Thomas Rodier, XPeng : "En un an, le réseau a déjà atteint son seuil de rentabilité"
J. A. : En septembre 2025, XPeng a fêté sa première année de présence en France. Pouvez-vous retracer pour nous ces douze premiers mois ?
T. R. : La marque est officiellement arrivée en mai 2024 avec la présentation du G6 et du G9. Ces deux véhicules ont été présentés au public à l'occasion du Mondial de Paris, date à laquelle nous avions lancé notre réseau avec quinze points de vente.
À fin septembre 2025, nous sommes à 60 sites et, d'ici la fin de l'année, nous devrions atteindre 70 adresses. Jusqu'ici, nous avons immatriculé 2 125 véhicules et nous comptons atteindre avec ce réseau 3 600 VN d'ici la fin de l'année.
Le rythme de croisière est d'environ 400 véhicules par mois et nous prévoyons de passer à 500 unités avec les nouvelles générations du G6 et du G9 et l'arrivée prochaine de la berline P7+. Quant à la filiale française de XPeng, nous sommes actuellement 35 employés.
J. A. : Comment se porte le réseau ?
T. R. : Après seulement un an, le réseau a atteint son seuil de rentabilité.
J. A. : Avoir un réseau de distribution faisait-il partie des plans initiaux de XPeng ?
T. R. : Lorsqu’on commercialise une voiture dont le prix d’entrée est de 45 000 euros minimum, il faut s’appuyer sur de grands noms de la distribution pour rassurer les clients. C'est pour cela que nous avons décidé d'être accompagnés par des acteurs comme CAR Avenue, Jean Lain Mobilités, Edenauto, BPM, Parascondola, pour ne citer qu'eux.
Peu importe la forme que prend la commercialisation – que ce soit une filiale comme en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas, un importateur comme c’est le cas en Europe du Sud, voire des contrats d’agents comme en Suède –, nous nous appuyons à chaque fois sur des acteurs qui connaissent le marché.
J. A. : Combien doit-on investir pour prendre le panneau XPeng ?
T. R. : Les investissements sont relativement modestes, à savoir 30 000 euros pour avoir le panneau et 200 m² pour exposer une gamme qui ne cessera de grandir dans les années à venir. Les dimensions standards sont importantes, mais ce sont nos modèles qui doivent être mis en avant, pas le carrelage ! Dans la mesure du possible, nous demandons un hall d’exposition non partagé, mais en fonction de l’immobilier, il y a des dérogations possibles. Nous avons une certaine souplesse sur ce sujet.
Nous demandons impérativement la présence d’un vendeur dédié
J. A. : Et concernant les ressources humaines ?
T. R. : Nous sommes plus exigeants. Nous demandons impérativement la présence d’un vendeur dédié, accompagné dans la mesure du possible d’un apprenti. Nous avons beaucoup de passage en concession, des clients attirés par curiosité. C’est pourquoi il nous paraît indispensable d’avoir une deuxième personne pour éviter que les clients ne trouvent un showroom vide lorsque le vendeur est parti en essai.
Présentée au dernier salon de Munich, la berline P7+ sera commercialisée l'année prochaine en Europe. ©XPeng
J. A. : Avez-vous identifié le profil de vos premiers clients ?
T. R. : Nous avons effectivement réalisé une enquête. Nous avons interrogé un échantillon de 500 personnes sur nos 2 500 premiers clients : 30 % viennent de chez BYD, 30 % de chez Tesla et 9 % de chez Kia. Ces derniers recherchent absolument une puissance de charge de 800 V. Nous touchons une clientèle très friande de technologie. Depuis le lancement des nouvelles générations de nos modèles qui assurent une recharge rapide en douze minutes, nous avons beaucoup de questions. Le G6 est perçu par nos clients comme une alternative au Tesla Model Y. Nous récupérons celles et ceux qui se détournent de la marque pour des raisons politiques. La pyramide des âges de nos clients repose sur un socle de personnes autour de 45 ans et s'élève jusqu'aux plus de 65 ans.
À terme, nous souhaiterions une centaine de points de vente en France
J. A. : Comment se répartit la clientèle ?
T. R. : Sur les différents canaux, particulier et professionnel, elle est équilibrée. Pour les professionnels, nous touchons plus particulièrement les indépendants.
J. A. : Quelle sera la prochaine phase de développement de XPeng ?
T. R. : Pour le réseau, à terme, nous souhaiterions une centaine de points de vente afin qu'un client soit dans un rayon de 45 minutes d'une concession. Concernant le plan produits, XPeng va développer des modèles pour l'Europe, entendez par là, plus petits en termes de segment. En 2026, nous lancerons quatre nouveaux produits électriques : la berline P7+ évoquée plus haut et un MPV. Ce dernier sera produit en Indonésie, ce qui signifie qu'il ne sera pas soumis aux taxes européennes (31 % NDLR). Nous allons ainsi proposer un produit assez unique sur le marché, un sept places à quatre roues directrices, à un tarif attractif. Nous pensons que nous pourrons séduire les familles nombreuses ou le transport de VIP. Enfin, nous lancerons deux nouveaux SUV qui n'existent pas encore.
Nous prévoyons 380 000 immatriculations en Chine d'ici fin 2025, ce qui nous permettra d'intégrer le top 50 des marques, un seuil important là-bas
J. A. : Certaines marques chinoises comme BYD ou Chery prévoient de commercialiser plusieurs marques en Europe. Est-ce le cas pour Xpeng ?
T. R. : Si vous faites allusion à Mona qui est commercialisée en Chine, la réponse est non. Les produits n'ont pas été conçus pour le marché européen.
J. A. : Quelle est la situation de XPeng en Chine ?
T. R. : XPeng dispose d'une gamme de sept véhicules. Au premier semestre 2025, nous avons commercialisé 197 000 véhicules et nous prévoyons d'atteindre 380 000 unités d'ici fin 2025, ce qui nous permettra d'intégrer le top 50 des marques, un seuil important en Chine. Le plus significatif est de vendre plus de 30 000 véhicules par mois, un objectif que nous allons atteindre.
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