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Constructeurs

Toyota anticipe un plongeon de son bénéfice en 2025-2026

Publié le 9 mai 2025

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Affecté par les taxes douanières américaines et confronté à une concurrence accrue en Chine, Toyota prévoit un effondrement de 35 % de son bénéfice net pour l’exercice fiscal en cours. Il passera ainsi de 29,3 à environ 19 milliards d’euros.
toyota résultats financiers
Koji Sato, le PDG de Toyota, annonce une baisse à venir de 35 % du bénéfice net du groupe en 2025-2026. ©Toyota

Toyota anticipe un effondrement de presque 35 % de son bénéfice net en 2025-2026, en raison du coût des surtaxes douanières américaines estimé à plus d'un milliard d'euros, un coup de semonce pour l'industrie nippone.

 

Cette chute attendue du bénéfice net sur l'exercice décalé entamé début avril, à 3 100 milliards de yens (19 milliards d'euros), est bien plus prononcée qu'attendu. Toyota mise néanmoins sur des ventes en progression (+1 %).

 

Négociations entre Tokyo et Washington

 

"L'impact estimé des droits de douane américains imposés en avril et mai 2025 a été provisoirement pris en compte" et évalué à 180 milliards de yens (1,1 milliard d'euros), a expliqué le groupe japonais.

 

L'administration du président américain Donald Trump applique depuis début avril des surtaxes de 25 % sur les voitures importées aux États-Unis, mais aussi depuis peu sur les importations de pièces comme les moteurs et transmissions.

 

Ces droits de douane "sont actuellement l'objet de négociations" entre Tokyo et Washington, et "les détails (sur leurs niveaux définitifs) sont encore flous, il est donc difficile de les prédire" complètement, a reconnu le PDG Koji Sato. "D'un autre côté, des droits de douane ont déjà été imposés, nous avons donc pris en compte leur impact", a-t-il insisté.

 

Un quart des ventes mondiales aux USA

 

"Vu l'influence et le poids de Toyota, ces prévisions sont surveillées de près au Japon" et le constructeur se devait de tenter d'intégrer l'impact de la guerre douanière à ses calculs au risque sinon de désorienter ses fournisseurs, a indiqué Tatsuo Yoshida, analyste chez Bloomberg Intelligence.

 

Le sujet est sensible dans l'archipel : l'industrie automobile y occupe environ un emploi sur huit et représente 28 % des exportations japonaises à destination des États-Unis. Or Toyota, qui comme ses concurrents pâtit déjà de l'essoufflement des ventes mondiales de voitures et d'enquêtes réglementaires au Japon, est particulièrement vulnérable à l'offensive douanière de Washington.

 

 

Sur l'année 2024, il avait réalisé un quart de ses ventes mondiales aux États-Unis, y écoulant 2,33 millions de véhicules – dont 1,06 million avait été importé depuis le Japon et le Mexique. "À court terme, nous ajustons nos livraisons (vers les États-Unis), tandis qu'à moyen et long termes, nous poursuivrons le développement d'une production locale adaptée aux clients américains", a déclaré Koji Sato.

 

"Les constructeurs automobiles font ce qu'ils peuvent pour tenter de délocaliser leur production aux États-Unis, même s'il n'y a pas de bouleversements majeurs (dans l'immédiat), car ces transferts prennent du temps" et s'avèrent très coûteux, indique à l'AFP Takaki Nakanishi, du cabinet Nakanishi Research Institute.

 

Dix usines aux États-Unis

 

Toyota possède dix usines aux États-Unis, mais est également fortement implanté au Mexique, dans le cadre de chaînes de production transfrontalières désormais sévèrement perturbées, malgré de récents assouplissements dévoilés par Donald Trump pour les pièces détachées.

 

L'entreprise avait annoncé dès février les premières livraisons imminentes de son onzième site, une usine de batteries pour véhicules électriques et hybrides en Caroline du Nord, un investissement à 14 milliards de dollars témoignant de son engagement accru dans le pays.

 

 

Et alors que se précisait en mars la perspective des barrières douanières et la probabilité qu'elles se répercutent sur les prix de vente, des acheteurs américains ont hâté leur achat pour échapper au couperet. En mars, dernier mois épargné par les surtaxes, Toyota a ainsi vu ses ventes bondir de 7,7 % sur un an aux États-Unis – contre un recul de 0,3 % sur l'exercice 2024-2025.

 

Ces prévisions moroses s'inscrivent dans le sillage de résultats sans éclat. Sur l'exercice écoulé 2024-2025 achevé fin mars, Toyota a vu son bénéfice net reculer de 3,6 % à 4 765 milliards de yens (29,3 milliards d'euros), pour une hausse de 6,5 % du chiffre d'affaires à 48 037 milliards de yens (295 milliards d'euros).

 

Concurrence accrue en Chine

 

En nombre d'unités, Toyota a vu ses ventes mondiales reculer de 0,3 % sur l'exercice, à 10,27 millions de véhicules, selon des chiffres dévoilés l'an dernier. Un chiffre plombé par un plongeon au Japon jusqu'à l'automne dernier en raison de rappels et d'arrêts de livraisons enjoints par les régulateurs nippons.

 

 

Les ventes en Chine, un marché crucial, ont par ailleurs plongé d'environ 6 % face à la concurrence acérée de constructeurs chinois, dont BYD, champion de la voiture électrique. Pour y faire face, Toyota a annoncé en mars la construction d'une usine de voitures électriques à Shanghai, emboîtant le pas à l'américain Tesla. (avec AFP)

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