Stellantis : John Elkann appelle à une "déréglementation intelligente" pour créer une E-car européenne

Dans un discours politique prononcé pendant un congrès automobile organisé par Automotive News Europe, John Elkann, président de Stellantis, tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme sur les multiples réglementations européennes qui régissent le secteur automobile. Le dirigeant, accompagné de Luca de Meo, directeur général du groupe Renault, avait déjà mis en garde contre les multiples couches réglementaires qui bloquent l'industrie automobile en Europe.
"À l’horizon 2030, pas moins de 120 nouvelles réglementations affecteront le secteur" a-t-il indiqué, tout en précisant que plus d’un quart des ingénieurs des constructeurs se consacre à la seule conformité réglementaire, sans aucune création de valeur . Un signal fort pointant du doigt les limites de la stratégie normative européenne.
"La Fiat 500 de première génération pesait environ 400 kilos. Celle que nous produisons aujourd’hui est trois fois plus lourde", présente-t-il comme exemple. Le poids croissant des véhicules, en grande partie lié à l’empilement réglementaire, est aussi un paradoxe écologique : plus lourds, les véhicules consomment davantage d’énergie, même en version électrique. Et cela, avertit le dirigeant, nuit à l’ambition environnementale affichée par l’Union européenne.
L’échec du véhicule abordable en Europe
Au fil des années, l’accessibilité automobile a reculé en Europe. En 2019, 49 modèles étaient proposés à moins de 15 000 euros. En 2025, un seul subsiste. En parallèle, les volumes s’effondrent : d’un million de voitures à bas prix vendues il y a six ans, on est passé à moins de 100 000.
"L’Europe est le seul marché qui ne s’est pas remis de la crise de la Covid", remarque John Elkann. Le président de Stellantis y voit un symptôme du désalignement entre les politiques industrielles et la réalité des consommateurs. Et c’est toute une tradition de l’industrie européenne, centrée sur la petite voiture populaire, qui s’effrite.
Face à ce constat, l’appel est clair. L'Europe doit permettre la conception d'une voiture électrique spécifiquement européenne, inspirée des K-cars japonaises, ces mini-véhicules qui représentent 40 % du marché au Japon. "Il n’y a aucune raison pour que l’Europe ne puisse pas, elle aussi, créer une E-car abordable", ajoute John Elkann.
L'urgence stratégique d'une E-car européenne
Plus qu'une innovation produit, il s’agit d’une vision globale qui combine réglementation intelligente, production locale, accessibilité économique, sobriété énergétique… et attractivité émotionnelle.
"Cela peut être environnemental. Cela peut être économique, et en fait abordable. [Ce petit véhicule électrique] peut être européen et peut être construit en Europe parce qu’en fin de compte, si vous êtes capable d’obtenir la bonne réglementation, il peut ne pas seulement être construit en Europe, mais acheté en Europe comme une K-car... Et enfin, cela devrait être émotionnel, excitant, car il n’y a aucune raison pour qu’une voiture moins chère ne soit pas excitante", a-t-il ajouté.
Le président de Stellantis cite également Renault, ou encore Volkswagen, en exemple comme acteurs industriels conscients de l'apport d'une "déréglementation intelligente".
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