L'affaire Ghosn aura aussi un volet franco-néerlandais
"Le Conseil d’administration de Renault a pris, ce jour, connaissance des conclusions définitives de la mission d’audit conjoint mise en œuvre avec Nissan sur RNBV, leur filiale commune. Ces conclusions ont confirmé des déficiences au sein de RNBV au plan de la transparence financière et des procédures de contrôle des dépenses, qui avaient déjà été relevées par les auditeurs dans leurs conclusions intermédiaires de début avril, comme en a fait état le communiqué diffusé au marché par Renault le 3 avril dernier." (…) "Les conclusions de la mission d’audit conjoint ont également confirmé les questionnements que suscitent un certain nombre de dépenses engagées par RNBV pour un montant total de l’ordre de 11 millions d’euros. Ce montant couvre différents types de dépenses, à savoir : les surcoûts de déplacements de M. Ghosn par avion, certaines dépenses engagées par M. Ghosn et des dons ayant bénéficié à des organismes à but non lucratif."
Le constat semble clair et le conseil d'administration de Renault demande à RNBV "la mise en œuvre des actions judiciaires disponibles au Pays-Bas" sur les points soulevés concernant certaines dépenses engagées par Carlos Ghosn. Bruno Le Maire a confirmé mercredi 5 juin 2019 sur les antennes de BFMTV et RMC, qu'une plainte serait effectivement déposée par le groupe Renault, dont l'Etat détient 15 %. "'L'État déposera tous ces éléments à la justice et il y aura une plainte. Elle sera instruite et la justice tranchera", a affirmé le ministre de l'Économie et des Finances. "Quand l'Etat est actionnaire de référence d'une entreprise (...), eh bien, son rôle est de s'assurer que sa gouvernance fonctionne bien", a-t-il déclaré.
RNBV, filiale à 50-50 entre Renault et Nissan, est la structure créée par Carlos Ghosn pour incarner l'alliance des deux constructeurs au niveau opérationnel. Depuis plusieurs mois, Nissan accusait cette structure de masquer des dépenses au profit personnel de son ancien patron. L'avocat français de ce dernier a réagi contre l'opacité du processus et réclame l'accès à l'ensemble des documents. "On parle de dépenses injustifiées, mais on ne nous dit pas lesquelles. Comment voulez-vous répondre à un rapport qu'on vous cache ?", a indiqué Me Jean-Yves Le Borgne. "Ce rapport doit être analysé, discuté et M. Ghosn doit apporter des réponses", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP alors qu'il se trouvait en déplacement à l'étranger. "Qu'il soit entendu, c'est quelque chose qui me paraît normal à la condition que cela ne se fasse pas dans la précipitation."
A l'affaire japonaise vient donc s'ajouter aujourd'hui ce volet franco-néerlandais. Le feuilleton Carlos Ghosn est donc très loin d'être terminé. Il peut même prendre un nouveau tournant avec l'ouverture d'une enquête préliminaire suite à une plainte d'un actionnaire de Renault pour "abus de bien sociaux" et "corruption active et passive", visant également Carlos Ghosn et son épouse. Elle est dirigée par l'office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff). Une plainte qui vise notamment l'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer pour des contrats avec RNBV, a-t-on appris auprès du parquet national financier (PNF).
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