L’attrait pour l'occasion et les marques chinoises rebat les cartes du marché automobile espagnol

Dans le cadre du salon des voitures d'occasion qui se tient à Madrid, la Ganvam a livré une photographie claire du marché automobile en Espagne. Dans une étude réalisée en partenariat avec le site internet coches.net, la fédération des distributeurs a analysé les tendances de consommation auprès de 3 000 acheteurs et potentiels acquéreurs.

Il en ressort une domination sans partage du véhicule d’occasion. Avec 75 % des intentions d’achat orientées vers cette offre, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un choix de raison pour des Espagnols qui font face à des contraintes de pouvoir d'achat. Dans le détail, 44 % des automobilistes interrogés envisagent un modèle d’occasion "classique", quand 31 % optent pour un véhicule très récent. Seuls 25 % du panel considèrent la possibilité d'acheter un véhicule neuf.

Cette hiérarchie s’explique en grande partie par une réduction du budget moyen. Il est désormais fixé à 12 590 euros, contre 14 795 euros en 2024. Le choix du modèle reflète également une logique fonctionnelle. Le SUV reste le type de véhicule préféré, apprécié pour sa modularité et sa présence sur la route, à en croire le décryptage du sondage.

Les critères de sélection se durcissent. La Ganvam rapporte que près des trois quarts (74 %) prennent en compte le kilométrage comme élément décisif, et 49 % refusent les modèles de plus de cinq ans.

En matière de canal d’achat, la confiance se porte largement sur les professionnels, que ce soit les concessionnaires ou les distributeurs indépendants (82 %). Les enseignes devancent largement les transactions entre particuliers (18 %), motivées avant tout par le prix.

Des marques chinoises attractives, mais pas totalement adoptées

Dans le sillage des voitures d'occasion, une autre proposition commence à retenir l'attention des Espagnols. En effet, les marques chinoises ne sont plus marginales dans les intentions d’achat. 71 % des personnes interrogées les considèrent comme une option envisageable. Une évolution rapide pour des marques encore peu implantées physiquement sur le territoire.

Toutefois, il faut le souligner, la perception reste nuancée. Un peu moins de la moitié des participants au sondage (46 %) les trouve intéressantes, mais émet des doutes sur leur qualité ou leur fiabilité. Dans le même temps, 25 % les estiment déjà innovantes et fiables. À l'inverse, 29 % des acheteurs potentiels affirment rester attachés aux marques plus établies.

Ce basculement progressif s’explique essentiellement par le positionnement tarifaire offensif des constructeurs chinois. Le prix ressort comme le facteur de décision principal pour 25 % du panel, devant des critères plus traditionnels comme la sécurité (12 %), la consommation (10 %) ou encore la notoriété de la marque (10 %).

Une redistribution silencieuse des cartes

"Dans un contexte où le prix reste le levier numéro 1 de déclenchement de l’achat, il n’est pas étonnant que les marques chinoises suscitent l’intérêt, expliquent conjointement des représentants de la Ganvam et de coches.net. Elles ont su s’emparer d’un segment de marché où les constructeurs européens sont de moins en moins présents".

Cette dynamique laisse entrevoir une recomposition du marché, où les marques historiques devront probablement repenser leur offre d’accès, sous peine de voir émerger de nouveaux acteurs capables de capter la clientèle sensible au rapport qualité-prix. L’automobiliste espagnol de 2025 semble guidé par la rationalité autant que par l’ouverture. Ce qui pourrait engendrer une redistribution des cartes.