Luca de Meo : "Renault aura le courage de réinventer le business automobile"
Depuis 2000, la filière automobile a vu sa production baisser de 60 %, ses emplois chuter de 50 % et son impact négatif sur la balance commerciale française atteint 25 milliards d'euros. Le constat dressé par Luca de Meo, directeur général du groupe Renault, est sans appel. A l'heure où la Commission européenne a proposé que l'industrie se dirige vers le tout électrique à partir de 2035, la course à la compétitivité de la filière semble d'ores et déjà plombée.
"La valeur de la batterie est dominée à 80 % par la Chine et les États-Unis maîtrisent 92 % des données européennes en les hébergeant sur leur sol. En Europe, nous sommes en rattrapage de ces deux pays", a affirmé Luca de Meo. "L'histoire du Green Deal est la seule opportunité pour l'Europe de se positionner comme un champion de l'économie verte."
Avant de sortir les mouchoirs , tout le monde doit prendre ses responsabilités Luca de Meo, Renault
Reste que la seule manière pour le constructeur d'inverser la tendance est de livrer la bataille de la valeur et non du volume. "Cette bataille est une bataille des compétences qui doit être visible en poids de l'investissement en R&D dans le PIB, qui atteint tout juste 2,2 % en France contre 4,6 % en Corée et 3,2 % en Allemagne. Au niveau de la formation également, nous sommes en dessous de la moyenne européenne", regrette le dirigeant du groupe français. "Mais avant de sortir les mouchoirs , tout le monde doit prendre ses responsabilités. Et Renault aura le courage de réinventer le business automobile."
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Le constructeur a annoncé récemment sa volonté de produire 9 nouveaux véhicules en France, dont 7 véhicules 100% électriques, ainsi que des moteurs électriques pour une capacité de 1 million de véhicules électrifiés à Cléon (76). Mais selon Luca de Meo, le débat est plus large que la construction d'une usine. Il s'agit de réorganiser le travail et les compétences. D'ailleurs 2 500 personnes doivent être recrutées au sein de Renault dans les mois à venir alors que 4 500 autres vont quitter le groupe. Et 10 000 autres salariés vont voir leurs compétences évoluer.
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La bataille de la valeur ajoutée est également essentielle au niveau de la batterie. "Mais attention, il ne s'agit pas de tartiner du cobalt sur une lame d'aluminium, sinon nous deviendrons juste des assembleurs. Nous devons contrôler toute la chaîne jusqu'à l'arrivée des batteries solides", a précisé le directeur général du groupe. La fin de vie des batteries et leur recyclage fait également partie de l'équation économique avec la récupération du cuivre, de l'aluminium, de l'acier, du cobalt et du lithium. Une économie circulaire qui là aussi permettrait de récupérer jusqu'à 1 000 euros par batterie, à la fin de sa vie.
Enfin, la bataille des infrastructures de recharge reste un sujet essentiel pour que le véhicule électrique soit adopté par les Français. "Si chacun prend ses responsabilités, alors, nous pourrons peut-être y arriver", a conclu le directeur général.
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