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Constructeurs

Louis Schweitzer, l’artisan de l’Alliance Renault-Nissan, s’est éteint à 83 ans

Publié le 7 novembre 2025

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Haut fonctionnaire devenu industriel, Louis Schweitzer est mort le 6 novembre 2025 à l’âge de 83 ans. Patron emblématique de Renault dans les années 1990 et 2000, il restera comme l’un des grands bâtisseurs de l’industrie automobile française, à la fois stratège, diplomate et homme de culture.
Décès Louis Schweitzer
Patron emblématique de Renault dans les années 1990 et 2000, Louis Schweitzer est mort le 6 novembre à l’âge de 83 ans. ©Le Journal de l'Automobile

Homme de raison plus que de verbe, Louis Schweitzer a profondément marqué l’industrie automobile française.

 

À la tête de Renault pendant plus d’une décennie, il a transformé une entreprise publique en groupe mondial, initié l’Alliance avec Nissan et fait le pari de Dacia, avec l'appui de Gérard Détourbet, tout en faisant émerger une nouvelle génération de dirigeants, dont Carlos Ghosn. Il est décédé ce jeudi 6 novembre 2025 à l'âge de 83 ans.

 

Né à Genève en 1942 dans une famille protestante alsacienne, il était le petit-neveu du prix Nobel de la paix Albert Schweitzer. Louis Schweitzer suit les voies royales de la haute administration : Sciences Po, ENA, Inspection des finances.

 

Sa carrière bascule en 1981, lorsque Laurent Fabius, alors ministre du Budget, le choisit comme directeur de cabinet. L’expérience politique, marquée par la rigueur et les crises industrielles, forge son sens de la réflexion et de la décision.

 

 

En 1986, il quitte Matignon pour rejoindre Renault, à l’invitation de Georges Besse. Après l’assassinat de ce dernier, Louis Schweitzer poursuit son ascension et devient PDG en 1992.

 

Il conduit la privatisation du groupe, traverse l’échec du rapprochement avec Volvo et impose un redressement rigoureux. Il sera d'ailleurs salué pour Le Journal de l'Automobile avec le titre d'Homme de l'Année 1998.

 

Convaincu que Renault doit devenir compétitif à l’échelle mondiale, il recrute Carlos Ghosn et lance une profonde réduction des coûts.

 

Créateur de voitures et de partenariats

 

Sous son impulsion naissent la Twingo, le Scenic, Dacia, Samsung Motors et surtout l’alliance Renault-Nissan, signée en 1999. Ce partenariat inédit, fondé sur le respect mutuel plutôt que sur la fusion, sera longtemps un modèle d’équilibre industriel. "On peut être patron et de gauche", disait-il.

 

Après avoir quitté la direction de Renault en 2005, il préside la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations), s’engage dans la vie culturelle et associative, et prend la tête de la Fondation droit animal, éthique et sciences. Amateur d’art contemporain et de théâtre, il cultivait une curiosité rare dans un monde d’ingénieurs.

 

Observateur attentif du délitement de l’Alliance Renault-Nissan, il voyait avec tristesse se défaire ce qu’il avait bâti. Louis Schweitzer restera comme un dirigeant d’un autre temps : un patron qui croyait à la fois à l’État, à l’entreprise et à la culture du dialogue.

 

Le Journal de l'Automobile l'avait rencontré en juin 2024 pour une interview pendant laquelle, il montrait une acuité vis-à-vis du secteur automobile qui prouvait son attachement à cette industrie pour laquelle il a contribué à son amélioration. Sa vision, ses regrets, ses fiertés, l'arrivée des constructeurs chinois, sa philosophie managériale… Louis Schweitzer avait accepté de se livrer, sur un ton très libre, aux antipodes de sa discrétion habituelle.

 

Retrouvez l'interview de Louis Schweitzer réalisée le 17 juin 2024 : "En Europe, le problème est cette absence de politique industrielle et commerciale commune".

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