Le VULcania italien de Fiat et PSA
...les nouveaux Fiat Ducato, Peugeot Boxer et Citroën Jumper. Des modèles essentiels pour chacune des marques concernées, surtout en ces temps de contraction du marché européen VP. Le développement de cette nouvelle famille de véhicules utilitaires a d'ailleurs représenté un investissement de 1,1 milliard d'€. Pour Fiat, qui a amorcé un recentrage sur son cœur de métier pour tenter de sortir de l'ornière, Sergio Marchionne, administrateur délégué du groupe, ne cache pas que "les véhicules commerciaux ont toujours contribué de manière significative au résultat du secteur automobile du groupe et que ce segment revêt aujourd'hui une importance stratégique". En 2005, avec plus de 339 000 unités vendues dans le monde, Fiat a atteint un taux de pénétration élevé sur les marchés européen (10,4 %) et italien (40,4 %). "Notre présence est significative dans de nombreux pays, notamment en France et en Allemagne où nous sommes au premier rang des importateurs", ajoute Sergio Marchionne. Ces bons résultats se sont confirmés sur les quatre premiers mois de l'année 2006 avec un total de 117 000 véhicules commerciaux immatriculés (+ 9 000 unités par rapport à la même période en 2005) et une progression de 8,5 % des ventes en Europe (+ 0,4 % de PDM). "Sur cette période, nous avons renforcé notre position dominante sur notre marché domestique avec 44,5 % de parts de marché", précise encore Sergio Marchionne.
L'âge moyen de la gamme utilitaire de PSA passera de 9,3 ans en 2005 à 2,2 ans en 2009
Par ailleurs, pour PSA Peugeot-Citroën, le marché du VUL est tout aussi névralgique et Jean-Martin Folz, président du groupe, n'hésite pas à le qualifier de "majeur pour la poursuite de la croissance". L'an passé, PSA a réalisé 370 000 ventes en
FOCUSL'usine de Sevel Val di Sangro en chiffres |
Un segment clé où les marges restent confortables
Pour les deux groupes, l'enjeu est donc capital. En effet, avec la triade Boxer-Jumper-Ducato vendue à plus de 2 millions d'exemplaires entre 1994 et 2006, ils occupent la 1re place sur le segment des gros fourgons avec plus de 25 % de parts de marché. En outre, il s'agit d'un segment où les marges restent confortables. Par conséquent, le développement des nouveaux Jumper, Boxer et Ducato a fait l'objet d'un soin particulier. Le cahier des charges initial prévoyait ainsi trois principaux chantiers d'amélioration : une gamme plus diversifiée (trois fois plus de types de caisses que sur la précédente génération) et dotée de meilleures capacités de transport, un design qui se rapproche de l'univers des véhicules de tourisme au même titre que la position de conduite de type berline, et un niveau d'équipements de confort et de sécurité nettement revu à la hausse (airbag, ABS, ESP, 4 freins à disques, clim…). En outre, les trois véhicules disposeront de moteurs Diesel Common Rail de nouvelle génération annonçant une réduction moyenne de la consommation de l'ordre de 10 %, tandis que l'espacement entre les révisions a été optimisé de 30 %. "Ces deux éléments sont déterminants sur un segment où le coût d'utilisation est fondamental aux yeux des acheteurs", souligne Jean-Martin Folz. Au final, ces nouveaux VU semblent prometteurs, même s'il est très délicat de les distinguer entre eux. "La différence entre chaque marque se fera sur le jeu équipements de base/options, sur les tarifs et les remises et dans le périmètre de la distribution. En effet, la coopération est stricto sensu industrielle. Elle nous permet d'avoir des volumes plus importants et de lisser les dépenses de développement, mais une fois le seuil de l'usine franchi, nous ne nous connaissons plus et sommes des concurrents directs", assène Jean-Martin Folz.
Les 7 coopérations menées par PSA représentent aujourd'hui 20 % de l'activité du groupe !
Au-delà du produit, la présentation de ces nouveaux utilitaires a permis aux deux groupes de revenir sur l'importance de leur politique d'alliances industrielles. Partant du constat que le travail en autonomie nécessite une vaste surface financière et présente plusieurs contraintes difficiles à
FOCUSLes grandes dates de la coopération Fiat-PSA sur les VUL |
Nouvel accord entre les deux groupes pour produire des boîtes de vitesses Peugeot et Citroën en Amérique du Sud
Au final, "la production des véhicules réalisés en coopération entre PSA et Fiat représentera en 2008 un volume annuel supérieur à un demi-million de véhicules dont plus de la moitié pour notre groupe", souligne Jean-Martin Folz, relayé par Sergio Marchionne : "Il faut savoir que plus du tiers des véhicules commerciaux Fiat sont aujourd'hui le fruit de la collaboration avec PSA et dans deux ans, avec le début de la production de la petite fourgonnette en Turquie, le pourcentage des véhicules produits en commun dépassera les 50 %". D'une manière plus générale, si les deux groupes n'excluent pas de mettre en œuvre de nouvelles coopérations sur d'autres segments, le secret demeure bien gardé et les conjectures portant sur le développement d'un véhicule de luxe ou d'un véhicule low-cost sont encore loin d'être transformées en théorèmes. Jean-Martin Folz joue alors la carte de la raison : "Il est stérile de spéculer sur des rumeurs. Dans ce registre, vous avez toujours des sujets à l'étude. Mais généralement sur dix bonnes idées, six sont retenues, puis trois font l'objet d'une étude approfondie et à la fin, une seule est concrétisée". Toutefois, PSA et Fiat ont profité de l'occasion pour officialiser la conclusion d'un nouvel accord industriel. A partir de 2007, une boîte de vitesses PSA sera assemblée dans l'usine Fiat Auto de Cordoba, en Argentine, pour équiper les véhicules des marques Peugeot et Citroën commercialisés en Amérique du Sud. La production prévue est de 140 000 unités par an et l'accord porte sur une période de 10 ans.
Alexandre Guillet
ZOOMQuand Sergio Marchionne hausse le ton Sondé sur les rumeurs de délocalisation de certains sites de Fiat, Sergio Marchionne a rétorqué sur un ton passablement agacé : "L'éventualité d'ouvrir des usines dans de nouveaux pays existe, mais c'est une question très complexe. En revanche, aucune délocalisation n'est prévue ! Nous devons apprendre à rivaliser avec les autres avec nos faiblesses et nos atouts. Alors n'accordez pas de crédit aux rumeurs lancées ça et là par quelques analystes financiers qui n'ont jamais mis un pied dans un site de production ! Ce n'est pas dans un bureau en plein cœur de Londres qu'on tranche ce genre de questions !" Rappelons néanmoins que des plans de réduction d'effectif sont annoncés au sein de plusieurs sites italiens de Fiat Auto. |
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