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Distribution

Sogafric projette un vaste plan pour importer le rétrofit électrique à la française

Publié le 13 juin 2025

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Comptant parmi les plus influents importateurs automobiles sur le sol africain, Sogafric vient, par l'intermédiaire de sa filiale Gesparc, de sceller une alliance avec Rev Mobilities. Le groupe installé au Gabon (Afrique) veut faire du rétrofit sa clé d'entrée sur un marché des voitures électriques naissant.
Sogafric Retrofit
Sogafric a missionné sa filiale, Gesparc, pour commercialiser le Toyota e-Lux auprès des flottes d'entreprise. ©Le Journal de l'Automobile

À la fin du mois de juillet 2025, deux lots de trois caisses débarqueront d'un bateau arraisonné dans un port du Gabon. À l'intérieur de celles-ci se trouvera tout le matériel nécessaire à la conversion d'un pick-up Toyota Hilux diesel en voiture électrique. Le destinataire de cette cargaison expédiée par Rev Mobilities pourra alors débuter un tout premier essai d'installation.

 

Cet événement marquera la fin de deux années de travaux de recherche et de développement menés par le spécialiste français du rétrofit et Sogafric, l'importateur automobile dont le quartier général se situe à Libreville, capitale du Gabon. Une relation née de la volonté du second de lancer une offre de véhicules thermiques transformés pour répondre à la demande de clients BtoB.

 

Un véritable pari pour l'entreprise qui compte parmi les plus influents acteurs de la vente de véhicules sur le continent. "Nous avons des rivaux financièrement très puissants. Notre force repose sur une capacité d'innovation supérieure", nous explique sans détour Boris Kellingan, directeur général de Sogafric, venu au Maroc pour la présentation officielle du Toyota e-Lux conçu avec Rev Mobilities.

 

Au départ de cette aventure, Sogafric pensait investir 25 % dans la coentreprise Rev Offroad, créée avec son partenaire français. Très vite convaincu par le potentiel, l'importateur a acté de financer à 50 % les coûts de R&D. En échange, il obtenait de Rev Mobilities l'engagement d'une collaboration commerciale exclusive sur le continent africain. Et aux yeux de la direction, ce n'est pas rien.

 

Accompagner le verdissement forcé

 

Pendant que les caisses voyageront vers le Gabon, Sogafric prépare le terrain. Sa filiale Gesparc, dont l'activité principale consiste à louer des véhicules en courte durée à tous types de clients et en longue durée à des flottes de grande taille, a pris en main le dossier depuis les premiers jours. À Libreville, elle aménage un atelier qui se consacrera à l'installation des kits sur les exemplaires de Toyota Hilux thermiques à convertir.

 

Sur un marché automobile d'un peu plus de 3 000 VN par an au Gabon, Sogafric capte environ 50 % des immatriculations avec les marques Toyota, Renault, Dacia, Mazda et Isuzu, pour ne citer que ces gammes de VL. Mais aucune d'elles ne lui propose de modèle électrique au catalogue. Or l'importateur fait face à des clients BtoB qui souhaitent verdir leur flotte. Par l'entremise de Gesparc, ils lui prennent bon an, mal an 300 voitures neuves chaque année.

 

 

"À ce jour, nous comptons autour de 1 300 véhicules en leasing et ce sont uniquement des moteurs thermiques, nous rapporte Julien Soret, directeur général de Gesparc et responsable de l'innovation de Sogafric. Nos clients sont pressés par leurs actionnaires de basculer vers l'électrique car les bilans RSE sont généralement consolidés en Europe. La demande croît donc de manière exponentielle en Afrique".

 

Le Toyota e-Lux apportera une réponse. Il conviendra tout particulièrement aux entreprises pétrolières, à l'instar de Maurel & Prom, le client des premiers exemplaires de pick-up transformés, ainsi qu'aux exploitants de mines et de parcs forestiers.

 

S'imposer comme la référence continentale

 

À compter du 1er octobre prochain, 70 véhicules devront être livrés, dont 20 unités avant la fin de l'année 2025. Sogafric a fixé une condition. Les clients doivent être en mesure de fournir leur propre énergie pour ne pas brancher les voitures sur un réseau électrique national déjà en souffrance. Le groupe refuse de sacrifier le confort précaire des deux millions d'habitants sur l'autel de la modernisation.

 

Ensuite, le démarchage intensif débutera. Le groupe de distribution estime que son offre de rétrofit dépassera les frontières du Gabon. "Nous avons pris une avance sur la concurrence et avec Rev Mobilities, nous avons les moyens de devenir la référence du rétrofit à l'échelle du continent", entrevoit Julien Soret. Cela passera par les voitures, mais pas uniquement. La reprise de Greenmot par Rev Mobilities, en mai 2025, ouvre la possibilité de proposer des poids lourds, dont des bus, aux opérateurs de mobilité.

 

Il prépare donc l'avenir. Le directeur de l'innovation et de Gesparc écrit les premières lignes d'un schéma logistique de grande envergure. "En raison de leur importance, les ports de Tanger ou de Casablanca peuvent servir de plateformes. Nous pourrions y acheminer, d'une part, les kits et, d'autre part, les véhicules en fin de leasing dans un centre où nous ferions du reconditionnement à neuf et de la conversion à l'électrique à un rythme industriel", renchérit-il.

 

Pousser l'économie circulaire à son paroxysme

 

Gesparc prévoit de commander des Dacia Spring pour les agences de location courte durée. "Nos clients ne font qu'une centaine de kilomètres, nous retirerons les câbles et assurerons nous-mêmes la recharge grâce à des panneaux solaires", glisse Julien Soret. Le Gabon est en train d'avancer à grands pas sur sa transition écologique. D'ailleurs, BYD vient tout juste d'ouvrir la première concession de véhicules électriques du pays.

 

La filiale étudie également une piste parallèle. Elle consisterait à effectuer du rétrofit sur des véhicules neufs. Une idée folle qui trouve du sens dans l'explication du directeur d'innovation : les chaînes de traction de VN thermiques seraient valorisées auprès du marchand qui assure en exclusivité le remarketing des véhicules d'occasion de Gesparc.

 

 

Ainsi, le leaser pourrait proposer des voitures électriques neuves, son partenaire fiabiliserait les véhicules d'occasion et les pièces usagées alimenteraient le marché de la rechange. "Nous repousserions les limites de l'économie circulaire", sourit l'homme. L'avantage pour lui est de travailler sur un continent qui s'autorise à bouger très vite, ce qui lui donne la liberté d'inventer.

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