Véhicules électriques : avec la guerre en Ukraine, les conditions économiques ne sont plus réunies
L'Europe s'achemine bel et bien vers la fin de vie des véhicules thermiques en 2035, comme le montre le dernier scrutin de la commission Environnement au Parlement européen. Ainsi, lors du vote du Parlement en séance plénière pendant la première semaine du mois de juin, les députés se positionneront sur un texte qui prévoit la baisse des émissions de 20 % pour les voitures et les utilitaires en 2025, de 55 % en 2030 avant la fin de vente des véhicules thermiques en 2035.
Lire aussi : La PFA demande à Bruxelles d'attendre 2028 pour décider de l'arrêt ou non des véhicules thermiques.
"Nous avons vu que la commission environnement du Parlement européen était restée très proche de la proposition européenne avec toutefois une sévérisation de l’étape de 2025. Alors que la France, on le voit, a fait le service minimum, nous nous orientons au stade où Parlement européen et Conseil de l’Union européenne devront trouver une position commune. Mais il n’est pas sûr que l’on aboutisse à une position commune au sein du Conseil au regard du contexte de la guerre en Ukraine", explique Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme de l’Automobile (PFA).
La seule région du monde avec cette position
Une position radicale que la PFA regrette d’autant que l’Europe est la seule région du monde à s’imposer une discipline aussi stricte. Si les Etats-Unis, depuis l’élection à la présidence du démocrate Joe Biden, ont décidé d’accompagner la baisse des émissions, la logique repose sur une réduction de 40 % des émission par rapport à 1990. Et non sur une neutralité carbone.
"De plus, en 1990, les émissions de CO2 aux Etats-Unis étaient deux fois plus élevées qu’en Europe", appuie Marc Mortureux. Et en Chine, la progression des émissions de CO2 se poursuit alors qu'une baisse n'est pas envisagée avant 2035.
Une trajectoire "harmonieuse" qui vole en éclat
Toujours plus d'électricité décarbonée, multiplication des infrastructures de bornes de recharge, croissance des ventes de véhicules électriques : la Commission européenne s'est fondée sur ce triptyque idéal pour lancer son pack Fit for 55 en juillet 2021.
"Mais aujourd'hui cette orchestration harmonieuse est remise en question. Car toutes les matières premières coûtent plus cher et cette accélération vers le 100 % électrique se traduit par des tensions de plus en plus fortes", poursuit Marc Mortureux.
Ainsi, le prix du kWh qui devait baisser pour rendre plus abordable le prix des véhicules électriques, suit le mouvement inverse. Par ailleurs, la part du coût des matériaux dans le prix des batteries (entre 50 et 70 %), ne cesse de progresser.
"Nous sommes dans un contexte où l'on s'interroge sur le réalisme d'une telle trajectoire sachant que les constructeurs se donnent les moyens de s'adapter. Mais la pénurie des matériaux, le prix des véhicules électriques qui les rendent inaccessibles, le manque d'infrastructures de recharge et la non prise en compte de l'électricité décarbonée, nous font dire que les conséquences des décisions qui vont être prises n'ont pas été bien mesurées", avance Marc Mortureux.
Pour cette raison, la PFA réclame une analyse d'impact immédiate. Celle-ci est prévue dans le texte mais elle doit intervenir après le vote, en 2023. Autant dire après la bataille.
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