Groupe alpin Romafi : L’autre multimarquisme
...sorte. Mais entre aimer l'automobile et travailler dans ce secteur, il y a un pas que Roland Mazet a franchi dès son plus jeune âge. "J'ai toujours travaillé dans cet univers, se souvient le dirigeant de Tag. Mais si j'ai réalisé le plus clair de mon parcours dans l'automobile, j'ai également vendu des machines agricoles à mes débuts". Après cette première expérience de vente, Roland Mazet trouve son premier job de vendeur automobile à la concession Citroën de Gap alors tenue par M. Charmasson. "J'y ai d'ailleurs vendu la dernière DS en stock en 1974-1975 avant que n'arrive la CX". Un poste qu'il occupera jusqu'en 1981, année où la concession fait malheureusement faillite. Une situation qui le pousse chez le concurrent, Renault. Une décennie va s'écouler à l'ombre du Losange. "Durant toutes ces années chez Renault Gap, j'ai engrangé beaucoup d'expérience." Vendeur de secteur en 1981, il deviendra responsable VO puis VN durant cette décennie. "J'ai énormément appris ici, notamment sur la gestion d'une affaire, avec Eric Baconnier mais aussi et surtout avec Henri Roussin-Bouchard, le directeur financier d'alors. Un personnage exceptionnel". Et puis en 1989, il y a l'opportunité Opel. Un concours de circonstances né d'une rencontre avec Guy Fréquelin, alors pilote Opel. Toujours en poste dans la concession Renault, Roland réfléchit alors à la reprise du panneau Opel dans le département avec son patron de l'époque. Finalement, dans le courant de l'année 1990, il se lance, seul. Cette concession Opel est la première pierre du groupe Romafi. Depuis cette date, et pendant plus d'une décennie, Roland Mazet va s'attacher à faire grandir, d'une manière atypique, son affaire.
Le business moto représente 20 % du CA du groupe
Bien qu'aimant l'automobile, le jeune dirigeant a tout de même une préférence, et même une vraie passion pour la moto et notamment les Honda. Paradoxalement, c'est la moto qui va le conduire à élargir son cercle d'affaire automobile ! En effet, en 1995, il rachète la concession Honda Auto du secteur. "J'ai effectivement acheté, puis gardé Honda voitures même en perdant de l'argent, afin de pouvoir y intégrer la moto." Son vœu sera enfin exaucé en 2002 : depuis les showrooms sont communs. Roland Mazet y voit certains avantages. "Ce Groupe Romafi SA
mélange des genres est positif. Par exemple : un client, propriétaire d'un monospace a finalement changé de voiture suite à son passage dans nos showrooms pour la révision de sa CBR 900. De plus, à l'inverse, aujourd'hui nous vendons énormément de 125 à nos clients autos. Et il est amusant de constater que ces clients communs ont une perception différente notamment sur l'après-vente. Ainsi, un pneu moto facturé 200 euros ne va poser aucun problème alors qu'un pneu pour sa voiture à 50 euros va leur paraître trop cher." Un business moto qui représente aujourd'hui 20 % du chiffre d'affaires du groupe car il faut ajouter à Honda, les marques Yamaha et Suzuki qui sont entrées dans le giron du groupe en 2002 et 2003. Mais revenons à la voiture, car c'est tout de même sur ce secteur que le groupe va le plus se développer. Dès 1994, les marques Volkswagen et Audi entrent dans le portefeuille avant d'en ressortir 6 années plus tard. Roland Mazet et son associé d'alors, Alain Reynaud, décident de vendre cette affaire à Eric Baconnier. Cependant, la vente de marques du groupe Volkswagen ne l'empêche pas d'investir dans Seat. D'ailleurs, cette dernière dispose, depuis janvier dernier, d'un bâtiment flambant neuf qu'elle partage avec Kia, mais aussi Yamaha et Suzuki motos. Après l'acquisition de Seat, en 1996, l'heure est à la constitution d'une plaque sur les départements 05 et 04. Ainsi, Romafi développe sa plaque Opel à Digne-les-Bains en 1997, puis à Manosque en 2000 avec également la marque Honda. Mais cette implantation dans le pays de Giono, ainsi que sa poursuite aujourd'hui, n'est pas simple. Avec Opel et Honda déjà implantés, le dirigeant souhaiterait y ajouter Seat, notamment, mais l'immobilier est devenu un problème. Alors nous sommes bien loin de Paris, Marseille ou Nice, mais un événement est venu changer la donne. Le réacteur Iter ! En effet, l'implantation de ce projet nucléaire international sur le site voisin de Cadarache a fait exploser le prix du m2. Dans ce contexte, difficile de créer de nouveaux showrooms, dont l'investissement se compterait en millions d'euros, pour des volumes qui se limitent à quelques centaines d'unités.
FOCUS
Roland Mazet
Opel, Chevrolet, Honda autos et motos, Seat, Kia, Suzuki motos, Yamaha
- VN : 600
- VO : 400
- Moto neuves : 270
- Motos occasions : 150
- VN : 680
- VO : 480
- Motos neuves : 300
- Motos occasions : 180
21 millions d'euros
La nouvelle Corsa est une bouffée d'oxygène
Le groupe Romafi a bien changé en 15 années, à l'image du business auto d'ailleurs. Pour Roland Mazet, "le multimarquisme est devenu une obligation aujourd'hui." Comme la diversification d'ailleurs, puisque le groupe compte dans ses rangs des agences de location Hertz dans les villes de Gap, Briançon et Manosque. Sinon, pour l'automobile, l'heure est plutôt à la consolidation après une forte croissance. L'arrivée de la nouvelle Corsa est une bouffée d'oxygène pour les sites Opel du groupe et leur rentabilité, car ce modèle a pu représenter dans le passé près de 40 % des volumes. De la même manière, l'élargissement de la gamme Chevrolet, avec le Captiva, mais aussi l'arrivée d'une motorisation Diesel ouvre de bien meilleures perspectives. D'ailleurs, le patron revient sur ce point : "Ce changement de Daewoo en Chevrolet a été un très bon point. Après un pic de ventes en 2005, nos volumes se stabilisent aujourd'hui mais bien au-dessus de ceux de Daewoo."
De quoi sera fait l'avenir du groupe ? Pour l'heure, "pas de nouveaux développements en vue, indique Roland Mazet, sauf peut-être si Kawasaki cherche un nouveau distributeur dans la région !" lance-t-il en riant. Voilà une piste, mais s'il avait une baguette magique, il ferait en sorte que "les salariés du groupe en deviennent actionnaires. Ils sont le cœur et la vie de l'entreprise."
Christophe Jaussaud
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