Le CRVO de Lens monte en puissance
La façade du bâtiment n'est pas encore mise aux couleurs de l'enseigne. Mais à l'intérieur, les équipes d'Emil Frey France s'affairent depuis mars 2022. Le centre de reconditionnement des véhicules d'occasion (CRVO) de Lens (62) continue son apprentissage et ne cesse de monter en régime. Preuve en est, la création d'une troisième équipe de carrossiers qui a commencé, le 7 décembre 2022, à travailler de nuit pour accélérer la cadence de traitement des véhicules qui défilent sur le site.
Pour l'heure, il s'agit encore d'une phase expérimentale. Le directeur opérationnel, Benoît Pecqueur, souhaitant évaluer la capacité du CRVO à fonctionner sur cette plage horaire. "Nous observons notamment la résilience des systèmes informatiques qui ont toujours eu l'habitude d'effectuer des opérations de mises à jour et de transfert de données durant la nuit", explique-t-il ce point clé.
Course aux recrutements
Alors qu'ils étaient 140 employés à l'ouverture au printemps, ils sont désormais 182 à se rendre dans cet ancien entrepôt logistique d'une enseigne de grande distribution devenue, moyennant un investissement de 17 millions d'euros, un temple de la remise en état de voitures d'occasion et de la distribution de pièces de rechange pour les réseaux Renault, Ford et Kia. Le rythme de recrutement devrait rapidement porter ce total à 200 personnes, puis à quelque 240 têtes à terme.
Pour trouver ces ressources, Emil Frey France s'est d'abord tourné vers la Chambre des métiers d'Arras (62). Suivant un parcours défini d'identification des profils et d'évaluation de la motivation, 70 des candidats ont ensuite été orientés vers Ingrandes (86) pour suivre une formation de 2 mois avant de prendre leurs quartiers à Lens.
"Il ne fallait pas adopter une méthode classique pour éviter de siphonner nos propres concessions", argue Benoît Pecqueur. Pour le reste du personnel, cependant, le jeu des annonces d'emplois a fonctionné à plein. D'ailleurs, une banderole sur la façade du CRVO indique clairement que des postes sont à pourvoir.
Rythme croissance du CRVO de Lens en 2022 | ||
Mois | Effectif | Volume VO reconditionnés |
Avril | 136 | 489 |
Mai | 141 | 794 |
Juin | 144 | 1 005 |
Juillet | 152 | 1 017 |
Août | 151 | 1 231 |
Septembre | 167 | 1 400 |
Octobre | 169 | 1 409 |
Novembre | 172 | 1 450 |
Décembre | 178 | 1 600 |
Pour le directeur des opérations, gérer un CRVO se résume à gérer du capacitaire. Autrement dit, à piloter les compétences disponibles pour assurer un traitement complet des véhicules en 15 jours de moyenne (le centre tourne à 18 jours de moyenne actuellement).
Il faut donc détenir dans les effectifs des profils pluridisciplinaires. "Des mécaniciens peuvent devenir des experts VO missionnés pour réceptionner les véhicules et évaluer les travaux à effectuer," glisse le directeur. En tant que point d'entrée, ils établissent, en 45 minutes, les temps de main d'œuvre et la liste des pièces de rechange à commander par poste de travail. Le planning des collaborateurs peut ainsi être décidé.
Le métier d'expert VO n'existait pas. Le CRVO de Lens l'a imaginé par souci d'efficacité. "Le centre d'Ingrandes nous a inspiré l'idée d'aller plus loin dans l'approche des ressources humaines", apprécie tout particulièrement Benoît Pecqueur. Sa plus grande fierté ? Avoir noué un accord avec des lycées professionnels environnant pour construire un cursus scolaire inédit dans le paysage. En 3 ans, une promotion de 12 jeunes obtiendra 3 diplômes différents : un CAP réparation des carrosseries, un CAP peinture en carrosserie et un titre pro de mécanicien de maintenance automobile. "Et nous les accompagnons à l'obtention du permis puisqu'ils sont tous mineurs", ajoute-t-il. Une polycompétence qui couvre tous les métiers du CRVO et rend ces jeunes plus employables à terme.
Système de graduation du reconditionnement
A ce jour, plus de 1 600 véhicules d'occasion en moyenne passent chaque mois entre les mains des carrossiers, mécaniciens et préparateurs avant de reprendre la route des concessions du groupe Emil Frey France ou des centres logistiques de BCAuto Enchères, les deux co-investisseurs. En 2023, la cadence va clairement augmenter. Benoît Pecqueur table sur un rythme de 2 000 à 2 500 unités mensuelles, sachant qu'il faut en moyenne 11 heures d'intervention par unité.
La standardisation du processus de reconditionnement constitue le cœur du sujet. Mais au CRVO, on voit poindre une nouvelle notion de label. Le sujet avait été évoqué lors de notre visite de URVO, le centre de reconditionnement du groupe Chopard, à Lyon (69) en décembre 2021. Il se précise aujourd'hui dans l'esprit du directeur des opérations.
En résumé, le lensois veut établir une grille de référence pour déterminer la nature et la profondeur de la remise en état appliquée à chaque exemplaire, tout comme l'origine des pièces commandées (constructeur, stock de Flauraud). Le grade Or concerne ainsi tous les véhicules de 0 à 30 mois (et plus de 100 km) et les modèles premium dont les labels sont par nature plus exigeants (25 % du volume qui transite dans le centre). Le grade Argent traite tous les VO de 31 à 60 mois d'ancienneté (50 % du volume). Le grade Bronze touche tous les VO de plus de 5 ans mais de moins de 100 000 km (20 %) et le dernier, le grade Eco, correspond à tous les VO de plus de 5 ans et plus de 100 000 km (5 %). "Je pense que le marché va pousser à l'accroissement de ce dernier grade car nous avons toujours plus de VO de plus de 10 ans", se projette le directeur.
Du retard pour le site dans l'Est
Le réseau de CRVO doit compter 5 centres. Le prochain ouvrira sur un axe allant de Paris (75) à Strasbourg (67). Prévu initialement pour le printemps 2023, ce projet a été repoussé d'un an. Emil Frey France et BCAuto Enchères peinent à trouver le lieu d'implantation idéale. Reims (51) avait été envisagé un temps. Mais le dossier n'a pas abouti. "A Lens, nous avons un bassin de 30 000 personnes (l'agglomération Lens-Liévin totalise près de 250 000 habitants, ndlr), une infrastructure routière et une friche industrielle, rappelle Benoît Pecqueur. Ces trois conditions doivent être impérativement réunies".
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Voilà ce que les co-investisseurs s'emploient à localiser, tout en gardant à l'esprit que la rentabilité des opérations tient aussi au fait que les concessions, qui achètent la prestation du CRVO, doivent se situer dans un barycentre de 200 km. Cette équation a fait ses preuves pour le centre nordiste. Le groupe Emil Frey France a en effet pu économiser, en moyenne, 100 euros sur les montants de remise en état par véhicule même en intégrant le coût de transport au calcul des frais.
Après cette prochaine étape, le temps sera venu de se tourner vers les régions lyonnaises et marseillaises pour achever le maillage. Aucun calendrier d'ouverture des infrastructures n'a été avancé.
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