Renault étudie la séparation de ses activités thermiques et électriques
Faire comprendre au marché que la valorisation de Renault n’est pas à la hauteur de son savoir-faire. Luca de Meo, directeur général du groupe français, interrogé par le jury de l’Homme de l’Année, en marge de la cérémonie d’attribution de son prix, s’est exprimé sur l’analyse lancée qui pourrait aboutir à la création de deux entités distinctes. Les résultats de l’étude, qui pourraient être communiqués au début de l’été, aboutiraient à la scission de l’entreprise au regard des marchés financiers. La première comprendrait l’intégralité des activités électriques, la seconde engloberait les activités thermiques, dont Dacia.
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"Nous verrons les résultats de cette analyse mais cela permettrait de faire comprendre la valeur de Renault, qui je pense n’est pas à la hauteur de notre valorisation boursière. Tous les analystes nous comparent régulièrement à la concurrence mais je pense que le travail réalisé depuis ces dix-huit derniers mois nous positionne comme étant très compétitif sur tous les maillons de la chaîne de valeur de l’électrique. Il s’agit d’une autre technologie, d’un autre modèle de business et cela mérite un périmètre complètement dédié", a-t-il déclaré. "Cela permettra de montrer au monde que lorsque l’on parle de véhicules électriques, nous sommes très bons."
Plus de clarté et de transparence
De la même manière, la division thermique permettra de mettre en lumière "l’impressionnante qualité de business de Dacia". Selon ce dernier, le modèle de Dacia reste unique dans le secteur car très difficile à copier. "C’est la combinaison d’un savoir-faire dans le développement, d’un écosystème industriel localisé dans des pays très compétitifs en termes de coût et de qualité (les modèles Dacia sont produits en Roumanie et au Maroc) avec un modèle de distribution très malin qui en réalité est un business additionnel marginal pour le distributeur." La structure de marge du modèle de distribution de la marque se rapproche en effet de celui de l’agence avec une marge de base très faible et 85 % des ventes adressées aux clients particuliers. "Combiner les trois est très difficile à copier", a poursuivi Luca de Meo.
Avec l’arrivée du Bigster (le lancement est prévu en 2025), Dacia devrait également voir bondir ses marges, avec un prix moyen bien plus élevé qu’actuellement. De 15 000 euros en moyenne, le panier moyen devrait alors grimper à 20 000 euros. "Le business de Dacia va devenir très sérieux, d’autant que les moteurs à combustion vont continuer à se vendre partout dans le monde sauf en Europe", selon Luca de Meo qui estime ainsi que ce business thermique pourrait également intéresser d’autres partenaires (Nissan ou autre) mais aussi d’autres investisseurs.
Des mouvements similaires dans l'automobile
Renault n'est pas le premier constructeur à envisager la séparation de ces deux activités. Le premier à avoir franchi le pas est Volvo. Ford l'a également annoncé début mars 2022, avec la création d'une nouvelle entité consacrée à ses véhicules électriques, Ford Model e, tandis que ses activités traditionnelles seront rassemblées sous la marque Ford Blue. Le groupe Volkswagen réfléchirait aussi à cette option.
Un nouvel actionnaire avec la Bank of America
Par ailleurs, le mardi 12 avril 2022, Renault a également accueilli un nouvel actionnaire avec Bank of America qui se positionne désormais comme le troisième actionnaire du groupe. Ce nouvel entrant détient 7,34 % du capital et 5,44 % des droits de vote via ses filiales, comme l’a annoncé l’Autorité des marchés financiers (AMF). La majorité de ces actions appartient à la société Merrill Lynch International.
Au 31 décembre 2021, le capital de Renault était détenu à 15 % par son partenaire dans l'Alliance, le constructeur japonais Nissan, à 15,01 % par l'Etat français (29,05 % des droits de vote), à 5,06 % par le fonds américain Capital Group et à 3,61 % par ses salariés (5,3 % des droits de vote). Mercedes a cédé en 2021 ses 3,1 % du capital, où il était présent depuis la conclusion d'un partenariat entre les deux entreprises en 2010. Mais la période avant la publication des résultats financiers ne permet pas aux entreprises cotées d’apporter des informations financières, Luca de Meo n’a pas souhaité commenter ce mouvement.
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