Renault suspend ses activités en Russie et revoit ses objectifs
(Mis à jour, le 24 mars 2022)
La tension était déjà à son maximum mais la prise de parole du président ukrainien, Vladimir Zelenski, devant les députés français, le mercredi 23 mars 2022, a terminé de faire pencher complètement la balance.
Enjoignant les entreprises françaises toujours actives sur le sol russe, à suspendre leur production ou leur commerce, ce dernier leur a demandé "de cesser d'être les sponsors de la machine de guerre de la Russie."
Impossible de tenir face à l'émotion suscitée par ces déclarations. A 21 heures, ce 23 mars, le groupe Renault, dans un communiqué, vient en effet d'annoncer que le constructeur suspendait les activités de l'usine Renault de Moscou à partir de ce jour. De la même manière, le groupe "évalue les options possibles concernant sa participation dans AvtoVaz, tout en agissant de manière responsable envers ses 45 000 salariés en Russie."
Le groupe français détient 68 % du constructeur russe. Le groupe d'armement Rostec appartenant à l'oligarque Sergueï Tchemezov, un proche de Vladimir Poutine, dispose des 32 % restants. En 2021, Renault et AvtoVaz ont cumulé 34 % du marché russe (pour un volume de 482 264 véhicule vendus) avec la marque Lada mais aussi Renault et 36 % de la production locale.
Lire aussi : Comment la guerre en Ukraine secoue, aussi, l'industrie automobile
L'usine de Moscou, dont les activités sont suspendues produit quant à elle, l’Arkana (mais sur la base d’une plateforme différente du modèle connu en Europe), le Duster et le Kaptur (sur la base du Duster). Le constructeur reste cependant sous la menace d'une nationalisation d'AvtoVaz.
Révision à la baisse des objectifs
Renault, qui avait retrouvé le sourire et les bénéfices au terme de l'année 2021, replonge dans la déprime avec un volume de vente amputé de 20%, proche des 2,2 millions de véhicules. De la même manière le bénéfice opérationnel de l'activité automobile se verra réduit de moitié. AvtoVaz a généré en 2021 une marge de 247 millions d'euros, proche des 260 millions accumulés par le segment automobile hors activité russe. La marge totale s'étant élevée à 1,6 milliard dont 70 % sont issus de la captive financière RCI Bank and Services.
De ce fait, le groupe annonce revoit à la baisse ses prévisions de résultat avec une marge opérationnelle de l'ordre de 3 % (contre supérieure à 4 % précédemment) et un cash flow opérationnel de l'automobile positif contre une estimation supérieure à 1 milliard d'euros dans les précédents objectifs.
Par anticipation, Renault prévoit d'enregistrer une charge d'ajustement de 2,195 milliards d'euros dans ses comptes du premier semestre, soit la valeur de ses actifs en Russie.
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