Ivan Segal, Renault : "le malus 2020 va gonfler le marché de 40 000 véhicules en 2019"
L'espace-temps n'est décidément pas le même entre les industriels et les politiques. Alors que les constructeurs automobiles ont besoin de visibilité pour effectuer des investissements et préparer les process industriels, les politiques revoient chaque année les règles fiscales et budgétaires avec des coups de volant parfois violents. Les récentes discussions liées au projet de loi de finances 2020 en sont un exemple typique, comme l'explique Ivan Segal, directeur du commerce France de Renault.
"D'une manière globale, nous sommes face à un problème récurrent. Les constructeurs automobiles ont besoin de visibilité dans le temps pour adapter leurs motorisations et réaliser les investissements nécessaires. Alors que nous nous sommes préparés pour être au rendez-vous européen sur les normes CAFE, les projets de loi de finances, dont les négociations se font sur des périodes courtes voire même jusqu’aux derniers jours, ne nous laissent que peu de marge de manœuvre. Il nous manque clairement une discussion très en amont pour essayer de mieux connaitre les règles du jeu", avance Ivan Segal.
En cause, bien sûr, les deux grilles de malus mais aussi le risque de voir le bonus pour véhicules électriques restreint selon la catégorie de prix mais aussi réduit de moitié pour les acquisitions des entreprises. Depuis le début de l'automne 2019, le directeur du commerce France Renault, annonce clairement que le constructeur sera prêt pour respecter et suivre les émissions de CO2 selon les normes WLTP. "Ce dérapage, avec l'apparition de deux grilles de malus pour 2020, est apparu au cours de cet été. Mais c’est aussi un vrai sujet d'incompréhension puisqu’un décret nous imposait d'être prêts dès le 1er janvier 2020. La France apparaît ainsi comme un pays en retard par rapport aux autres membres de l'Union européenne", poursuit-il.
Résultats : le directeur du commerce France de Renault, anticipe un marché global "gonflé" sur la fin d'année. " Nous pensons que sur novembre et décembre 2019, les marques vont "nettoyer" tous les moteurs impactés par des augmentations importantes du malus. Ce qui est également assez logique et rationnel car cela coûtera moins cher aux constructeurs et au client final d'immatriculer ces modèles difficiles avant le 31 décembre 2019".
Ainsi, la marque anticipe en France une hausse du marché toutes marques (VP et VU) comprise entre 30 000 et 40 000 véhicules. "Fin novembre nous montrera déjà une accélération du marché. Cette démarche a un sens économique car au 1er janvier 2020 démarrent les normes CAFE et ces moteurs seront un phénomène aggravant pour le calcul des émissions", analyse Ivan Segal. Une hausse en 2019 qui entraînera mécaniquement un effet contraire en 2020. Le directeur envisage une baisse du marché toutes marques de 5 % l'année prochaine qui s'explique également par la fin du cycle haut du marché français.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien avec Ivan Segal dans Le Journal de l'Automobile du mois de décembre 2019.
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