeur général de RC. Ce centre d'ingénierie de 9 600 m² est installé à deux kilomètres de l'usine Monroe ouverte en 2001.

Son activité est progressivement montée en puissance au fur et à mesure de l'installation de ses différents services dans ses locaux neufs, depuis décembre 2022. Aujourd'hui, il est pleinement opérationnel et emploie 240 ingénieurs. Ceux-ci conçoivent et valident des modules et amortisseurs passifs, ainsi que des modèles semi-actifs (intelligents). "90 % des composants sont identiques entre les deux technologies. Mais les systèmes semi-actifs sont en plus équipés de cartes électroniques", précise Matthias Mialhe, PDG adjoint RC de Tenneco.

Leur mission s'étend à la conception de nombreux éléments des systèmes de suspension : soupapes, systèmes de direction et d'étanchéité, pièces et matériaux structurels… Ils collaborent aussi avec des constructeurs automobiles européens pour tester et améliorer les soupapes d'amortissement avant le lancement de chaque nouveau modèle de véhicule. Un atelier de prototypage spectaculaire est spécialement dédié à ces services.

S'adapter à l'ADN des constructeurs

Sur 5 330 m² d'équipements de pointe (avec notamment des robots de soudage), les techniciens produisent et essayent rapidement des prototypes d'amortisseurs passifs et semi-actifs. Ces tests permettent non seulement de mesurer la résistance, la durabilité, la corrosion, la performance et le bruit. Ils permettent aussi de simuler par ordinateur la performance des composants et des produits.

Cette petite unité de production bénéficie d'un système de stockage vertical entièrement automatisé. Il jouxte le service d'expédition des prototypes aux constructeurs. Ceux-ci reçoivent les pièces dans leurs laboratoires aux quatre coins du monde. Le conditionnement de ces composants ultra-sensibles est donc extrêmement soigné pour leur épargner les effets des chocs et surtout de l'humidité.

Dans l'un de ces ateliers, deux SUV allemands sont installés sur une table élévatrice. Des ingénieurs s'affairent autour d'eux. "Ici, on règle le comportement des véhicules à partir des exigences des constructeurs, explique Romain Nollet. Car le plus important pour nous est de parvenir à respecter l'ADN de chaque constructeur. Nous pouvons aussi aider nos clients à corriger certaines caractéristiques qui leur ont déjà coûté deux à trois ans de développement".

Les petites séries fabriquées dans le centre de R&D attendent d'être testés par l'équipementier et ses clients constructeurs. ©Tenneco

Concrètement, l'équipementier règle différemment le système de suspension d'une citadine, d'une berline ou d'une sportive, pour aboutir au comportement routier recherché. Autre problématique : certaines options ou évolutions de séries impliquent une modification du système de suspension... Par exemple, un technicien explique que "l'installation d'un toit panoramique sur un véhicule modifie son poids. Son système de suspension doit alors être ajusté" – tâche dévolue à ce service.

Au total, Monroe produit environ 100 millions de systèmes de suspension par an. Un peu plus de deux sur dix sont dédiés à la première monte des constructeurs. Les seuls modèles passifs destinés aux constructeurs représentent un chiffre d'affaires de 1,21 milliard d'euros pour Tenneco. Parallèlement, ce montant est quasiment égalé par l'équipementier sur le marché de la rechange.